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Koro-Toro: un terrible bagne en plein désert tchadien réservé pour la punition des voix discordantes
Le 18 décembre 2016, le ministre de la justice, Garde des Sceaux, chargé des Droits de l’Homme, M.Hamid Mahamat Dahalop a visité la prison d’Am-Sinéné dans le faubourg de N’Djamena. C’était pour s’enquérir des conditions de détention des prisonniers, selon le ministère de la Justice.
On aurait aimé que le ministre poursuive sa visite jusqu’au bagne de Koro-Toro, situé dans la région du Borkou, en plein désert, à quelques encablures de là où a été découvert en 2001 le crâne fossile de Toumaï, notre ancêtre le plus vieux du monde.
C’est le plus sinistre et le plus meurtrier des bagnes connus sous le régime du Président Idriss Déby.
Ce dernier le gère personnellement et directement. Seules les personnes arrêtées sur son ordre personnel y sont logés. Première spécificité, aucun des détenus n’y a été admis au terme de procédures légales. En effet, personne n’est passé devant un quelconque procureur, juge, ou tribunal avant d’atterrir à Koro Toro.
Les arrestations, les envois et les libérations sont donnés personnellement par Idriss Déby.
Aucun des détenus n’a jamais vu un juge moins encore un avocat, le lieu est gardé par la tristement célèbre Garde Nationale et Nomade du Tchad (GNNT), une milice créée et entretenue aux frais de l’État, mais mise à la disposition unique de Déby comme la Direction Générale des services de sécurité des Institutions de l’État (DGSSIE), mais ont des tâches différentes. La DGSSIE s’occupe des aspects militaires, une armée privée, par contre la GNNT est en même temps la police, la gendarmerie, les douanes pour le compte de l’homme qui tient d’une main de fer depuis 27 ans ce malheureux pays d’Afrique centrale.
Il y a des milliers des détenus à Koro-Toro: des simples citoyens ayant eu une altercation anodine avec un parent de Déby, un citoyen qui a prononcé un mot jugé déplacé par les bouffons de Déby, un homme politique jugé irréductible vis à vis du régime, des anciens rebelles, etc…
Il y a autant des prisonniers que des tombes, inconnues, anonymes. Aucun ministre de la justice n’a mis les pieds à Koro-Toro, l’Assemblée nationale est sourde muette en la matière, l’opposition dite démocratique n’a jamais interpellé le gouvernement, quant aux ONG des droits de l’homme, seule la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (C.T.D.D.H) a osé faire cas, les autres sont inexistants sans parler des ONG internationales.
Le Président Idriss Déby gère personnellement la vie et la mort des tchadiens au grès de ses états d’âme et de ses humeurs sans que personne n’ose lui demander des comptes.
Comment de temps encore les Tchadiens doivent subir la tyrannie d’un seul homme ?
Faudra-t-il attendre le jour où le régime d’Idriss Déby tombera pour voir sortir des squelettes des murs de Koro Toro, exactement comme avec les camps de concentration nazis, à Auschwitz à la fin de la deuxième guerre mondiale ?
Par Beremadji Félix, Tchadactuel