Pour une Décarcération Complète à Yaoundé
Le CL2P est l’une des premières organisations de défense des droits de l’Homme à tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne la tragédie du coronavirus et les arguments en faveur de l’abolition de la prison politique au Cameroun. En effet, la propagation du COVID-19 représente un danger mortel pour des milliers de prisonniers politiques enfermés dans les prisons du Cameroun et du monde entier.
À ce sujet, le CL2P peut signaler qu’un grand nombre de personnes incarcérées ont été testées positives pour le virus – et ce nombre devrait être beaucoup plus élevé en raison du manque de tests dans des endroits comme le Cameroun.
En conséquence, des militants et des défenseurs des droits humains demandent la libération massive de prisonniers pour sauver des vies humaines et stopper la propagation de ce virus mortel notamment au Cameroun.
Comme pour l’abolition des prisons politiques, le CL2P préconise et cherche à défaire la mentalité sadique et punitive, selon laquelle punir les gens de façon barbare est une solution productive à toutes sortes de problèmes politiques, sociaux, économiques, comportementaux et interpersonnels pour une transformation plus humaine et efficace des systèmes de réadaptation.
Ainsi, nous reconnaissons que les «appareils de surveillance institutionnels et correctionnels privatisés» ne sont pas un moyen de résoudre les problèmes de la société, avec en plus ces modèles de cruauté et de vengeance dans un pays où les apparatchiks du régime vivent barricadés dans des quartiers fermés sous la protection des entreprises de sécurité privées, avec un président aux abonnés absents, prouvant s’il en est qu’un régime qui s’appuie essentiellement sur le sadisme pour penser qu’il résout des problèmes sociaux est non seulement mauvais mais profondément (moralement) en faillite.
Le CL2P comprend que préconiser l’abolition des prisons peut être provocateur et radical dans un tel contexte, mais une compréhension plus subtile de l’abolition des prisons ne consiste pas à fermer les prisons mais une manière plus productive d’aborder les questions des droits de l’Homme, de la démocratie, des inégalités et de la justice sociale.
Car l’abolition des prisons n’est pas simplement une délimitation consistant à mettre tout le monde dans la rue. C’est réorganiser la façon dont nous vivons nos vies ensemble dans le monde. Et c’est quelque chose que les gens font déjà de diverses manières à travers l’Afrique et autour de la planète. Abolir les prisons n’est donc pas un vœux pieux. C’est en fait quelque chose qui est pratique et réalisable au Cameroun et dans le monde quand les gens finiront par comprendre que la vie a des valeurs et que blesser les autres de façon gratuite ne résout rien, et que les lois qui permettent la barbarie institutionnelle doivent être abolies.
Le CL2P reconnaît que la vie est précieuse dans les endroits où l’État, le gouvernement, les municipalités, les organisations de justice sociale, les communautés religieuses, les syndicats travaillent ensemble pour élever les valeurs humaines, réduire les incidents liés à la criminalité et humaniser la punition. Dans ces environnements y compris les incidents de préjudice interpersonnel, sont moins susceptibles de se produire. Nous constatons également que dans les endroits où les inégalités sont les plus profondes, le recours à la prison et à la punition est le plus important.
En matière d’incarcération uniquement punitive, force est de reconnaître d’ailleurs qu’aucun autre endroit du monde ne se rapproche des États-Unis d’Amérique.
En résumé, le CL2P comprend les liens de causalité entre l’abandon (social) organisé et la violence systémique de l’État; puis les conséquences (presque prévisibles) avec l’exacerbation des maux générés par la pandémie mondiale. Comme pour un président absent au Cameroun, l’abandon organisé de femmes et d’hommes livrés à eux-mêmes rejaillit inévitablement sur le fait que les personnes, les ménages, les communautés, les quartiers ne jouissent des mêmes niveaux de soutien et de protection sanitaire contre la pandémie. Cela permet entre-autre de comprendre comment let pourquoi les Camerounais ordinaires essayent désespérément de se mettre à l’abri et se sauver – pour résoudre les problèmes induits par l’abandon social, économique et politique dans un régime du sauve qui peut.
Le CL2P milite pour la justice transformatrice, contre la violence et les méfaits de l’État. La décarcération est pour nous le seul moyen de résoudre ces problèmes sans recourir instinctivement à la barbarie et au sadisme de l’État, qui a largement montré ses limites depuis 38 ans.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
For a Complete Decarceration in Yaoundé
The CL2P is one of the first human rights organizations to raise the alarm over the tragedy of the coronavirus and the arguments in favor of the abolition of political prison in Cameroon. Indeed, the spread of COVID-19 represents a mortal danger for thousands of political prisoners imprisoned in prisons in Cameroon and in prisons around the world.
In this regard, CL2P can report that a large number of people in prison have tested positive for the virus – and this number should be much higher due to the lack of tests in places like Cameroon.
As a result, activists and human rights defenders call for the massive release of prisoners to save lives and stop the spread of this deadly virus, particularly in Cameroon. As with the abolition of political prisons, the CL2P advocates and seeks to defeat the sadistic and punitive mentality that punishing people in a barbaric way is a productive solution to all kinds of political, social, economic, behavioral and interpersonal problems for transformation for a more humane and effective rehabilitation systems.
Thus, we recognize that “privatized institutional and correctional oversight devices” are not a way to solve society’s problems with this kind of cruelty and revenge in a country where regime apparatchiks live behind closed quarters and private security firms with a president missing showing that a regime that relies on sadism to think it solves social problems is not only bad but deeply morally bankrupt.
The CL2P understands that advocating the abolition of prisons can be provocative and radical, but a more subtle understanding of the abolition of prisons is not about closing prisons but a more productive way of addressing human rights issues, democracy, inequality and social justice.Thus, the abolition of prisons, however, is not simply a delimitation, putting everyone on the street. It is reorganizing the way we live our lives together in the world. And it’s something that people are already doing in various ways across Africa and around the planet.
Abolishing prisons is therefore not wishful thinking. It is in fact something that is practical and achievable in Cameroon and in the world when people will finally understand that life has values and that hurting others for free does not solve anything and that the laws that allow barbarism must be abolished.
The CL2P recognizes that life is precious in places where the state, government, municipalities, social justice organizations, religious communities, unions work together to elevate human life, incidents of crime and punishment, including incidents of interpersonal harm, are less likely to occur. We also find that in the places where inequalities are most profound, the use of prison and punishment is the most important.
Nowhere, however, does it even come close to the United States.
In summary, the CL2P understands the links between organized abandonment and organized state violence and relationships with the ills of the pandemic. Like an absent president in Cameroon, the organized abandonment of forgotten men and women has to do with the fact that people, households, communities, neighborhoods do not have the same levels of support and protection against the pandemic, and to understand how ordinary Cameroonians try to take shelter and save themselves – to solve the problems of political abandonment in a regime where the president has already jumped ship.
The CL2P campaigns for transformative justice and against state violence and mischief, and de-carceration is the only way to solve these problems without recourse to the barbarism and sadism of the state which has proven its limits for 38 years.
The Committee For The Release of Polical Prisoners – CL2P