Kool Aid et Suicide politique au Cameroun
Le régime de Biya prépare clairement le public camerounais à son prochain couronnement à la soviétique avec près de 80% du soi-disant vote pour donner l’illusion d’une « démocratie apaisée », une sorte de politique sans conflit qui pourtant génère plus de colère et de haine. Même pour les nombreux Camerounais qui n’aiment pas la confrontation et estiment que la démocratie devrait être un dialogue et des compromis, le désordre politique de Biya est toxique et effrayant, particulièrement pour une génération de Camerounais ordinaires qui deviennent de plus en plus cosmopolites et moins tribaux, moins traditionnels, et plus interconnectés au niveau mondial.
Ainsi, cette fausse élection ne fera que poursuivre le « suicide révolutionnaire » lent et méthodique des 36 dernières années. En effet, ce vol électoral sans fin et cette illusion de grandeur et d’immortalité obscène inspirée par des fantasmes sous forme de slogans politiques ne permettent pas de dissimuler avec succès le fait que, même avec une opposition divisée, M. Biya ne peut honnêtement pas obtenir 15% des voix lors d’un scrutin transparent et libre au Cameroun (exactement ce score qu’il veut d’office attribuer à son principal challenger et vrai vainqueur Maurice Kamto) .
Ce «moment spécial» rappelle que le régime de Biya fonctionne comme un crime organisé et qu’il est connu pour truquer en permanence les élections présidentielles. Lors de la dernière élection présidentielle, le régime de Biya avait recueilli près de 80% des suffrages dans les régions anglophones, désormais très agitées. Lors des élections de 1992, ces régions ont voté à plus de 90% pour le Social Democratic Front (SDF) du chairman John Fru Ndi, ce qui a mis en branle le mécanisme bien huilé de la corruption du régime Biya. Comment expliquer dès lors ce basculement radical des votes tel qu’il nous le présente?
M. Biya peut faire tout ce qu’il veut avec sa « démocratie apaisée » camerounaise, mais la guerre illégale dans les régions anglophones n’a pas diminué. Au contraire, les abus de pouvoir et le nombre de morts augmentent sans cesse. Des personnes perçues comme des opposants politiques sont toujours en prison au nom de la lutte dite contre la corruption.
Les temps sont vraiment mauvais au Cameroun. Le RDPC comme parti-état est maintenant un véritable culte et ses adeptes vont évidemment trouver des excuses à toutes les incongruités tant que leur côté va «gagner», comme ils disent. Ils s’en moquent en réalité si le pays est en train d’être détruit. Nous semblons maintenant coincés avec un régime qui n’a aucune responsabilité envers les personnes qu’il est pourtant censé servir. Un régime composé essentiellement de personnes asservies par leur propre ego et leurs illusions d’immortalité obscène.
M. Biya devrait savoir que le CL2P n’a pas l’intention de boire son Kool-Aid et qu’il le veuille ou non, l’avenir nous appartient, pas à lui. M. Biya a raté son rendez-vous avec l’Histoire, nous n’entendons pas rater le Notre, en dépit des menaces, des privations, et des pertes en vies humaines. Parce que nous savons que l’arc de l’univers moral est long mais qu’il se penche toujours irréversiblement vers la Justice.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Drinking the Kool Aid and Political Suicide in Cameroon
The Biya is clearly preparing the Cameroonian public for his next Soviet style political coronation with close to 80 % of the so-called vote to give the illusion of an “appeased democracy,” a kind of politic without strife which is actually creating more anger. Even the many Cameroonians who dislike confrontation and feel that democracy should be about dialogue and compromise, Biya’s political disorder is toxic and frightening for a generation of ordinary Cameroonians who are becoming more cosmopolitan and less tribal, less traditional, and more globally interconnected.
Thus, this fake election will continues the slow and methodic “revolutionary suicide” of the past 36 years. Indeed, this endless electoral theft and politically inspired delusion of grandeur and obscene immortality does not successfully obscure the reality that, even with a divided opposition, Biya can’t honestly get 15 % of the votes in Cameroon.
This “special moment” is a reminder that the Biya’s regime works like an organized crime and it is known to rig presidential elections. In the last presidential election, the Biya’s regime received almost 80% of the votes in the now restive Anglophone regions. In 1992 elections, these regions voted more than 90% for the SDF and that inspired Biya’s rigging machinery. How can this radical swing of votes can be explained?
Biya can make all the noises he wants about Cameroon’s “Appeased Democracy”, but the illegal war in the Anglophone regions has not abated. If anything, abuses of power and the death toll are increasing. Serious political opponents are still in prison in the name of fighting corruption.
Times are really bad in Cameroon. The one-party state CPDM is now a cult and they will excuse about anything as long as their side “wins.” They do not care even if the country is being destroyed in the process. We now seem stuck with a regime who has no responsibility towards the people it is supposed to service. A regime stucked with people enslaved by their own ego and their illusions of obscene immortality.
Mr. Biya should know that the CL2P does not intend to drink his Kool-Aid and whether he likes it or not, the future belongs to us not him. Mr. Biya missed his rendez-vous with history, we do not intend to miss our own rendez-vous with history knowing that the arc of the moral universe is long but it bends towards justice.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P