NOIR DANS L’UNION FRANÇAISE
Tout commence par l’opposition catégorique de Ruben Um Nyobé au projet d’intégration pure et simple du Cameroun dans le grand ensemble créé par la France à travers sa constitution de 1946, et qui le remplaçait. Il s’agissait pour le gouvernement français de passer outre le statut de territoire sous tutelle des Nations Unies dont jouissait le Cameroun, et d’en faire tout bonnement un territoire colonial français au même titre que l’étaient la Haute-volta (Burkina Faso), le Sénégal, le Soudan français (Mali), le Dahomey (Bénin), l’Oubangui-chari (RCA), etc. Dans cette optique, la citoyenneté française avait été accordée aux camerounais par la loi Lamine Gueye du 7 mai 1946, député du Sénégal à l’Assemblée constituante française élu le 21octobre 1945, en même temps qu’Alexandre Douala Manga Bell au Cameroun. C’est ce qui explique également le fait que des camerounais, au même titre que les ressortissants des autres territoires français d’Afrique et Madagascar, s’étaient retrouvés au parlement français à Paris : Paul Soppo Priso, Kemajou Daniel, Ahidjo Ahmadou, Pierre Votovo, Okala Charles, Nyoya Arouna, André-Marie Mbida, Allexandre Douala Manga Bell, etc.
Ruben Um Nyobé aura bataillé farouchement contre cette absorption du Cameroun, faisant inlassablement prévaloir la spécificité de notre pays au sein du sous ensemble politique que constituait l’Afrique Equatoriale Française, AEF, avec pour capitale Brazzaville. L’action opiniâtre du leader de l’UPC avait été, à n’en pas douter, à l’origine du fait que le gouvernement français s’était abstenu d’incorporer des camerounais en son sein, ainsi qu’il le faisait pour de nombreuses autres Africains : Blaise Diague et Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Félix Homphoét-Boiguy de côte d’Ivoire, Modibo Keita du Soudan français (Mali), etc.
L’opposition à l’intégration du Cameroun dans l’Union française menée par Ruben Um Nyobé, une fois momentanément récupérée par André-Marie Mbida au lendemain de la dissolution de l’UPC au mois de juillet 1955 par décret du gouvernement français, avait permis à ce dernier de se faire aisément élire député au Cameroun à l’Assemblée nationale française à Paris, au mois de janvier 1956, contre le colon à la fois le plus nuisible et le plus puissant du Cameroun, Louis-Paul Aujoulat. André-Marie Mbida avait axé sa campagne électorale sur les thèmes que développait Ruben Um Nyobé réduit à la clandestinité suite à l’interdiction de l’UPC, et avait ainsi conquis le cœur des camerounais dans la circonscription électorale du Sud Cameroun, à laquelle il s’était porté candidat.
NON À LA LOI-CADRE DEFERE DU 23 JUIN 1956
1954. après avoir mené pendant neuf longues années, la guerre contre Ho chi minh en Indo-chine et l’avoir perdue de manière humiliante au mois de juin, par la débâcle de Dieu bien phu, le gouvernement français avait finalement consenti à accorder l’indépendance à l’Indochine, l’une de ses colonies d’Asie.
Tout juste cinq mois plus tard, à savoir le 1er novembre 1956, les Algériens avaient déclenché, à leur tour, leur guerre d’indépendance.
1955. des maquis voient également le jour en Tunisie et au Maroc, toujours pour l’accession de ces deux pays sous domination française à l’indépendance.
1956, le gouvernement français ramène de l’île de Madagascar où il avait exilé, pour cause de revendication de l’indépendance, le roi du Maroc, Mohamed V, grand-père de l’actuel souverain, et libéré dans le même temps le leader indépendantiste Habib Bourrguiba Tunisie, après dix ans de prison. S’était résolu à accepter que les peuples marocain et tunisien étant déjà irrémédiablement acquis au défis d’indépendance, il n’y avait plus rien d’autre à faire que de la leur accorder. Ce qui fut fait au courant de cette année-là.
Cette série d’évènements totalement inattendus avait provoqué une grande effervescence en Afrique noire et à Madagascar au point où l’Elysée s’était retrouvé contraint d’offrir également à cette partie de l’Union française, quelque chose de semblable à l’indépendance, sans toutefois l’être. C‘est ainsi qu’il fait voter la loi-cadre Defferre le 23 juin 1956. Que prévoit-elle ?
