Les faits se sont déroulés dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Ils sont attribués aux militaires camerounais. Le bilan est d’un mort, plusieurs personnes molestées, et de nombreuses habitations brûlées. Des exactions qui ne sont plus tolérables pour Kemende Henry Gamsey, le député du SDF pour le Nord-Ouest à l’origine de la plainte.
« J’ai pris la décision de saisir le procureur parce que je me suis dit qu’il était grand temps de mettre un coup d’arrêt aux atrocités commises dans des zones où la population est prise en tenaille. D’un côté par les Ambazoniens, et de l’autre côté par les militaires, les forces régulières. Et au milieu de ces deux camps, la population elle, est impuissante. »
« C’est important que vous sachiez que je suis originaire de cette localité, que c’est mon village maternel, insiste Kemende Henry Gamsey, qui considère ces informations fiables. J’ai donc de nombreux informateurs sur place. Et si plus d’une dizaine d’informateurs me racontent la même chose, me disent qu’ils ont vu des militaires, parlant français, vêtus en uniforme, avec de grands fusils : comment je peux douter ? »
Face à ces témoignages, l’élu estime qu’une enquête est nécessaire. « Ils m’ont appelé, pour m’informer, car je suis membre du Parlement et sénateur. Dix personnes, vingt personnes, m’ont dit qu’elles accusaient et pointaient du doigt les militaires. Donc la seule façon d’éclaircir les choses, c’est d’enquêter sur ces présumées atrocités militaires commises à Balikumbat. »
L’armée dément
« Il n’y a pas eu d’atrocités militaires à Balikumbat », répond le colonel Badjeck, chef de la Division de la communication au ministère camerounais de la Défense. Selon lui, les militaires n’ont commis aucune exaction. Mais en revanche, le poste militaire de la localité a été attaqué ce soir là – le 31 octobre -, explique le colonel.
« Il y a eu bel et bien l’attaque d’un poste à 22h à Balikumbat, un poste qui était défendu par le BIR [bataille d’intervention rapide, Ndlr] et la gendarmerie. Il y a eu ouverture de feu et à l’aube ils ont ratissé pour trouver qu’il y avait eu trois combattants sécessionnistes qui étaient venus les braquer et qui ont été neutralisés. Les trois armes ont également été récupérées, qu’il n’y a pas eu d’exactions, la moindre exaction, dans cette zone. »
Quant aux informations faisant état de la présence d’hommes en tenue militaire portant des fusils et parlant français, le colonel Badjeck rétorque que « ça, c’est ce que le sénateur de Bamenda dit ».
« Ce que le colonel Badjeck, officier de l’armée de l’air, chef de division de la communication dit, c’est autre chose. Je ne vais pas me mettre sur le même diapason que des gens qui délirent et qui sont passés maîtres dans l’art d’orchestrer des histoires, de la délation, pour continuer à permettre les forfaits qui se produisent au détriment des populations dans le nord-ouest et dans le Sud-Ouest. »