En Tanzanie, Amnesty International pointe une « chasse aux sorcières » après les propos du gouverneur de Dar es Salaam appelant les habitants de sa province à dénoncer les homosexuels à partir de ce lundi 5 novembre.
Amnesty International dénonce le projet du gouverneur de Dar es Salaam, Paul Makonda, de traquer et d’arrêter les homosexuels. « Nous avons reçu des informations comme quoi 5 000 personnes ont déjà été dénoncées à la police, c’est en tout cas ce qu’a dit le gouverneur de Dar es Salaam », rapporte Seif Magango, le directeur adjoint d’Amnesty pour l’Afrique de l’Est.
L’homosexualité constitue un crime en Tanzanie et elle est punie d’une peine minimale de 30 ans pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité. « Ce n’est pas quelque chose d’acceptable qu’un gouvernement comme celui de la Tanzanie appelle ses concitoyens à se retourner les uns comme les autres, souligne-t-il. En bref, on veut juste rappeler aux autorités tanzaniennes que c’est leur obligation de traiter leur population dans le respect des droits de l’homme et des principes auxquels elles se sont engagées sur le plan international et de ne pas autoriser cette chasse aux sorcières. »
Le chef de la délégation de l’UE rappelé
Mais en Tanzanie, cette chasse aux sorcières ne se limite pas aux personnes LGBT. Opposants, activistes ou encore journalistes en sont aussi l’objet. La répression est, selon l’organisation de défense des droits de l’homme, tous azimuts.
« Cette répression contre les homosexuels ne devrait pas être perçue comme un élément isolé, insiste le directeur adjoint d’Amnesty pour l’Afrique de l’Est. C’est quelque chose que l’on voit depuis que ce régime est arrivé au pouvoir. Il n’y a pas que la minorité LGBT qui est visée. Il ne se passe plus une semaine sans qu’une partie ou l’autre de la population ne soit menacée. Un jour, ce sont des musiciens qui sont arrêtés, des artistes empêchés de voyager, des groupes de la société civile qui sont fermés. On a même vu le président bannir de l’école les filles qui tombaient enceintes. »
Même les diplomates en font les frais. Le chef de la délégation de l’Union européenne en Tanzanie a été rappelé à Bruxelles, a indiqué samedi à l’AFP une porte-parole de l’UE dans le pays. Dans un article publié vendredi, la Lettre de l’océan Indien affirmait que le gouvernement tanzanien avait donné 24 heures au diplomate néerlandais Roeland van de Geer pour quitter le pays.
« Sur l’affaire de l’Union européenne, je ne connais pas tous les détails, précise Seif Magango, mais l’Union européenne dénonce régulièrement ces problématiques de droits de l’homme. Le gouvernement tanzanien essaie de faire taire toute voix dissidente, y compris au-delà de ses frontières, et cela devrait être condamné aussi. Cela démontre l’intolérance du gouvernement envers toute personne ou institution qui défend les droits des citoyens. »