1- l’octroie du pouvoir législatif aux assemblées territoriales d’Afrique noire et Madagascar ;
2- La constitution de gouvernement locaux au sein de l’union française dépourvus toutefois de politique extérieure, de défense (pas d’armée autre que française) et monétaire, la banque de France continuant à demeurer la banque centrale, et le franc des colonies françaises d’Afrique, franc CFA, la monnaie en vigueur. C’est ce que l’on avait baptisé poliment « autonomie interne ».
La réaction de Ruben Um Nyobé ne s’était pas fait attendre, suivi timidement par quelques autres leaders politiques camerounais parmi lesquels l’un des plus en vue à l’époque, Paul Soppo Priso président de l’Assemblée territoriale du Cameroun, ATCAM depuis le mois d’avril 1954 : « Non à l’autonomie interne, Oui à l’indépendance ». Ruben Um Nyobé et l’UPC avaient mené une campagne si efficace contre la loi-cadre Defferre que tout le Sud Cameroun l’avait rejeté. A l’époque, il y avait un vin rouge dont raffolaient les camerounais : Kiravi, ceux-ci en avaient récupéré le nom et l’avaient transformé de la manière suivante : kamerun pour le « K » International, pour le « I », refuse Autonomie, veut International Refuse Autonomie, veut indépendance » : Kiravi.
Hors du Cameroun, seuls Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Djibo Bakary du Niger, comme leaders politiques les plus en vue et naturellement les étudiants africains en France, regroupés au sein de la FEANF, Fédération des Etudiants d’Afrique Voire en France, partageaient la même opinion que Ruben Um Nyobé. Ce dernier et eux avaient dénoncé vigoureusement la duperie que constituait la loi-cadre Defferre, pour les Africains, et avaient révélé que la fameuse « autonomie interne » à la faveur de laquelle André-marie Mbida allait devenir quelques mois plus tard le tout premier ministre du Cameroun sous administration française ne signifiait guère une étape transitoire vers l’indépendance, mais plutôt, un refus pure et simple de celle-ci par le gouvernement français.
LE DÉCLENCHEMENT DE LA GUERRE D’INDÉPENDANCE LE 18 DÉCEMBRE 1956 : UNE ACCÉLÉRATEUR PHÉNOMÉNALE DE L’HISTOIRE AFRICAIN
Le déclenchement de la guerre de libération nationale dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 décembre 1956 a été l’acte politique le plus courageux, le plus audacieux et le plus décisif qu’à posé Ruben Um Nyobé. Pour obtenir la fin de la colonisation du Cameroun. Tout comme ce type de guerre avait abouti à l’indépendance de l’indépendance de l’Indochine, de la Tunisie, du Maroc de l’Algérie, des Etats-Unis d’Amérique, de l’Angola, du Zimbabwé, du Mozambique, etc, la guerre qu’avait déclenchée Ruben Um Nyobé a abouti à la proclamation de l’indépendance du Cameroun trois années seulement plus tard, à savoir le 1er janvier 1960. Ce n’est pas tout, elle a provoqué celle de tous les autres territoires coloniaux français d’Afrique noire et Madagascar, tout au long de l’année 1960.
Comment les choses se sont-elles déroulées ? Tout d’abord, le gouvernement français avait compris, au lendemain de la nuit du 18 au 19 décembre 1956, que le Cameroun lui était désormais perdu, au même titre que venaient de l’être l’Indochine la Tunisie et le Maroc. Il avait par conséquent définitivement abandonné son projet d’incorporer le Cameroun dans l’Union française c’est-à-dire de lui faire perdre son statut de territoire sous tutelle des Nations Unies appelé à accéder au bout d’une période plus ou moins longue à l’indépendance. Le gouvernement français constatait en outre que Ruben Um Nyobé le prenait de vitesse et mettait de ce fait un terme au délusoire diplomatique auquel il se livrait avec succès jusque-là à l’ONU, et qui visait à ne jamais fixer quelle que date que ce soit pour la levée de la tutelle autrement dit, pour l’indépendance du Cameroun.
