Dénonçons et combattons aussi le tribalisme de complaisance amicale, sentimentale, conjugale et filiale
En effet de ce tribalisme d’État au Cameroun qui – comme le racisme, la xénophobie, ou l’homophobie (ceux qui combattent ces fléaux le savent, notamment à SOS racisme), parvient parfois à se noyer et se cacher de manière très subtile dans des liens de mariage et d’amitié (souvent de longue date avec les ressortissants d’autres ethnies ou tribus de ce pays), conférant à ses auteurs une forme d’impunité totale.
Parlons-en aussi!!
Car la crise post-electorale et la revendication (à tort ou à raison) par le principal opposant séquestré Maurice Kamto de sa victoire présidentielle « volée » par l’inamovible despote Paul Biya, a été le révélateur d’une étrange conception particulièrement discriminante et segrégante de l »État, des institutions de la République, et surtout des personnes supposées être les seules habitées à les incarner à la magistrature suprême.
Nombre d’entre-nous avons alors découvert avec stupéfaction que certains nos sœurs, frères, amis, camarades de luttes et même confidents de longue date ne pouvaient admettre l’accession de tel ou tel ressortissant camerounais à la présidence de la République, uniquement en raison de son origine ethnique et/ou de sa tribu.
Cet abcès mériterait d’être définitivement crevé, au moment où nous militons et agissons en faveur d’une pénalisation au moins institutionnelle du tribalisme au Cameroun. Afin de promouvoir la cohésion nationale et cet indispensable vivre ensemble qui ont permis à des générations successives de camerounais de cohabiter en paix, de tisser des liens de tous ordres entre-eux, parvenant à constituer cet ensemble multiculturel d’apparence homogène et métissée qui faisait notre fierté sur le continent et au-delà.
Non messieurs et mesdames les tribalistes, être l’ami de longue date, marié et même avoir des enfants avec une personne d’une autre ethnie ou tribu ne vous confère automatiquement pas un brevet de respectabilité tribale, et ne vous assure surtout pas une impunité tribaliste totale.
Quand le tribalisme devient d’État comme il l’est devenu sous le règne trentenaire de Paul Biya, obéissant d’abord à un agenda politique de conservation puis de perpétuation clanique, tribale, voire familiale d’un pouvoir autoritaire…. Alléguer simplement d’un lien amical ou de filiation pour relayer puis distiller en filigrane d’un despotisme légal toute la gamme du discours tribaliste haineux du pouvoir en place participe aussi de cette entourloupe officielle qui mérite d’être une fois pour toute mise en lumière et combattue avec fermeté par les organisations de la société civile, les pouvoirs publics, les instances internationales.
Parce que, et n’en déplaise aux panafricanistes et autres souverainistes identitaires, le tribalisme est aussi nocif à la société camerounaise et africaine en général que le sont le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, l’homophobie, l’islamophobie en Occident. Il est criminel et mortifère.
Je lui mène un combat de tous les instants sans la moindre réserve ou concession.
Joel Didier Engo, Président du Comité de Libération des Politiques – CL2P