René Sadi, ce faucon de second rang dans l’échiquier sécuritaire camerounais court à nouveau le risque d’être contredit et désavoué, notamment après la première vague de libération par grâce présidentielle des opposants anglophones et des journalistes, par de nouvelles mesures d’apaisement de son dieu-président Paul Biya dans les prochains jours , à qui il conseille vivement de ne pas dialoguer avec son principal opposant séquestré, Maurice Kamto qui ne serait d’après lui, “qu’un citoyen comme tout le monde”.
L’Indécrottable formatage tyrannique de nombre de ces dignitaires vieillissant de la dictature camerounaise plaide plus que jamais en faveur de leur disparition totale du paysage politique au Cameroun. Parce qu’ils portent une écrasante responsabilité dans l’embrasement continu du pays et doivent pour cela en priorité être frappés par les sanctions internationales, à défaut d’être démis par leur “créateur” du gouvernement où certains siègent depuis parfois trois décennies.
Ça suffit!
JDE
René Sadi: au Cameroun, «Me Dupont-Moretti n’est pas médiateur»
Au Cameroun, le pouvoir répond à l’opposition. Ce week-end, par la voix de l’un de ses avocats français, Éric Dupond-Moretti, le numéro 1 de l’opposition, Maurice Kamto, qui est en prison depuis le 26 janvier, s’est dit prêt à discuter avec le président Biya. Réponse ce mardi de René Sadi, ministre camerounais de la Communication.
Maître Dupond-Moretti, l’un des avocats français de Maurice Kamto, appelle à la sagesse du pouvoir pour que l’on trouve rapidement une solution pour son client. Qu’en pensez-vous ?
René Sadi : Maître Dupont-Moretti est sans aucun doute un avocat de renom. Mais la haute idée que j’ai du barreau camerounais m’incline à penser que nous avons au Cameroun suffisamment d’avocats, tout aussi talentueux que monsieur Moretti, en mesure de défendre monsieur Kamto et ses partisans, sans un recours à l’extérieur. Il y a donc lieu de déplorer cet état de chose. Mais nous déplorons davantage la condescendance. Et les propos désobligeants tenus par monsieur Moretti, dans la lecture des faits, ou alors dans la version qu’il en a reçue, qui sont complètement fausses. Toutes choses qui l’amènent à s’éloigner du terrain juridique pour embrayer sur des considérations politiques, car, devrais-je le redire, les chefs d’accusation qui ont motivé l’arrestation de monsieur Kamto et ses partisans, ainsi que leur mise en détention provisoire, sont clairs et conformes aux lois et règlements du Cameroun. On ne saurait donc les qualifier d’ « arbitraires » ou d’ « ubuesques », comme l’a affirmé péremptoirement monsieur Moretti.
Dans son interview sur RFI ce lundi matin, maître Dupond-Moretti prête à son client Maurice Kamto les mots suivant « Je souhaite dire un certain nombre de choses au président Biya. Je ne veux pas mettre de l’huile sur le feu, mais je veux aussi qu’on respecte mes droits » …
Nous demandons à monsieur Moretti, qui n’est pas venu au Cameroun comme médiateur, et qui au demeurant se défend d’être un donneur de leçons ou un incendiaire, de s’en tenir strictement à la mission qui est la sienne, c’est-à-dire assurer la défense de ses clients devant la justice camerounaise et non pas se faire l’écho d’arguments ineptes ou de revendications surréalistes à propos d’une prétendue victoire donnée à monsieur Kamto. Alors qu’il est clair pour tout le monde, y compris pour monsieur Kamto lui-même, qu’il n’a pas gagné, qu’il n’aurait jamais pu gagner l’élection présidentielle au Cameroun, du fait notamment d’une assise politique encore limitée.
Mais la demande faite par monsieur Kamto d’une rencontre avec son ex-adversaire Paul Biya, n’est-ce pas un geste d’ouverture ?
Le président Biya ne peut pas être considéré comme étant à mettre sur un même pied d’égalité que monsieur Kamto. Monsieur Kamto est un citoyen comme tout le monde. Je crois qu’il doit aujourd’hui cesser de se considérer comme un alter ego.
Mais n’est-il pas un prisonnier politique, comme disent tous les membres de son parti et lui-même ?
Non. Il n’existe pas d’infraction politique au Cameroun. Personne n’a été privé de sa liberté pour des opinions ou des actes politiques. Je tiens à préciser que monsieur Kamto et ses partisans sont devant la justice camerounaise pour des faits n’ayant aucun rapport avec leur engagement politique. Ce qu’il convient de rappeler, c’est que monsieur Kamto et ses partisans ont planifié une série d’activités répréhensibles pour lesquelles ils ont à répondre aujourd’hui, devant la justice camerounaise.
Les accusés risquent la peine de mort alors qu’ils n’ont tué personne. Est-ce que cela ne peut pas paraître choquant ?
Les lois sont les lois, et la justice appréciera. J’imagine qu’il appartient aux juges camerounais d’apprécier la validité des faits des uns et des autres, et de prendre les sentences que les uns et les autres méritent.