En effet, sur quoi allait totalement déboucher la guerre de Ruben Um Nyobé ? Sur une proclamation unilatérale de l’indépendance par les camerounais, dans ces conditions se serait sur détriment de la France, ou dans le meilleur des cas, sur des pourparlers hardus tels ceux qui avaient cntraint le gouvernement français en position défavorable à l’Indochine, au Maroc et en Tunisie.
Face à cette double perspective catastrophique pour lui, le gouvernement français n’avait plus qu’une seule solution, prendre à son tour de vitesse Ruben Um Nyobé et l’ensemble des camerounais en anticipant l’indépendance dont il venait de reconnaître le caractère inéluctable. Pour tout dire, Ruben Um Nyobé, à travers la guerre qu’il avait déclenchée, avait accéléré les évènements, accéléré considérablement l’histoire. Dans l’esprit du gouvernement français en effet, avant la nuit du 18-19 décembre 1956, si jamais il s’avérait impossible d’annuler le statut international du Cameroun, l’indépendance du territoire ne pouvait être envisagée que vers 1980, voire 1990. Ruben Um Nyobé, par sa guerre, étant en train de transformer le Cameroun, à son tour, en boulet colonial, mais cette fois-ci en Afrique noire, il fallait se débarrasser de ce territoire au plus vite. La guerre ayant déjà gagné le Mungo, le pays Bamiléké et le pays Banen, elle n’allait faire que s’étendre.
La suite, on la connait. André Marie Mbida qui était opposé à une indépendance à très court terme, a été limogé de ses fonctions de premier ministre. A sa place a été désigné un personnage jusque-là inconnu, à court terme, mais que Jean Ramadier avait rapidement converti à celle-ci, en lui faisant miroiter le poste de premier ministre dans l’immédiat, puis de président de la république par la suite : Ahmadou Ahidjo. C’est lui qui lira le discours d’indépendance le vendredi 1er janvier 1960.
LA GUINÉE CONAKRY, LE CAMEROUN : POURQUOI PAS NOUS ?
Mai 1956, Charles de Gaulle arrive au pouvoir en France. C’est un adversaire irréductible de la constitution de 1946 qui avait donné naissance à l’Union française. Il rédige de ce fait une nouvelle constitution qui remplace l’union française par la communauté française et organise, pour son adoption, un référendum sur toute l’étendue de l’Union française le 28 septembre 1958. Le Cameroun, grâce à l’opiniâtreté de Ruben Um Nyobé, jouissant d’un statut particulier au sein de cet espace politique et territorial d’autre part étant en proie, toutefois grâce à Ruben Um Nyobé à une guerre d’indépendance féroce, ne fut pas concerné par ce référendum. Il sera le seul de tous les territoires français d’Afrique noire à ne pas l’être. Pour tout dire, sa cause était déjà entendue : l’indépendance à très court terme. Au mois d’août 1958, Charles de Gaulle part en campagne électorale à travers l’Union française. Il tient meeting à Tananarive dans l’île de Madagascar, à Brazzaville au Congo, à Abidjan en côté d’Ivoire, à Conakry en Guinée, et, enfin, à Dakar au Sénégal. Il invite les Africains et Malgaches à voter « Oui » à ce référendum, c’est-à-dire à adhérer à la communauté française. Ce n’est pas tout, il les prévient que ceux qui se hasarderont à voter « non », verront leur territoire immédiatement indépendant, et la France pour sa part en tirera les conséquences qui s’imposent. C’est une menace à peine voilée.
Ahmed Sekou Touré de Guinée, pour ce qui le concerne, ne l’entend malheureusement pas de cette oreille. Il lui répond, face à face, dans l’hémicycle de l’Assemblée Territoriale à Conakry : « nous préférons la liberté dans la misère à la richesse dans l’esclavage ». Charles de Gaulle sombre dans une colère noire. Il intime l’ordre sur le champ à tous les Français de Guinée de boucler leurs valises. Proclame l’indépendance de la Guinée quelques jours plus tard, le 3 octobre 1958. Charles de Gaulle se retrouve ainsi, en Afrique noire, avec deux cailloux dans la chaussure, la Guinée Conakry désormais indépendante, et le Cameroun sur le point de l’être. Le 24 octobre 1958, le haut-commissaire de la République française à Yaoundé, Xavier Torre, dépose au niveau de l’Assemblée Législative, un projet de date de proclamation de l’indépendance du Cameroun : le vendredi 1er janvier 1960. Celle-ci est adoptée par une assemblée aux ordres, car toutes les autres dates que des élus camerounais non membres de l’UC, le parti d’Ahmadou Ahidjo avaient proposées, avaient été dédaigneusement rejetées. Au nombre de celles-ci, le 1er janvier 1959, préconisé par Tsalla Mekongo Germain, président du groupe des démocrates camerounais.
