Après avoir récemment amnistié plusieurs opposants à son régime il y a quelques jours, le président rwandais, Paul Kagame leur a recommandé mercredi de faire preuve « d’humilité et de prudence », pour ne pas « se retrouver de nouveau en prison », rapporte les médias du pays.
Paul Kagame présidait la cérémonie de prestation de serment des nouveaux députés élus au parlement du Rwanda mercredi, où il a, dans son discours averti les opposants qui venaient, il y a trois jours, de faire attention. La décision d’amnistie a bénéficié à quelques 2140 détenus dont l’opposante, Victoire Ingabire, à qui cette mise en garde semble s’adresser, rapporte le site « Africanews ». Remerciant le président rwandais pour cette décision, l’opposante l’avait, en effet, dès sa sortie de prison, appelé à « libérer d’autres prisonniers politiques » et souhaité que cette décision « marque le début de l’ouverture de l’espace politique au Rwanda ».
Ingabire, présidente du parti d’opposition, Forces démocratiques unifiées (FDU-Inkingi), avait été arrêtée en 2010 et condamnée en 2013 pour « conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre, minimisation du génocide de 1994 et propagation de rumeurs dans l’intention d’inciter à la violence ».
« Pour construire notre pays, nous avons pris la décision de réhabiliter nos citoyens »
La libération anticipée de 2140 détenus rwandais a été décidée, vendredi, lors d’un conseil ministériel présidé par Paul Kagame. Ces libérations interviennent en plein troisième mandat du président Paul Kagame, auteur selon des observateurs et les partenaires étrangers du développement sans précédent enregistré par le Rwanda durant les dernières années.
L’homme fort de Kigali est cependant accusé par nombre d’ONG et de défenseurs des droits de l’Homme de « bafouer la liberté d’expression et de museler l’opposition ». Cette décision de grâce précède de peu la tenue de l’élection à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), à laquelle Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des Affaires étrangères est candidate. Fait qui aurait motivé cette décision, selon les observateurs. Évoquant les motivations de cette grâce, Kagame a évoqué, dans son discours de mercredi, une volonté d’impliquer ces personnes dans la vie et le développement du pays. « Si nous n’accordions pas notre clémence, combien de personnes seraient encore en prison ? Nous aurions encore 100 000 en prison”, a déclaré le président. “Mais pour construire notre pays, nous avons pris la décision de réhabiliter nos citoyens afin de leur permettre de contribuer à la vie du pays », a-t-il souligné.