Le CL2P: Gardien de la flamme des Droits Humains
Si vous avez 36 ans et que vous êtes Français, vous avez connu cinq (05) Présidents de la République. Si vous êtes Américain, vous en avez connu sept (07). Même si vous êtes Nord-Coréen, vous en avez connu trois (03), certes de la même famille, mais trois quand même. Mais si vous êtes un Camerounais de 36 ans, vous n’en avez connu qu’un seul, Paul Biya! Cela confirme l’argument de Joseph Staline selon lequel “ce ne sont pas les personnes qui votent qui comptent, ce sont les personnes qui comptent les votes”.
Maintenant, ce serait bien si l’opposition pouvait gagner, mais Biya accepterait-il le résultat? Il contrôle absolument tout dans le pays, y compris l’armée et les personnes qui comptent les votes.
Le CL2P met en évidence une sorte de longévité obscène voulue «naturelle» pour une personne se présentant comme un prophète et complice de sa propre représentation en tant que divinité sans même avoir accompli le moindre miracle. Il est peu probable que ses plus grands admirateurs l’accusent de manquer d’une trop grande modestie, car ils font tous partie d’un corps administratif corrompu, pourri, et incompétent. L’homme est connu pour présider un État dysfonctionnel géré par des réseaux clientélistes et patrimoniaux. Une culture de «collégialité» et de «convivialité» pour des hommes qui, même s’ils n’étaient pas moralement compromis, étaient si opposés au progrès qu’ils devenaient Co-conspirateurs d’un grand corps malade.
Ce type de longévité obscène révèle un schéma systémique de vol électoral, ainsi que des instincts et des pulsions autoritaires du président, puis un profond dédain pour une véritable séparation des pouvoirs qui pourraientt le contraindre. Plus précisément, la «Françafrique» dont les différents relais parisiens ont dores et déjà martelé sa «victoire probable», est partiellement responsable de maintenir Biya au détriment du peuple camerounais dans le cadre d’un projet postcolonial assumé. En effet, ce gâchis actuel résulte délibérément de la politique postcoloniale, qui n’accepte jamais une Afrique libre et indépendante, par le biais d’une alliance entre les intérêts occidentaux et les complices locaux.
Ceci est dû au fait que peu de membres du propre parti de Biya, à l’instar de Marafa Hamidou Yaya, ont placé leur loyauté envers la république démocratique au-dessus de leur fidélité sans faille à un homme qui attaque ses institutions et déchire allègrement les normes qui la maintiennent.
La longévité obscène du président au pouvoir est importante. Ce type de légitimation de l’autoritarisme fournit surtout dans tous les échelons inférieurs une couverture politique à tous les «chefs» du pays pour qu’ils en fassent autant.
L’histoire se répète-t-elle au Cameroun?
La réponse directe est non. Les gens pathologiquement pessimistes qui croient à ce genre de répétition sont des praticiens de la politique de l’autruche. Ils essayent ainsi de tenir la tragédie à distance mais ne font que légitimer des pratiques de l’hyper individualisme lorsque l’unité est particulièrement requise comme aujourd’hui, et de l’hyperpuissance lorsque dans la dureté d’un quotidien instable nous devons reconnaître que nos vulnérabilités font de nous de meilleurs humains.
Plus fondamentalement pour les partisans de la notion de convivialité ou de tyrannie intime décrite par Achille Mbembe, cela constitue une forme de stratégie de survie, à l’instar des spectacles de danse en public à la gloire du dirigeant despotique, qui fétichisent le pouvoir comme une réalité, mais aussi comme un ridicule. Une exagération baroque de la familiarité mutuelle, où les puissants et les impuissants sont rapprochés par un faux spectacle carnavalesque d’unité, de fête, et de bonheur fantasmé afin de masquer de profondes disparités en matière de ressources et de pouvoir.
