Par Georges Dougueli
Contestation post-électorale, tensions inter-ethniques, incidents diplomatiques … Tout va pour le mieux à Yaoundé. Quand ça chauffe, le cynisme au pouvoir a de la suite dans les idées. Fort opportunément, il va jeter au peuple un os à ronger, histoire de détourner l’attention.
Les communicants appellent ça, le projet latéral. Facile : il suffit d’embastiller l’une de ses « créatures », impopulaire à souhait. Et Dieu seul sait que l’enclos est plein d’agneaux sacrificiels. Il y en a un qui sait son heure venue. Depuis ce matin, ses lieutenants sont entendus au tribunal criminel spécial. Lui-même a été notifié le 31 janvier d’une interdiction de sortie du territoire. Le piège s’est refermé.
Quant aux Camerounais, ils tomberont dans le panneau comme d’habitude, attirés qu’ils sont par l’odeur du sang. On ne parlera plus que de celui qu’on va jeter dans la fosse aux lions. La victime expiatoire du jour, elle, est dans la phase qu’ils traversent tous quand vient le moment : “Il n’osera pas. Il ne peut pas me faire arrêter”. Pourtant, quand on a été à ce point associé à ce pouvoir aussi juste qu’éclairé, il serait plus courageux de partir avec panache : Ave Cesar ! ceux qui vont mourir te saluent !
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Cameroun : Mebe Ngo’o, l’ancien ministre de la Défense, dans la tourmente
Selon nos informations, le domicile de Edgard Alain Mebe Ngo’o, l’ancien ministre camerounais de la Défense (de 2009 à 2015), a été perquisitionné dans l’après-midi du mardi 5 février. Même si le dispositif policier qui surveillait sa villa d’Odza, au sud de Yaoundé, s’est fait plus discret, l’intéressé n’est plus totalement libre de ses mouvements. En effet, le 31 janvier dernier, une interdiction de sortie du territoire lui avait déjà été notifiée.
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Edgard Alain Mebe Ngo’o a été pendant trois décennies l’un des hommes les plus puissants du pays. Cet administrateur civil formé à l’Enam fut préfet, directeur du cabinet civil de la présidence de la République, délégué général à la Sûreté nationale (Patron de la police), ministre de la Défense, puis ministre des Transports d’octobre 2015 à mars 2018.
Les motifs de la perquisition n’ont pas encore été rendus publics, mais ces événements semblent relever de la procédure habituelle relative à l’opération anti-corruption Epervier. Joint au téléphone par Jeune Afrique, l’intéressé a refusé de commenter.
06 février 2019 Jeune Afrique