En cette fin d’année 1958, tous les dirigeants africains qui avaient voté « Oui » au référendum de Charles de Gaulle, en craignant des représailles de rapport pour eux-mêmes, et pour leurs pays respectifs, observent le gouvernement français et font une découverte bouleversante. Autant la Guinée est sévèrement punie pour avoir voté « Non » au référendum, donc obtenu son indépendance autant le Cameroun, pour ce qui le concerne, évolue tranquillement sans représailles aucunes vers la proclamation de celle-ci. Le 1er janvier 1960 se présente ainsi comme un jour de confusion totale dans les autres pays désormais membres de la communauté française, c’est-à-dire qui venaient de refuser l’indépendance. Dans les jours qui suivent, c’est un lot de récriminations qui se mettent à pleuvoir sur la table de Charles de Gaulle. Elles lui posent l’embarrassante question suivante : « pourquoi pas non ? Le Cameroun serait-il une exception, et si Oui, pour quelle raison ?
La suite, on la connait. Le journaliste français Jean Lacouture dans la biographie de Charles de Gaulle révèle que ce dernier agacé par les démarches pressantes des autres pays africains qui désiraient à leur tour vivre l’indépendance ainsi que venait de le faire le Cameroun, s’était écrié et désespéré : « ils nous quittent tous ». Le 27 avril 1960, le Togo qui était également un territoire sous tutelle des Nations Unies voit son indépendance enfin proclamé – quatre mois après le Cameroun. Puis, en août, c’est au tour du reste des pays membres de la communauté française : Dahomey (Bénin), Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad, Gabon, Congo-Brazzaville, Madagascar, etc.
On le voit bien, c’est Ruben Um Nyobé qui à déclenché tout ce mouvement au cours de la fameuse nuit du 18 au 19 décembre 1956. Cela mérite d’être connu des camerounais.
Par Enoh Meyomesse
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Hermine NGO UM NYOBE: » MON PÈRE, CE HÉRO QUE JE N’AI PAS CONNU » (JMTV+)
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Sur les traces de Um Nyobe à Boumnyebel
Que reste-t-il de Ruben Um Nyobe 60 ans après son assassinat, dans le Nyong et Kelle, son département d’origine?
La question taraude les esprits.
Entre un monument érigé à son honneur, le cimetière dans lequel il est enterré et qui mal entretenu, ses deux épouses abandonnées à leur propre sort, et des populations qui appellent à la reconnaissance et la célébration du courage de Ruben Um Nyobe, son village natal vit encore ses idéaux comme si c’était hier.
Assis sur un tabouret à l’air libre, un jeune homme vend les tickets de voyage. Nous sommes au carrefour Boumnyebel, point de départ pour Eseka, chef-lieu du département du Nyong et kelle.
Pour rallier cette ville située à 40 kilomètres de Boumnyebel, nous prenons place dans une voiture cinq places.
Et nous sommes 10 passagers à bord.
Le goudron fend la forêt à perte de vue.
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Une heure plus tard, c’est Eseka.
Non loin du point de chute, une imposante statue au carrefour Abbé Nicolas Ntamack.
C’est l’unique monument de Um Nyobe au Cameroun.
Justin Etienne Yamb est un fils du coin.
“C’est un monument qui fait bon vivre à tout le monde. Ça a même fait la fierté des uns et des autres, mais c’est l’entretien qu’il faut. C’est une place publique pour tout étranger, mais c’est ne que l’entretien qu’il faut. Ça même fait grandir la ville, puisque qu’à l’aide ce monument, eseka se sent plus qu’une ville. C’est un carrefour qui nous plait, ça nous réjouis énormément“.