Sur le fond du dossier, Maurice Kamto est un civil. Alors pourquoi doit-il comparaître devant un tribunal militaire ?
Au Cameroun, le tribunal militaire n’est pas un tribunal d’exception. C’est un tribunal à compétence spéciale. Donc je crois qu’il est tout à fait compétent, pour connaître des cas comme celui de Maurice Kamto, qui sont considérés comme des faits de droit commun.
L’Union européenne, par la voix de Federica Mogherini, dénonce « l’ouverture de procédures disproportionnées » à l’encontre de Maurice Kamto et de ses quelque 160 compagnons de détention. Est-ce que tout cela ne nuit pas à l’image de votre pays ?
Non. Maurice Kamto et ses partisans ont été interpellés. Ils ont été incarcérés, non pas pour des faits d’ordre politique, mais pour des faits de droit commun. Ils ont appelé à l’insurrection, ils ont appelé à des manifestations interdites. Vous vous souvenez de la mise à sac des ambassades du Cameroun à Paris, à Berlin, qui sont le fait de partisans de monsieur Maurice Kamto. Et nul ne peut nier que tous ces actes ont été commis à l’appel de monsieur Maurice Kamto et de ses partisans. Donc les manifestations publiques ont été contenues. Il n’y a pas eu usage de balles réelles contre les manifestants, et toutes ces personnes ont été traduites devant les juridictions camerounaises conformément aux lois et aux règlements de la République.
A plusieurs reprises, Maurice Kamto a dénoncé les attaques des ambassades du Cameroun à l’étranger. Côté américain, le secrétaire d’État adjoint aux États-Unis pour les affaires africaines, Tibor Nagy, déclare « qu’il serait sage de libérer Maurice Kamto ». N’est-ce pas un avis qui pèse quand même, celui de votre allié américain ?
Ces affirmations sont des affirmations non fondées. Nous devons tous attendre des décisions qui seront prises par notre justice, qui est une justice indépendante, composée de magistrats expérimentés, qui ne subissent aucune influence de la part des pouvoirs publics, et qui sauront rendre justice.
Est-ce que l’audience que le président Paul Biya a accordée ce lundi au sous-secrétaire d’Etat américain, Tibor Nagy, à Yaoundé peut faire avancer le dossier Maurice Kamto ?
De ce que je sais de l’audience, ces questions n’ont pas été évoquées. Cette audience s’est déroulée dans de très bonnes conditions. Le chef de l’Etat et son hôte ont passé en revue les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis. Ces relations sont excellentes. Les propos de circonstance qu’on a pu entendre ces derniers temps n’ont en aucune façon porté atteinte aux excellentes relations entre les Etats-Unis et le Cameroun. Monsieur Tibor Nagy l’a lui-même déclaré à la sortie de l’audience, où il a réitéré que les relations entre Yaoundé et Washington sont parfaites. De même, a-t-il ajouté, que les perspectives d’avenir entre les deux pays iront en se renforçant sur tous les plans, notamment au plan commercial, et que nos deux gouvernements vont œuvrer dans ce sens. Enfin après avoir affirmé l’attachement des Etats-Unis à la stabilité, et à l’indivisibilité du Cameroun, il a rendu un vibrant hommage au président Paul Biya dont il a apprécié la sagesse et l’intelligence.
Parmi les propos de circonstances de Tibor Nagy, il y a notamment cette déclaration, c’était sur RFI il y a quelques jours, sur la crise anglophone. Le sous-secrétaire d’Etat américain a déclaré que la crise pourrait être surmontée si par exemple, les gouverneurs des provinces du nord-ouest et du sud-ouest étaient élus par les populations de ces deux provinces…
Le processus de décentralisation est en cours. Dans les mois qui viennent certainement, des élections régionales seront organisées, et des conseillers régionaux seront élus. Les personnalités locales, les différentes régions auront naturellement des pouvoirs accrus pour elles-mêmes assumer leurs responsabilités locales. Mais monsieur Nagy a saisi l’occasion pour suggérer au gouvernement camerounais d’organiser des rencontres, des concertations. Nous accédons à ce genre de propositions. De toute façon, le président Biya n’a fait que justement essayer de tendre la main à ses compatriotes. Des initiatives ont été prises pour sensibiliser les populations de la région, pour essayer de faire en sorte que les uns et les autres entendent raison. Et aujourd’hui, comme vous le savez, une commission pour faire appel à nos compatriotes égarés a été mise en place. Et la main leur est tendue. Le processus est en cours. Nous pensons que toutes ces initiatives permettront au Cameroun, dans les délais assez brefs, de rétablir la stabilité, l’ordre et la paix dans les deux régions du nord-ouest et du sud-ouest.
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M. RENE SADI…
PAUL BIYA EST PEUT-ÊTRE VOTRE ” dieu “, MAIS IL N’EST PAS DIEU POUR NE PAS RECEVOIR SES CONCITOYENS AU PALAIS DE L’UNITÉ DANS L’INTERET SUPÉRIEUR DE NOTRE PAYS !
