Le CL2P et le réalisme sans espoir à Yaoundé
Tandis qu’il continue à mettre en prison des critiques légitimes de sa politique (journalistes, activistes, opposants et camarades politiques) le régime de Biya feint de croire que sa politique de bricolage à l’emporte-pièce va aider son gouvernement déjà sous perfusion et condamné par l’histoire à agoniser encore un peu plus longuement. Mettre les gens en prison ne va pas nous sortir de 36 années de gâchis.
En effet le Cameroun a dépassé le seuil critique même s’il reste invisible pour beaucoup. Les régimes autoritaires, comme celui de Yaoundé, ont souvent été la cause principale de l’effondrement de l’État. Le contrôle autoritaire de l’État va à l’encontre des prises de décision rationnelle, car les intérêts à court terme de l’élite réactionnaire sont radicalement différents des intérêts à long terme de la société. Cela explique pourquoi les États défaillants du passé se sont effondrés malgré le savoir-faire culturel et technologique nécessaire pour résoudre leurs crises. Les élites autoritaires, qui bénéficient du chaos et du dysfonctionnement politique, économique et social, bloquent obstinément les solutions nécessaires pour le succès.
Le contrôle extrême des ressources conduit à un échec institutionnel car ces institutions sont enfermées dans des cadres destructeurs. La décadence et le dysfonctionnement des 36 dernières années, résultant inévitablement de l’État à parti unique et la gouvernance affreuse du RDPC, a créé des failles électorales béantes dans lesquelles a pu et su s’engouffrer le Professeur Maurice Kamto.
Ainsi, il n’est plus nécessaire de rechercher des solutions du RDPC au fur et à mesure que le parti unique avance comme si rien n’avait changé. Alors même que la preuve accumulée de ses multiples échecs n’avait aucune prise sur les consciences de ses dignitaires. Des décennies d’échec institutionnel amènent à ce que seuls ceux qui se tiennent à l’extérieur des institutions défaillantes gardent la lucidité et peuvent mener cet effort nécessaire pour mettre un terme à la spirale de la destruction.
Des organisations politiques et de droits humains telles que le CL2P comprennent la nécessité de ne pas permettre à ceux qui ont provoqué cette crise de définir les limites de l’action politique. Le CL2P ne va pas continuer à permettre à ceux dont la pensée magique nous a mis dans ce pétrin de nous dire ce qui peut et ne peut pas être fait. Les récentes élections remportées par l’opposition montrent que le pouvoir de propagande qui a maintenu la plupart des gens dans l’ignorance n’a plus aucune prise réelle.
Le CL2P en tire un nouveau message qui est un message simple – c’est eux contre nous. Mais il faudra faire vite pour que les oligarques ne détruisent pas les réseaux de communication alternatifs qui ont fait notre succès. En effet, depuis les dernières élections, au moins cinq journalistes ont été arrêtés, dont notre correspondant au Cameroun Michel Biem Tong.
La CL2P reconnaît que le travail effectué par des citoyens activistes, comme Michel Biem Tong, a des effets très positifs à long terme et que le régime peut continuer à en arrêter de nombreux comme Michel, mais il ne pourra pas eempêcher la marche de l’histoire et le mantra de la révolution Liberté, Égalité, Fraternité qui est en marche. Rien ne l’arrêtera!
Le CL2P n’est pas une organisation naïve et comprend que le régime essaiera toujours de projeter désespérément à grandes démonstrations son pouvoir et sa force, de la même manière qu’un homme en état de frustration sexuelle à cause de son pénis achète une Harley Davidson et s’engage dans la musculation. Plus précisément, l’idée selon laquelle les dirigeants autoritaires ont besoin d’ennemis parce que l’un de leurs plus grands appels consiste à rendre le monde compliqué très simple. Les Camerounais ordinaires, en élisant Maurice Kamto, ont cependant démontré qu’ils sont bien plus que le produit de l’autoritarisme et de l’oppression dans lesquels le pouvoir de Biya veut les réduire.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
The CL2P and Hopeless Realism in Yaoundé
As he continues to put legitimate critics of his policies in prison, the Biya’s regime continue to believe that tinkering around the edges are going to help the government, already under perfusion and condemned by history, to survive. Putting people in prison is not going to take us out of 36 years of mess.
Cameroon has passed the tipping point even if it remains invisible for many. This is because authoritarian regimes, such as in Yaoundé, has been a more fundamental cause of state collapse. Indeed, authoritarian control thwarts rational decision-making, because the short-term interests of the elite are radically different to the long-term interests of society. This explains why past failing state have collapsed despite possessing the cultural and technological know-how needed to resolve their crises. The authoritarian elites, which benefit from social dysfunction, block the necessary solutions.
The extreme control of resources lead to institutional failure because these institutions are locked into destructive frameworks. The decay and dysfunction of the past 36 years are inevitably results from the one-party state, CPDM’s awful governance that has created electoral openings for the like of Maurice Kamto.
Thus, there are no more need to look up the CPDM for solutions as they trundle on as if nothing has changed. As if the accumulating evidence of their multiple failures have no purchase on their minds. Decades of institutional failure ensures that only those who stand outside the failed institutions can lead this effort to stop the spiral of destruction.
The CL2P understand the necessity not to allow those who have caused this crisis to define the limits of political action. The CL2P is not going to continue to allow those whose magical thinking got us into this mess to tell us what can and cannot be done. The recent election which was won by the opposition shows that the power of propaganda that has kept most people in ignorance no longer works – With the alternative means of communication, organizations such as the CL2P has at its disposal, the CL2P was able to spread messages quickly and effectively . That message was a simple one – its them or us. But we will need to be quick before the oligarchs destroy the alternative communicative networks that has already begun with the arrest of at least five journalists since the election including Michel Biem Tong.
The CL2P recognizes that work done by citizen activists has very positive long-term effects and the regime can continue to arrest many of them but they cannot stop the arc of history. Liberté, Egalité, Fraternité is on the march and nothing will stop it.
The CL2P is not a naïve organization and understand that the regime will always try to project strength with grand displays of force, in the same way that a man who is insecure about his penis buys a motorcycle and takes up bodybuilding. More to the point, the idea that authoritarians need enemies because one of their greatest appeals is making a complicated world very simple. Ordinary Cameroonians by electing Maurice Kamto, however, demonstrated that there are more than the product of authoritarianism and oppression the Biya’s regime aims to reduce them to.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P