Au Togo, la conférence de presse que la société civile voulait tenir au lendemain de l’annonce des résultats provisoires des élections législatives n’a pas pu se faire lundi. Elle a été interdite officiellement pour faute de déclaration préalable, selon le gouvernement. Le mouvement des forces vives, Espérance pour le Togo, qui comprend des religieux et des représentants de la société civile, voulait revenir notamment sur la déclaration de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui a en effet salué des élections « libres et transparentes », conformes à leur feuille de route pour une sortie de crise au Togo.
Dans le communiqué, les dirigeants ouest-africains de la Cédéao ont « fortement regretté » le boycottage du scrutin par les opposants de la C14 et ont même encouragé les forces de sécurité « à continuer à faire preuve de professionnalisme ».
Le révérend père Pierre Marie Chanel Affognon, un des responsables du mouvement Espérance pour le Togo, fustige la position de la Cédéao. « Nous pensons qu’ils n’ont pas été suffisamment clairs et critiques. C’est comme si au nom d’une diplomatie, il faut noyer la volonté du peuple. Nous n’avons plus confiance en la Cédéao parce que c’est la deuxième fois où on a l’impression qu’on embarque les Togolais, on leur donne une espérance, puis après c’est juste pour se moquer d’eux, pour se jouer d’eux. Le protocole de la Cédéao ? Est-ce que c’est respecté dans notre pays ? Il faut qu’ils puissent se positionner par rapport à des textes que, eux-mêmes, ont eu à produire pour notre espace que nous avons en commun. La preuve, c’est qu’on veut faire une conférence de presse. La gendarmerie était là, comme si c’était une manifestation de rue alors qu’on allait seulement faire une conférence de presse dans une salle qui ne peut même pas contenir 50 ou 55 personnes. Ce n’est pas normal de bloquer la parole. Et c’est ce que nous reprochons à la Cédéao. Il semble ne pas regarder le peuple togolais ».
Olympio, nouveau chef de file de l’opposition ?
Selon les résultats officiels provisoires de ces législatives, l’Union pour la République (Unir), le parti du président Faure Gnassingbé, a largement remporté ces élections avec 59 sièges sur 91.
Des élections que la coalition de 14 partis d’opposition, C14, boycottait. L’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio, l’ancien leader historique de l’opposition togolaise, qui a conclu un accord de gouvernement avec le pouvoir, obtient pour sa part 6 sièges et détrône Jean-Pierre Fabre de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) du titre du chef de file de l’opposition comme le soutient Isaac Tchiakpe, qui a dirigé la campagne de l’Union des forces de changement (UFC). « La loi prévoit que le chef du parti de l’opposition qui arrive en tête devient de jure chef de file de l’opposition. Nous attendons que la Cour constitutionnelle se prononce définitivement sur les résultats. Monsieur Olympio étant toujours le chef de l’UFC, c’est donc à lui que devrait revenir ce titre de chef de file de l’opposition. »