Dans un beau discours prononcé devant le mémorial de la Première Guerre mondiale, « la guerre pour mettre fin à toutes les guerres », le président Macron a mis en garde contre le retour du nationalisme, de la xénophobie et du populisme qui ont fait la litière des Première et Deuxième Guerres. Il est également important de noter que de nombreux chefs d’État bellicistes ont assisté à ce discours, que la France figure parmi les premiers pays en matière de vente d’armes et de munitions, et que la France est aussi la tête tutélaire de la Françafrique.
Ce type de dissonance cognitive, pour ne pas dire d’hypocrisie, peut s’expliquer par notre conception du temps. Un concept linéaire ou cyclique du temps.
Dans le monde entier, la conception majoritaire du temps est linéaire, ordonné du passé, au présent, et au futur. Nos journées sont organisées en fonction de la progression de l’horloge, à court et moyen terme, de calendriers et de journaux intimes, d’une histoire à l’échelle millénaire. Toutes les cultures ont un sens du passé, du présent, et du futur. Mais pour une grande partie de l’histoire de l’humanité, cela a été étayé par un sens plus fondamental du temps cyclique. Le passé est aussi le futur, le futur est aussi le passé, le début aussi la fin.
La domination du temps linéaire s’inscrit dans une vision du monde eschatologique dans laquelle toute l’histoire humaine se construit jusqu’à un jugement final. C’est peut-être pourquoi, avec le temps, il est devenu la façon sensuelle de regarder le temps dans un Occident à majorité chrétienne. Quand Dieu a créé le monde, il a commencé une histoire avec un début, un milieu, et une fin. Comme le dit l’Apocalypse, tout en prophétisant la fin des temps, Jésus est « l’alpha et l’oméga de cette épopée, le début et la fin, le premier et le dernier ».
Il y a aussi l’idée du temps cyclique qui signifie qu’il y a des « sagesses et des vérités éternelles » qui ne « progressent » jamais. Dans cette vision du monde, il n’y a pas de changement car il n’y a pas de sens du progrès. Dans cette absence de progrès, le « présent » est toujours supérieur aux temps antérieurs, supposés moins «avancés». Enfin, cela masque la mesure dans laquelle l’histoire ne se répète pas mais rime.
Cette supériorité supposée engendre donc une forme d’intolérance. Une insistance sur l’uniformité, et l’intolérance sur tout ce qui est différent.
Par conséquent, derrière les valeurs voulues universelles se cache la véritable défense de l’eurocentrisme. Ce qui explique pourquoi Emmanuel Macron a approuvé en catimini le hold up électoral de Paul Biya, lui-même défenseur de l’eurocentrisme, et qui fait en sorte que leurs administrations respectives se mettent au même rythme synchronisé de la complicité néocoloniale, rendant inaudible en Afrique (et singulièrement au Cameroun) toute la belle rhétorique de Macron sur la première et la seconde guerre mondiale, tant elle sonne comme un éloge du plus fort avcc la simplicité perfide de » nous et eux « , occultant la triste réalité du massacre de millions de jeunes pour les ambitions impérialistes de leurs dirigeants, y compris » ces pauvres Africains qui sont morts pour leurs maîtres coloniaux dans une guerre qui leur a été inutile jusqu’en enfer.
Monsieur Macron, lorsque nous nous souvenons des personnes (en provenance notamment d’Afrique) décédées lors de ces deux guerres, nous devons également nous assurer de vous rappeler constamment la raison pour laquelle elles sont tombées! La pérennisation de la Françafrique avcc ses roitelets sous votre présidence nous amènent hélas à penser qu’elles sont mortes pour rien.
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
Politics, Populism, Francafrique, and Time
These kinds of cognitive dissonance not to say hypocrisies can be explained by our conception of time. A linear versus a cyclical concept of time.
Around the world today, time is linear, ordered into past, present and future. Our days are organized by the progression of the clock, in the short to medium term by calendars and diaries, history by timelines stretching back over millennia. All cultures have a sense of past, present and future, but for much of human history this has been underpinned by a more fundamental sense of time as cyclical. The past is also the future, the future is also the past, the beginning also the end.
The dominance of linear time fits in with an eschatological worldview in which all of human history is building up to a final judgment. This is perhaps why, over time, it became the common-sense way of viewing time in the largely Christian west. When God created the world, he began a story with a beginning, a middle and an end. As Revelation puts it, while prophesying the end times, Jesus is this epic’s “Alpha and Omega, the beginning and the end, the first and the last”.
There is also the idea of cyclical time which means that there are some “eternal wisdom and truths” that never changes. In that worldview, there is no change because there is no sense of progress. In this lack of progress, the “present” is always superior over earlier, supposedly less “advanced” times. Finally, it occludes the extent to which history doesn’t repeat itself but does rhyme.
This supposed superiority, thus, breeds a form of intolerance. An insistence on uniformity and intolerance on anything that happens to be different.
Therefore, behind the universal values is really eurocentricity being defended and that explains why Macron will endorsed Paul Biya, himself, a defender of Eurocentrism and who administrative state marches on the same drumbeat of neocolonial complicity reverting all of Macron’s flowering rhetoric of WWI to “strong man” rhetoric and the treacherous simplicity of “us and them” and the sad reality of the slaughtering of millions who died for imperialist ambitions of their rulers, including” poor Africans who died for their colonial masters in a pointless war into hell.
When remembering the fallen, we also need to make sure that you remember the reason they fell!
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of The CL2P