Ce long dysfonctionnement entre les temporalités politiques et intimes des Camerounais ordinaires pourrait être perçu comme une tragédie. Mais des organisations de défense des droits humains telles que le CL2P maintiennent le feu de la démocratie et des droits humains, transformant les relations personnelles en relations politiques, tout en maintenant notre engagement statutaire à lutter contre l’injustice institutionnelle. L’expérience du CL2P a donc permis de mettre l’organisation sous le feu des projecteurs pour s’assurer que les gouvernements oppressifs ne font rien d’inaperçu. Cette tactique consiste notamment à mettre les projeteurs sur les prisonniers politiques et à exercer une pression internationale croissante de la part des gouvernements démocratiques et des institutions internationales des droits humains sur des régimes despotiques comme celui du « prophète ». En effet, la politique du symbolisme et du mysticisme n’a fait aucun bien au Cameroun, c’est le moins qu’on puisse dire :
Entre-temps, le CL2P peut garantir à M. Biya qu’il ne vivra pas éternellement et cédera bientôt la place au prochain chef, qu’il le veuille ou pas.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P
English version:
The CL2P: Keeper of the Flame of Human Rights
If you are 36 years old and you are French, you have known five Presidents of the Republic. If you are an American, you have known seven. Even if you are North Korean, you have known three, certainly of the same family, but three anyway. But if you’re a 36-year-old Cameroonian, you’ve only known one, Paul Biya! This goes to show Joseph Stalin’s argument that “It’s not the people who vote that count. It’s the people who count the votes.” Now it would be nice if the opposition could win, but would Biya accept the result? He controls everything in the country, including the military and people who count the votes.
The CL2P is highlighting a kind of “natural” longevity for a person presenting himself as a prophet and complicit in his own proclamation as a deity without even bother to perform any kind of miracle. His greatest admirers are unlikely to accuse him of the fault of excessive modesty because they are all part of a corrupt, rotten, incompetent corpse of an administration. The Man is known to preside over a dysfunctional state run through patrimonial clientelist network. A culture of “collegiality” and “conviviality” so much that it selected for men who were, even if not morally compromised, so deeply conflict-averse as to become co-conspirators of a corrupt state.
This kind of longevity reveals a systematic pattern of electoral theft and the president’s authoritarian instincts and impulses alongside a deep disdain for checks and balances that could constrain him. More to the point, the “Francafrique” is partially responsible for keeping Biya sitting on the necks of the Cameroonian people as part of a post-colonial design. Indeed, this current mess is a deliberate result of post-colonial policy which never agree to a free and independent Africa through an alliance between western interests and the local accomplices.
This happens because there are few members of Biya’s own party, besides the like of Marafa Hamidou Yaya, who put their loyalty to the democratic republic above their spineless fealty to a man who attacks its institutions and gleefully shreds the norms that hold it together.
The president’s longevity in power matter. This kind of legitimization of authoritarianism, it provides political cover to every little “chiefs” across the country to do the same.
Does History Repeats Itself in Cameroon?
The straight answer is no. Folks who believe in that kind of repetition as practitioners of the politics of the Ostrich in order to keep tragedy at bay practicing hyper-individualism when unity is required and hyper-power when we ought to recognize our vulnerabilities to be better humans. More to the point, Achille Mbembe’s notion of conviviality or intimate tyranny which are forms of survival strategies such as public dance performances for the despotic leader which fetishizes power as something real but also inoffensive. A baroque exaggeration of mutual familiarity, where the powerful and powerless are separated by fake spectacle of carnavalesque unity, party time and happiness to mask profound discrepancies in resources and power.
This long dysfunction between political and intimate temporalities of ordinary Cameroonians might be seen as a tragedy but human rights organizations, such as the CL2P, are keeping up the flame of democracy and human rights transforming personal relationships into political relationships while continuing with our commitment to battle against institutional injustice. Thus, the CL2P’s experience is to put the organization in the spotlight to make sure oppressive governments don’t do something unnoticed. This tactic includes shining a light on political prisoners and to put mounting international pressure of the governments of the “prophet” to bear. Indeed, the politics of symbolism and mysticism has not done Cameroon any good
In the meantime, the CL2P can ensure Mr. Biya that he is not going to live forever and will soon make way for the next leader whether he wants it or not.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P