Comment se porte Ali Bongo ? Les questions autour de l’état de santé de leur président agitent les Gabonais depuis près de deux semaines. Dans ce petit émirat pétrolier d’Afrique centrale, ceux qui savent en disent le moins possible, observent une omerta de circonstance, pendant que tous les autres spéculent.
Cependant, selon plusieurs sources dignes de foi, Ali Bongo a subi un accident vasculaire cérébral (AVC) peu de temps après son arrivée à Riyad, le mercredi 24 octobre. Quelle en est la gravité ? Quelles en seront les éventuelles séquelles ? Il est encore trop tôt pour le dire. « Il a été opéré pour nettoyer le saignement et maintenu en coma artificiel. Pour l’instant, on attend », relate, sous couvert d’anonymat, une personnalité familière du Palais du bord de mer à Libreville.
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Dimanche 28 octobre, alors que tout le Gabon bruissait de rumeurs, le porte-parole de la présidence avait rompu le silence officiel en évoquant lors d’une intervention télévisée « un malaise » consécutif à « une fatigue sévère due à une très forte activité ces derniers mois ». Ike Ngouoni ajoutait alors que M. Bongo « va mieux et se repose en ce moment même à l’hôpital du roi Fayçal, entouré de sa famille et de certains de ses collaborateurs ». Depuis, le silence radio est redevenu de rigueur.
Visite de Mohammed Ben Salman
En dépit des rumeurs sur un transfert médicalisé vers l’Europe, Ali Bongo demeure hospitalisé dans la capitale saoudienne, où Mohammed Ben Salman (MBS) lui a rendu visite le lendemain de son admission. Alors que la deuxième édition de la conférence Future Investment Initiative, à Riyad, subissait une vague de désistements à la suite des révélations sur l’affaire Khashoggi, Ali Bongo avait maintenu sa présence à ce « Davos du désert » – la seule d’un chef d’Etat africain, avec celle du Sénégalais Macky Sall – pour officiellement « vendre la destination Gabon et attirer ainsi davantage d’investisseurs ».
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Deux semaines plus tard, il n’est plus question de cela à Libreville. Alors que personne ne semble en mesure de déterminer si le président reviendra aux affaires et, si tel est le cas, quand ce retour aura lieu, il est déjà acquis que le chef de l’Etat n’assistera pas, le 11 novembre en France, aux cérémonies du centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale, où il était attendu.
Selon La Lettre du continent, publication spécialisée et généralement bien informée sur les arcanes des présidences africaines, depuis cette « défaillance », une « troïka » a été mise en place pour assurer la continuité de l’Etat. Celle-ci serait composée du colonel Frédéric Bongo, le directeur général des services spéciaux de la Garde républicaine et demi-frère du président, de Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet présidentiel, et enfin de Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle.
« Il n’y a pas de vacance du pouvoir »
Si le premier serait chargé de veiller sur la sécurité du pays et des intérêts de la famille Bongo et le second de la gestion des affaires courantes, la troisième personnalité de ce triumvirat joue un rôle essentiel. En effet, c’est elle qui détient le droit de décréter une vacance du pouvoir et ainsi de provoquer une transition en théorie dirigée par la présidente du Sénat. Contactée par Le Monde Afrique, Marie-Madeleine Mborantsuo se garde bien, pour l’heure, de valider un tel scénario. « En l’état, il n’y a pas d’empêchement définitif ou de vacance du pouvoir. Les institutions fonctionnent normalement et aucune procédure particulière n’a été mise en place pour l’instant », assure la présidente de la Cour constitutionnelle. Reste que, selon une bonne source, dans le climat actuel, des ministres se sont récemment vu interdire de sortir du territoire, sauf autorisation expresse.
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Dans ce contexte d’incertitudes, après des mois de mutisme, Jean Ping, le principal opposant du pays, est réapparu publiquement samedi pour « un discours à la nation » dans lequel il invite ses compatriotes au « rassemblement ». « Il y a des moments, dans la vie d’un pays, où tous les enfants d’une même nation doivent transcender leurs clivages », a martelé celui qui se considère toujours comme « le président élu » par les Gabonais, sans évoquer un instant la santé d’Ali Bongo.
« Alors que l’on était dans un scénario d’apaisement, cet accident de santé vient rebattre les cartes du jeu politique gabonais, analyse un observateur étranger sous couvert d’anonymat. Cette situation provoque des flottements aussi bien dans le camp du pouvoir que de l’opposition, avec des personnalités très pressées de profiter de ce vide. »
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