Nasrin Sotoudeh a été condamnée à cinq ans de prison pour « rassemblement contre le régime » et à deux ans de prison pour « insulte contre le Guide suprême », selon la déclaration du juge Mohammad Moghiseh rapportée par l’agence semi-officielle Isna. Mais, selon son mari, il y a d’autres peines de prison qui ont été prononcées à l’encontre de cette militante des droits de l’homme, soit au total trente-trois ans d’emprisonnement et 148 coups de fouet pour sept chefs d’accusation.
La déclaration du juge contredit aussi les informations communiquées à Nasrin Sotoudeh par le bureau chargé de l’application des peines dans la prison d’Evin. Il est possible que le juge ait fait allusion aux seules peines prononcées contre elle pour deux de ses sept chefs d’accusation.
Dans un communiqué diffusé ce lundi 11 mars, Amnesty International qualifie la condamnation de cette « éminente avocate iranienne des droits humains et défenseure des droits des femmes […] à 33 ans de prison et 148 coups de fouet » d’« injustice scandaleuse » et demande qu’elle soit « libérée immédiatement ».
« Nasrin Sotoudeh, écrit Amnesty International, a consacré sa vie à la défense des droits des femmes et à la dénonciation de la peine de mort. Il est scandaleux que les autorités iraniennes la punissent pour son travail en faveur des droits humains. Sa condamnation renforce la réputation de l’Iran en tant qu’oppresseur cruel des droits de la femme ».
Amnesty International rappelle que le juge Mohammad Moghiseh a appliqué la peine maximale prévue par la loi à chacun de ses sept chefs d’accusation. L’article 134 du code pénal iranien autorisant les juges à utiliser leur pouvoir discrétionnaire pour infliger une peine plus élevée que celle prévue par la loi lorsque le défendeur fait l’objet de plus de trois chefs d’accusation, le juge lui a infligé quatre années supplémentaires à sa peine totale de prison, la faisant passer du maximum statutaire de 29 à 33 ans.
Agée de 55 ans, Nasrin Sotoudeh a été arrêtée en juin 2018. Elle a défendu des journalistes, des activistes et des opposants arrêtés lors des grandes manifestations de 2009 contre la réélection contestée de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Nasrin Sotoudeh avait elle-même passé trois ans en prison entre 2010 et 2013 pour action « contre la sécurité nationale » et « propagande contre le régime ».
En 2012, elle a reçu le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit par le Parlement européen. Avant son arrestation en juin 2018, elle a pris la défense de plusieurs femmes arrêtées pour avoir enlevé leur voile en public afin de protester contre le port obligatoire du voile depuis la Révolution islamique de 1979.
Nasrin Sotoudeh peut faire appel de sa condamnation.
Par RFI