Le Premier ministre du Cameroun, Joseph Dion Ngute, arrivé jeudi à Bamenda, dans le Nord-Ouest, l’une des deux régions anglophones, a déclaré que le pouvoir était prêt à organiser un dialogue pour résoudre le conflit avec les séparatistes.
“A part l’indivisibilité du Cameroun, le président de la République est prêt à organiser un dialogue formel pour résoudre la crise”, a déclaré le Premier ministre, selon des propos rapportés sur Twitter par la télévision d’Etat camerounaise CRTVweb.
Le président Paul Biya “m’a demandé de dire que hormis la séparation et la sécession, tout autre chose chose peut-être discutée”, a-t-il ajouté.
M. Dion Ngute est arrivé à Bamenda, vêtu d’un tissu traditionnel de la région du Nord-Ouest et tenant dans la main droite un arbre de la paix.
Il a été accueilli par une cinquantaine de femmes qui brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit: “Nous pleurons nos enfants” ou encore “les conflits sont inévitables mais la violence est un choix”.
Assisté du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, il a tenu une réunion avec les autorités administratives de la région. Le premier ministre se rendra ensuite à Buea, le chef lieu du Sud-Ouest, l’autre région anglophone.
Les séparatistes anglophones du Cameroun, pays à majorité francophone, militent pour la création d’un Etat indépendant dans les deux régions anglophones.
Fin 2017, après un an de protestation, des séparatistes ont pris les armes contre Yaoundé.
Depuis, des combats opposent presque quotidiennement l’armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés, qui attaquent gendarmeries et écoles et multiplient les kidnappings.
Les forces du gouvernement, à la recherche de séparatistes dans les villages, sont accusée par plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, d’avoir tué de nombreux civils, utilisant un usage aveugle de la force.
Le conflit a déjà forcé plus de 530.000 personnes à fuir leur domicile à l’intérieur du pays alors que 32.000 autres se sont réfugiées au Nigeria, selon l’ONU.
Il n’existe actuellement aucun dialogue entre les séparatistes et Yaoundé.
En juillet 2018, des responsables religieux anglophones ont annoncé un projet de conférence générale anglophone.
Mais face à l’opposition du pouvoir, les organisateurs ont dû la repousser deux fois.
Depuis le début de l’année, des voix s’élèvent pour dénoncer le silence international qui entoure ce conflit et réclamer une mobilisation diplomatique plus forte pour pousser au dialogue.
Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra le 13 mai sa première réunion sur la crise au Cameroun anglophone, qui portera sur la situation humanitaire.