Ce camerounais d’origine anglophone, détenu à la prison centrale de Yaoundé depuis début 2016, paye de sa liberté pour avoir informé les autorités et services secrets camerounais d’un plan de déstabilisation du Cameroun par la zone anglophone dont il a refusé de prendre la tête comme le lui ont proposé des diplomates occidentaux, selon ses dires. Patrice Awoung Fotabong s’est confié au Comité de Libération des Prisonniers Politiques.
De tous les prisonniers politiques du pouvoir de Yaoundé, il est celui dont on parle le moins. Pour rencontrer Patrice Awoung Fotabong, il faut se rendre au quartier 1 local 28 à la prison centrale de Yaoundé. Les détenus lui donnent du « président » pour avoir déclaré sa candidature aux présidentielles de 2011 et 2018. Son ambition de diriger le Cameroun, le leader de Vérité et Pouvoir au Peuple Camerounais (VPPC) ne la cache plus. Ce jeune opérateur économique aujourd’hui âgé de 40 ans, originaire du département du Lebialem dans le Cameroun anglophone, languit dans cet enfer carcéral depuis avril 2016 sans jugement.
Ne parlez surtout pas de son procès au Tribunal militaire où il est accusé d’hostilité contre la patrie. C’en est une parodie.
Un procès qui se rallonge de renvoi en renvoi. Depuis plus de 3 ans. Son titre de détention dans cette géhenne carcérale est en réalité un bon de garde-à-vue ! Une injustice à vous arracher les cheveux. Patrice Fotabong dit en être victime juste parce qu’il a posé un acte patriotique.
Contacté par le Comité de Libération des Prisonniers Politiques, l’homme politique raconte qu’après le rejet de sa candidature pour la présidentielle par Elections Cameroon (organe en charge de gérer le processus électoral) en 2011, il a rencontré certains hommes politiques français dont le Premier Ministre de l’ancien président, Nicolas Sarkozy, François Fillon ainsi que des diplomates européens et nord-américain : « j’ai eu des propositions de soutien, soutien militaire et financier, il était question que je sois à la tête d’un mouvement de déstabilisation du Cameroun par la zone anglophone, des propositions que j’ai rejetées », se souvient le jeune homme politique. Nous sommes courant 2012.
Après avoir décliné cette offre, Patrice Fotabong dit avoir informé des années après les autorités camerounaises notamment le ministre de l’Administration territoriale de l’époque René Sadi, d’un prochain soulèvement en zone anglophone du Cameroun que des officiels occidentaux lui auraient proposé de conduire. Même les responsables des services secrets et de sécurité ont été mis au parfum de ce plan: « le patron de la Délégation générale de la recherche extérieure (services secrets, ndlr), Eko Eko Maxime, le colonel Bamkoui, à l’époque patron des renseignements au secrétariat d’État à la défense (gendarmerie nationale, ndlr) et tous les responsables dudit secrétariat étaient au courant de cela», raconte le jeune homme politique qui dit avoir été arrêté quelques mois après son retour au Cameroun en janvier 2016 pour, dit-il, «étouffer l’affaire».
Si l’on s’en tient à ce récit, les autorités politico-sécuritaires du Cameroun ont été mises au parfum d’un plan de déstabilisation du pays à partir de la zone anglophone. Elles n’ont pris aucune disposition mais séquestre en prison celui qui les a mis la puce à l’oreille en l’accusant de vouloir déstabiliser le pays avec l’aide des pays occidentaux. Quoi qu’il en soit, la situation carcérale de l’homme politique camerounais cache mal une affaire d’État qui ne tardera sans doute pas à dévoiler ses secrets dans les prochains jours.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
Ci-dessous, message de Patrice Awoung Fotabon en 2011:
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