L’ex-ministre des Sports d’Alassane Ouattara, Alain Lobognon, qui avait été condamné à un an de prison ferme pour « divulgation de fausses nouvelles et incitation à la haine » en première instance, a écopé en appel d’une peine de six mois de prison avec sursis. Il a été libéré dans la foulée.
Le député Alain Lobognon s’est présenté devant la cour d’appel manifestement amaigri, après des jours de grève de la faim, et ceint de l’écharpe de parlementaire qui lui avait été interdite lors de son procès en première instance, le 15 janvier dernier.
Dès l’ouverture des débats, peu après 9 heures, ses avocats ont introduit au moins trois exceptions, notamment l’incompétence du tribunal de première instance à juger un ancien ministre, conformément aux textes. Des exceptions rejetées par le président de la cour d’appel, le magistrat Ali Yéo, qui a jugé les arguments développés par le procureur général pertinents.
Réquisitions inattendues
Le procureur, à la surprise générale, a requis la peine de six mois avec sursis et la relaxe immédiate du prisonnier qui a passé près d’un mois à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Des réquisitions suivies par la cour d’appel du tribunal du Plateau, qui met ainsi fin à un « procès politique », selon la défense, qui a tenu en haleine la classe politique ivoirienne.
Le procureur de la République près le tribunal de première instance du Plateau, Richard Christophe Adou, reprochait à Alain Lobognon, ex-cadre de la rébellion des Forces nouvelles (FN) et proche de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale d’avoir annoncé le 9 janvier, sur son compte Tweeter, que le parquet avait émis un mandat d’arrêt contre le député Jacques Ehouo, maire élu du Plateau (Abidjan) sous la bannière du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, parti d’Henri Konan Bédié) inculpé pour « détournement de deniers publics).
Tensions autour d’un troisième mandat d’Alassane Ouattara
Le bureau de l’assemblée nationale présidée par Guillaume Soro, qui a démissionné depuis de son poste, avait ordonné l’abandon des poursuites contre Ehouo et la relaxe de Lobognon. Il n’avait pas été suivi par le parquet. Cette situation avait envenimé des relations déjà orageuses entre Guillaume Soro et le président Alassane Ouattara.
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« C’est un procès politique tout simplement parce que monsieur Alain Lobognon est un proche de Guillaume Soro et parce qu’Alain Lobognon s’est prononcé contre la tentative de vouloir faire un troisième mandat du président de la République », avait dénoncé l’ex-ministre Affoussiata Bamba-Lamine, ex-cadre des FN et avocate de formation, avant de rappeler que « la Constitution de la République de Côte d’Ivoire ne lui donne pas de droit à un troisième mandat ».
La question du troisième mandat du président Alassane Ouattara a refait surface depuis que ce dernier est revenu sur ses premières déclarations annonçant son retrait de la vie politique au terme de son deuxième mandat, en 2020. Le 11 février, Amnesty International avait dit craindre une résurgence des « vieux démons » de l’arbitraire et de l’impunité, à l’approche de la présidentielle de 2020.
« Les autorités ivoiriennes doivent mettre fin aux arrestations arbitraires et aux actes de harcèlement ciblant des citoyens en raison de leurs opinions jugées critiques et dissidentes, et libérer immédiatement et sans condition ceux qui ont été placés en détention », a préconisé l’organisation internationale.
Jeune Afrique