Quand le président malien, Ibrahim Boubakar Keita, reçoit le leader de l’opposition ou les principales figures de la classe politique du pays de Soundiata, est-ce parce qu’ils sont au même niveau ? Il y’a des moments où un chef d’État doit sortir de sa tour d’ivoire pour échanger, confronter et soupeser les points de vue avec ses concitoyens, en temps de crise, perils ou de situation critique. Cela s’appelle l’humilité des grands et la sagesse des patriotes !
Quand Mugabe et Tsvangirai se sont rencontrés au plus fort de la crise post-electorale au Zimbabwe, était – ce parce que le veteran de l’Indépendance de l’ex-Rhodesie du Sud était devenu couard, poltron ou n’avait plus la criniere d’un lion ? Non, il fallait décanter la situation et décrisper l’atmosphère, dans l’interet supérieur de ce beau pays, à travers notamment la formation d’un Gouvernement dit d’Union Nationale.
Quand Uhuru Kenyatta et Raila Odinga se concertent, enterrent ces haches de guerre tribales et civiles qui plombent tant l’Afrique, est-ce parce que le fils de Jomo Kenyatta a cessé d’être le pharaon Thoutmousis III ou Ramses II ? Non, un chef d’Etat, dans un pays où le thé est un art, sait qu’il n’a pas la science politique infuse.
Quand, en France, chez ceux que le président Paul Biya a un jour désigné comme ses maîtres, Hollande ou Macron reçoivent Le Pen, Melenchon ou débattent avec le peuple et les intellectuels, comme hier au Palais de l’Elysee, est-ce parce qu’ils ont cesse d’être les Roi-Soleil, Napoleon ou Bonaparte de leur temps ? Non, c’est juste qu’il faut dans des temps heurtes et troubles savoir donner un cadre aux colères.
Nous pouvons multiplier à l’infini ces exemples de sens politique, de hauteur et de dépassement de soi.
Notre pays, après l’élection présidentielle de 2018, quoi que vous pensiez et quoi que vous commande ou suggéré votre loyauté au président, devrait pour se remettre sur les rails, non comme ces locomotives d’un autre temps récemment acquises par Camrail, s’astreindre à ce triptyque :
– Le devoir d’humilité :
quand on est élu dans des résultats contestes par moins de 10 % des Camerounais, quand on ne mobilise que la moitié des inscrits sur les listes électorales, on devrait questionner après plus de trois décennies, sa légitimité. Et donc se rendre compte qu’il faut la nourrir de formes nouvelles de recherche du consensus, de reformulation du contrat social et de remodelage de l’idée de Nation, au milieu de tant de crises dans un pays si beau et doté par la Providence.
– L’impératif du Dialogue :
face à la multiplication des tensions et de ces crises ( societale, politiques, morale, economique ), on ne peut plus se contenter des oukases de M. Atanga Nji, du pretexte douteux des saccages condamnables des ambassades, du bruit assourdissant des assauts de la Grande Muette dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, de la contemplation du feu roulant des secessionnistes, de la surpopulation de nos prisons par les opposants, victimes de la reinvention de la dictature sous nos cieux… Il faut un appel d’air pour que tous les enfants de ce pays se mettent autour d’une Table et non, à table, pour certains qui ont préféré à l’interet collectif, la cuillere du decret pour soi.
– Un programme de réenchantement de notre pays :
Votre collègue des Finances, ex patron de l’Economie l’a avoué : le Document de Strategie pour la Croissance et l’Emploi, boussole de l’emergence projetee, n’a pas atteint ses objectifs et n’est plus operationnel. Sa première période de mise en oeuvre ( 2010-2020 ) est déjà un echec. Il faut de nouveaux outils comme en temoigne, au delà de la pompe, les preoccupations et débats du Cameroon Business Forum, tenu en début de semaine.
De cet echec comme de bien d’autres, les Camerounais peuvent concevoir de nouveaux logiciels. Ils peuvent travailler sur cette ces thèmes majeurs et surprendre le monde avec des outils nouveaux : de la loi électorale inequitable et conflictogene, du toilettage de la Constitution, de la penalisation de l’incitation à la haine, l’injure et la discrimination tribales, de la promotion d’une nouvelle cohésion et solidarité nationales, de la forme de l’Etat, de la création d’emplois et du sort de la jeunesse, de nos champions nationaux, de l’integration africaine et de la sortie du f.cfa, des libertés et droits humains, bref de ces mille sujets, reflets des enjeux et défis de notre pays.
Pour cela, les leaders de l’opposition, les figures de la vie publique, les hommes et femmes de pensée et d’idees, la classe d’affaires, devraient avoir porte largement ouverte au Palais d’Etoudi. Ahidjo, en y recevant Biya en 1982, ne lui avait pas donné un verrou, mais une clé : celle d’un locataire, jamais roi ou demiurge, qui doit accueillir des réunions du syndicat de co-propriete. Dans l’interet du pays de Douala Manga Bell, Um Nyobe, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié et Martin Paul Samba.