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Inauguré le 22 juin 2007, ce monument représente l’arrivée de Ruben Um Nyobe à la gare d’Eseka en 1952 alors qu’il revient de son voyage à l’Onu après sa déclaration à l’Onu.
L’initiative est du pasteur Samuel Bikoi 2, alors maire d’Eseka.
Mais pour admirer la pierre tombale de Um Nyobe, il faut se rendre à quelques kilomètres de son monument, sur une moto, cinq minutes sur un sentier non bitumé.
Là-bas sous des touffes d’herbe, on distingue à peine la tombe.
Le coin sert de refuge aux fumeurs de drogue de la zone.
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A Eseka, c’est l’indignation.
“Là où il se repose devait être un endroit très embelli, un endroit propre, un endroit clair, mais actuellement c’est devenu un endroit où tous les jeunes qui prennent la drogue, qui prennent le chanvre indien se refuge“.
“Les gens viennent tout le temps-là, se photographier et ils repartent. Il faut au moins qu’il y ait un mausolée, qu’il repose en paix. Parce qu’ils viennent tout le temps. Chacun vient récupérer son image, et dans tout ça, personne n’a construit. Il est fâché dans sa tombe“.
A Eseka, l’on pense que Um Nyobe mérite mieux que cette tombe, Marcel Ndjama, 58 ans, un planteur, natif de la contrée.
“Um nyobe a été pour nous un monument. C’est quelqu’un qui a beaucoup servi, que jusqu’à ce jour, il manque quelqu’un pour le représenter. A sa mort, Ruben Um Nyobe, laisse tout un peuple orphelin. Son histoire semble être tabou, au point où même ses propres veuves ne souhaitent pas en parler“.
A la rencontre de ses veuves à Boumnyebel
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Premier arrêt, chez Marie Ngo Njock, la deuxième épouse de Ruben Um Nyobe.
Elle est catégorique. Elle ne veut pas parler de son mari, encore moins de ses conditions de vie actuelle.
Son petit-fils, conducteur de moto, que nous avons pris sans le savoir pour arriver ici, nous sert de traducteur.
Après quelques minutes d’échange avec celle qu’il présente comme sa grand-mère, il nous annonce qu’elle consent à raconter sa rencontre avec Ruben Um Nyobe il y a une quarantaine d’année. L’échange dure à peine 03 minutes. Elle répond en bassa, la langue locale.
“La grand-mère dit qu’elle était venue au marché à l’époque, et qu’elle dansait bien et c’est là qu’il se sont connus. Et après, ils ont commencé à vivre ensemble, mais elle dit qu’elle ne peut pas nous raconter ce qu’elle vivait avec son mari“.
Deuxième arrêt, la première épouse, Marthe Ngo Mayack, 90 ans.
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C’est elle qui est allée au palais de l’unité le 20 mai dernier, jour de la fête nationale.
Aucun de nos arguments ne la fera plier.
Nous rentrons sans un mot d’elle.
Chacune des deux femmes habite dans une maison, à moins de 10 mètres d’intervalle.
Mais elles disent être oubliées du gouvernement.
Mazarin Kobla Libock, est l’un des petits-fils de Ruben Um Nyobe.
A 38 ans, il est conducteur de moto-taximan.
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Il dit attendre du gouvernement, une reconnaissance nationale, et une prise en charge matérielle et financière de la famille
“Les veuves de ce grand-père ne sont pas récompensés à base de leur mari, ne sont même pas reconnues. Puisque quand on regarde certains pays, les Lumumba et consorts, on reconnait que leur famille ou les enfants ou les veuves que Lumumba avaient sont bien. Normalement le gouvernement devait prendre les deux femmes en charge. Mais on ne sait pas pourquoi la famille camerounaise ne reconnait pas ce que le vieux a laissé“
Ici dans le Nyong et Kelle, département d’origine et où il a été tué à 45 ans, Ruben Um Nyobe est immortel.
Ses idées restent puisque l’UPC règne sans partage dans la zone.
Les élus locaux sont de cette formation politique dont Ruben Um Nyobe a été secrétaire Général.
Un souhait formulé ici: que le Cameroun fasse la promotion de la mémoire héroïque du Mpodol, entendez porte-parole des siens en langue Bassa .