Politique morale, Exilés politiques et Rapatriement en autocratie
Comme pour la nouvelle politique abusive du régime Biya visant à retenir les exilés politiques qui rentrent chez eux au Cameroun, puis les piéger dans sa vaste prison à ciel ouvert, il est important de noter que la littérature sur les droits des États de déterminer qui peut résider sur leur territoire est très dense.
En effet, il existe une littérature abondante sur l’immigration, les frontières, les réfugiés et les exilés politiques. Cependant, relativement peu de travail a été fait sur les questions concernant le traitement adéquat des exilés politiques (de fait) lorsqu’ils sont rentrés chez eux, leur pays d’origine. De ces questions émergent d’autres supplémentaires concernant le rapatriement de force de ces exilés politiques par les gouvernements de leurs pays d’origine.
Comme le gouvernement camerounais le démontre, il est fréquent que même le séjour volontaire dans leurs pays d’origine soit dangereux et très risqué; surtout si le souhait desdits exilés de rentrer chez eux se fait de manière involontaire (motivé notamment par des obligations et traditions familiales ou culturelles etc…). Des préoccupations morales distinctives apparaissent alors rapidement. Car ces abus de pouvoir ne se limitent pas aux revues scientifiques, mais deviennent bien pratiques sur le terrain tel qu’on le voit au Cameroun, avec enlèvement d’exilés et réfugiés politiques aux aéroports puis leur « rapatriement » de force sous la pression internationale, à l’instar de celui de l‘activiste des droits de l’Homme Patrice Nganang en décembre 2017. Ce qui est complètement absurde parce qu‘un natif du Cameroun, y compris lorsqu’il est détenteur d’une nationalité étrangère, ne peut pas être « rapatrié » vers un autre pays d’accueil ou simplement « dénationalisé » par le fait du prince, comme nous le renseignent la documentation sur ces abus de pouvoir.
C’est là que des organisations de défense des droits de l’Homme telles que le CL2P peuvent aider à tirer la sonnette d’alarme sur la multiplication des pratiques de détentions illégales sous le régime de Biya, afin de garantir que les exilés et réfugiés politiques, les activistes des droits humains, et les simples dissidents même d’origine camerounaises puissent après avoir séjourné au Cameroun, retourner en toute sécurité dans leurs pays d’accueil respectifs sans être illégalement arrêtés, détenus, puis « rapatriés » par un régime autocratique sous la pression internationale.
À l’évidence nous méritons mieux que ce régime, qui n’apprécie évidemment pas que nous regardions de près ses abominables violations des droits humains, et veut tourner nos regards uniquement sur l’image trompeuse qu’il aime véhiculer auprès de ses partenaires internationaux d’être une « démocratie apaisée » .
Pourtant il est clair qu’avec ces enlèvements inquiétants et documentés d’exilés et réfugiés politiques camerounais aux aéroports du Cameroun, le régime de Yaoundé déroge à toutes les normes internationales et n’a surtout aucune intention de faciliter le séjour de ces ressortissants camerounais chez eux.
Il est donc du devoir des organisations de défense des droits de l’homme de sensibiliser les instances internationales sur l’ampleur du phénomène, puis de continuer inlassablement à faire pression sur un régime qui démontre à maintes reprises qu’il s’en fiche des droits humains. À ce titre, nous continuerons à recueillir des données factuelles sur ces exilés politiques camerounais détenus au Cameroun, tout en faisant pression sur le gouvernement pour qu’il respecte enfin ses obligations internationales.
En conclusion, avec ces exilés politiques interpellés aux aéroports internationaux du Cameroun, en plus de tous les prisonniers politiques que nous défendons déjà, le CL2P est confronté à une tâche ardue car le nombre de personnes à qui l’on dénie les droits civils et politiques augmente de façon astronomique au Cameroun. Nous sollicitons et acceptons d’emblée toutes les aides d’où qu’elles viennent de personnes de bonne conscience, afin de venir à bout de cette véritable chasse aux sorcières caractérisée de nature politique et tribaliste.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Moral Politics, Political exiles and Repatriation in Autocracy
As with the Biya’s regime new abusive policy to detain political exiles returning home and trapping them in its hell, it is important to note that the literature on states’ rights to determine who may reside within their territory is very large.
Accordingly, there is a large literature on immigration, borders, asylum, and political exiles. However, relatively little work has been done on questions concerning how political exiles are treated when they returned home. From these questions, emerge additional issues concerning the repatriation of political exiles. As the Cameroonian’s government demonstrates, it is frequently the case that repatriation is dangerous and risky; especially, if the refugees’ desire to repatriate is arguably non-voluntary.
Distinctive moral concerns quickly come into view. These abuses of power cannot simply be restricted to academic journals but how practices taking place on the field such as kidnapping of political exiles or “repatriation” of human right activists such as Patrice Nganang which is completely absurd since a Cameroonian citizen cannot be “repatriated” to another country or simply “de-nationalized,” are informing on these abuses of power.
This is where human right organization such as the CL2P can help in sounding the alarm on the Biya’s regime illegal practices of detention to make sure political exiles can return safely to their respective host countries without being illegally detained by an autocratic regime. We deserve better than this regime, which wants us to look past his abysmal human right records and focus only on the image of “appeased democracy” it wants to project.
Hence, as with these disturbing kidnapping of political exiles at the airport, it is clear that the regime of Yaoundé has no policy to accommodate political exiles returning home. Thus, human right organizations must continue to put pressure on a regime that is demonstrating, repeatedly, that it has no use for human rights.
As such, human right organizations, such as the CL2P, will continue to gather data on political exiles being detained in Cameroon while putting pressure on the government to live up to its obligations.
Taken together, with this political exiles being detained at the airport, on top of, all the political prisoners we are defending already, the CL2P is facing a tough task with the number of people being denied their civil rights is rising astronomically in Cameroon. We will accept all help we can get from people of conscience.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P