Rencontré par nos confrères du quotidien Le Jour, Célestin Djamen se porte mieux après deux mois extrêmement difficiles.
Le quotidien Le Jour poursuit sa série sur les leaders et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), en détention depuis plus de deux mois.
Dans son numéro paru le 5 avril 2019, le journal fait un zoom sur Célestin Djamen, le Secrétaire national chargé des droits de l’Homme et de la gouvernance au sein du MRC.
Il fait partie de ceux qui ont payé un lourd tribut à la suite des manifestations du 26 janvier 2019. L’homme politique, âgé de 54 ans, a reçu une balle au niveau de sa jambe alors qu’il tentait d’échapper aux forces de l’ordre. “Le projectile aurait pu lui être logé dans le crane si l’ordre initial avait été respecté. Ce fameux 26 janvier, les policiers ne lui ont fait aucun cadeau.
Il s’était retrouvé pris au piège, à leur merci, dos au mur dans cette ruelle qui ne donnait nulle part au quartier Makepe à Douala. Djamen était cerné non loin de la résidence de Petit Pays, la star de la musique.
Il ne pouvait ni avancer, ni reculer, ni même bifurquer à gauche ou à droite. Il y avait ce commissaire de police qui commandait un groupe de subalternes. Seul contre tous, l’opposant politique avait pourtant refusé d’exécuter un ordre: s’asseoir par terre. Il se souvient avoir valsé jusqu’au sol après avoir reçu un coup de pied. En langage camerounais, il avait reçu une chandelle”, relate notre confrère.
Djamen fait savoir qu'”une voix a demandé qu’on me tire une balle dans le tête. Quelques secondes se sont écoulées, puis un coup de feu a retenti. Sur le coup, je n’ai rien ressenti.
J’étais immobile”. C’est le début de la souffrance de l’ancien militant du Social Democratic Front (SDF). Transporté à l’hôpital général de Douala, il y sera extrait le 28 janvier et conduit à Yaoundé, au même titre que Maurice Kamto, Albert Dzongang et Christian Penda Ekoka. “Les voitures allaient très vite. Malgré mon état de santé précaire, j’ai été menotté comme tous les autres. Durant le trajet, j’ai fini par faire pipi sur moi après avoir en vain demandé un arrêt.
Au niveau du péage de Boumnyebel, j’ai réitéré ma demande qui a été validé. Je suis sorti les mains menottées. Lorsque j’ai réussi enfin à défaire mon pantalon, une partie des urines coulait déjà sur moi”, raconte l’ancien employé à Orange France.
Ses misères vont se poursuivre au SED (Secrétariat d’Etat à la Défense), après un bref séjour GSO (Groupement Spécial d’Opération). Outre sa blessure qui ne reçoit pas le traitement appropriée, Djamen est victime de traitements à la fois humiliants et dégradants. “Nous étions massés dans la cour arrière du SED. C’était l’heure de la manœuvre pour les gendarmes. Ils ont promis de nous mener la vie dure, de nous faire passer l’envie de faire d’autres marches, de nous faire regretter d’être venu au SED. Pour commencer, tout le monde a reçu l’ordre de s’asseoir par terre.
En plus des insultes parfois tribalistes, les coups de rangers étaient distribués à la volée. Puis il a fallu se déshabiller. Mon cas a été particulier. Bien que boitant, j’ai été plaqué contre le mur par un gendarme qui m’a demandé d’enlever mes vêtements. Il ne me restait plus que le short lorsqu’il m’a intimé l’ordre de l’enlever aussi. Stupéfait, j’ai hésité. Alors, il a sorti un couteau et a violemment coupé la corde de mon short qui est tombé à mes pieds. Humiliation suprême car, je n’ai rien en dessous. Il m’a fallu du temps pour remonter mon short et le tenir d’une main”, raconte un homme que Le Jour décrie comme ému au moment d’évoquer ce souvenir.
Depuis le 13 février, Célestin Djamen est, comme ses compagnons, logé à la prison principale de Kondengui à Yaoundé. Il se remet peu à peu de sa blessure. “Je reçois les soins tous les jours”, confie le détenu. Sa force, ce juriste ayant suivi un cycle de DESS à l’Université Paris II-(Assas) – Panthéon Sorbonne, la tire de son épouse, Elise, qui le soutient face à cette nouvelle épreuve dans son engagement politique.
Par Fred BIHINA