En fin de matinée mardi, le leader du parti UFDG s’apprêtait à rejoindre ses partisans à qui il avait demandé de se mobiliser pour dénoncer les conditions d’installation des conseils communaux. Mais Cellou Dalein Diallo raconte que sa voiture a été arrêtée par les forces de l’ordre à deux kilomètres à peine de son domicile.
« Ils nous ont arrosés de gaz lacrymogènes au point qu’on n’arrivait plus à se voir, on avait mal aux yeux. C’est alors qu’on a tiré sur ma voiture, raconte-t-il. La balle a percé le pare-brise et est allée percer la lunette arrière de la voiture. »
Une balle a effectivement traversé le véhicule de Cellou Dalein Diallo, confirme un expert en armement interrogé par RFI. L’impact est visible sur les pare-brise avant et arrière du véhicule. L’opposant a même publié des photos sur Twitter :
La balle n’a pas fait de victime. Le chauffeur a été très légèrement blessé par des éclats de verre, mais Cellou Dalein Diallo dit se sentir en danger.
Démenti des autorités
De leur côté, les autorités mettent en doute les propos du chef de file de l’opposition. Le ministre de l’Information, Amara Somparé, assure qu’aucun coup de feu n’est venu des gendarmes et policiers.
« Je suis très surpris d’entendre qu’une balle aurait traversé son pare-brise parce que les forces de maintien de l’ordre qui sont déployées dans la ville pour disperser les manifestants ne sont équipées que d’armes conventionnelles de maintien de l’ordre. Donc, un coup de feu ne peut pas partir du côté des forces de l’ordre », assure-t-il.
« Des instructions ont été données à la direction nationale de la police judiciaire aux fins de se saisir du véhicule du chef de file de l’opposition pour pratiquer une expertise balistique sur le véhicule et vérifier quelle est exactement la cause des impacts qui figurent sur le pare-brise et la lunette arrière. Je pense qu’il ne faut pas aller vite en besogne, et il faut laisser les services de police judiciaire faire leur travail », précisait le ministre ce mercredi 24 octobre.
Le ministre de l’Information précise par ailleurs que la marche était interdite par les autorités en raison d’un risque important de trouble à l’ordre public. La manifestation de l’opposition avait en effet été interdite. Une décision ignorée par les manifestants privés, estiment-ils, de marches depuis le mois de juillet.
Dès les premières heures de la matinée, les forces de l’ordre ont donc occupé le lieu de départ prévu de la manifestation à Conakry, menaçant de châtier tout contrevenant. Au fur et à mesure que le nombre de manifestants grossissait, la tension montait et les esprits s’échauffaient de part et d’autres.
« Le nombre exact des interpellés ne m’a pas été communiqué à date, mais je pense qu’il s’agit d’une quinzaine d’individus. Comme vous le savez, la marche d’hier était interdite, et ces personnes se sont rendues coupables de faits de caillassage sur les véhicules d’intervention, ils ont aussi tenté de poser des barricades sur la voie publique, de brûler des pneus, et pour ce motif ils ont été interpellés par les forces de sécurité », détaille le ministre de l’Information.
En voulant ériger des barricades sur un grand boulevard de la banlieue, des jeunes ont été gazés par les forces de l’ordre massivement déployés dans les quartiers fiefs de l’opposition. C’est dans le quartier de Cosa qu’un homme de 18 ans a été tué par balle.
Dans le cortège, outre Cellou Dalein Diallo, il y avait aussi d’autres opposants, dont Faya Millimouno, Dembo Sylla, le Dr Ibrahima Diallo et Ahmed Kourouma du parti GRUP.