Le dernier passage de Cabral Libii à Vision 4 a été très instructif. En effet, alors que le monde observe la révolution pacifique qui transforme l’Algérie et le Soudan avec émerveillement, il est clair qu’au Cameroun, le président Paul Biya commence à devenir nerveux et la panique gagne ses milices. Plusieurs d’entre nous qui nous opposons au régime autocratique de Biya n’avons pas d’autre alternative que d’accentuer cette pression jusqu’à sa chute.
Et indéniablement la révolte contre la répression systémique des autorités camerounaises s’intensifie. Il arrive fréquemment au CL2P de demander si Biya et son régime réalisent vraiment que nous vivons en 2019, et que malgré tous leurs efforts, nous trouverons toujours une voix pour exprimer notre mécontentement : que ce soit dans la rue ou en ligne, ils ne peuvent plus nous faire taire.
Ainsi, en parlant de mécontentement, Cabral Libii est le dernier à exprimer son indignation sur le plateau de télévision Vision 4. Le CL2P reconnaît tout d’abord sa position politique et ses idées qui devraient nous intéresser, pas seulement sa personne.
Le CL2P a certes souvent été acerbe dans sa critique sur ce jeune leader politique Camerounais, parce qu’il nous était simplement difficile de lui faire confiance et d’imaginer par son positionnement équivoque de l’après dernier hold-up électoral qu’il était de notre côté, celui consistant à défendre à tout prix les droits humains et l’alternance démocratique au Cameroun. Il semblait davantage agir comme un politicien égoïste, notamment dans sa mobilisation relativement faible et distante contre l’incarcération arbitraire des autres opposants légitimes de ce pays (Maurice Kamto et ses camarades pour ne pas les nommer).
Force est d’ailleurs de reconnaître que le Cameroun ne fait pas exception en la matière. Car y compris dans les vieilles démocraties, les Hommes politiques ont tendance à surfer sur les déboires de leurs collègues, quand bien même ces derniers font l’objet de poursuites arbitraires et qu’ils s’en montrent d’abord indignés. C’est une des raisons pour lesquelles le CL2P déplore et condamne toutes ces attaques qui se concentrent uniquement sur la personne et/ou la cupidité alléguée de Cabral Libii. Alors même que la cohérence de son discours contre le régime en place et certaines de ses propositions mériteraient aussi de nourrir notre réflexion d’ensemble sur un système politique indéniablement à bout de souffle.
Cela dit, exprimer son mécontentement contre le régime de Biya n’est pas un programme politique.
Car la politique ne devrait pas porter sur les attributs des gens, mais sur leurs valeurs et leurs actions. Dans la pratique, le caractère importe et les politiciens doivent être capables de prendre des positions morales courageuses, y compris sur une imposture électorale. Au moment où nous parlons, M. Libii est toujours trop optimiste quant aux « réformes » espérées du régime de Biya, au point de positionner déjà son parti pour les prochaines élections législatives et locales contrôlées de bout en bout par le régime de Biya, en actant sans le dire l’élimination carcérale de ses autres concurrents légitimes du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du professeur Maurice Kamto.
Ce que les gens doivent savoir, c’est que quiconque ne défend pas les droits de l’Homme et la Justice est à la fois sans principe et stupide.
Sans principe, car il ne se soucie pas de protéger les libertés qui sont essentielles pour exposer les crimes du gouvernement, et insensé parce que l’autoritarisme (contrairement à ce qui pensent quelques petits égoïstes et arrivistes) ne vient pas tout à la fois et d’un seul coup. Il avance lentement, en se normalisant petit à petit, jusqu’à ce que vous ne réalisiez pas qu’il est trop tard (y compris pour vous qui pensiez être aux petits soins du régime en place, sous bonne escorte de ses milices, reçu par ses représentants au nom voulu de la république…). Il s’est ainsi déployé pour Edzoa, Atangana, Engo, Marafa, Mebara, Kamto, etc….Alors si vous ne dites rien, soyez-en assurés, ils viendront aussi vous chercher le moment venu.
C’est pourquoi nous n’avons en réalité pas d’autre choix au Cameroun, que de lutter sans la moindre compromission contre l’injustice sociale et la tyrannie serpentine. Sinon les choses ne peuvent et ne pourront que s’aggraver pour nous tous.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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English version
When Cabral gets Real
The last passage of Cabral Libii at Vision 4 was very informative. Indeed, as the world watches the peaceful revolution that is changing Algeria and Sudan in awe and amazement, it is clear that in Cameroon, President Paul Biya is getting nervous. Several of us who oppose Biya’s autocratic rule are increasing the pressure on the regime.
Indeed, outrage is growing against the repression by Cameroonian’s authorities. The CL2P wonders if Biya and his regime realize we are living in 2019. No matter how hard they try, we will always find a voice to express our discontent, whether it is on the streets or online, he cannot silence us.
Thus, talking about discontents, Cabral Libii is the latest to express his outrage in Vision 4. The CL2P recognizes, first of all, his political position and his ideas that should interest us, not only his person
The CL2P has certainly often been acerbic against this young Cameroonian political leader because he made it hard to trust him to be on our side which is the defense of human rights at all cost. He seems to act like another self-serving politicians, especially with regard to his weak mobilization against the arbitrary incarceration of other legitimate opponents of this country (Maurice Kamto and his comrades not to name them).
It must be recognized that Cameroon is no exception in this respect. Because even in the old democracies, politicians tend to surf the woes of their colleagues, even if they are subject to arbitrary prosecution and they are openly indignant.
This is one of the reasons the CL2P deplores and condemns all those attacks that focus on the person and / or the alleged cupidity of Cabral Libii. Even as the coherence of his speech against the regime in place and some of its proposals deserve to feed our overall reflection on a political system undeniably out of breath.
Having said that, expressing discontents against the Biya’s regime is not a political program.
Thus, politics shouldn’t be about people’s attributes, it should be about their values and actions. In practice, character matters and politicians must be able to take courageous moral stands. As we speak, Mr. Libii is still too optimistic about the “reforms” of the Biya’s regime by allowing his party to compete in the next parliamentary and local elections controlled by the Biya’s regime.
What people need to know is that anyone who doesn’t stick up for human rights and justice is both unprincipled and foolish. Unprincipled, because they don’t care about protecting the liberties that are essential to exposing government crimes, and foolish because authoritarianism doesn’t come all at once. It creeps slowly, normalizing itself bit by bit, until you don’t realize that it’s too late. First they came for the like of Edzoa, Atangana, Engo, Marafa, and Kamto etc… If you say nothing, they’re coming for you next.
Thus, we have no choice but to fight for social equality and justice or things will only get worse and worse for all of us.