L’enfer du Sed – Alvine Tchupou Leumeni : Comment j’ai frôlé la mort au Sed
Cette jeune fille de 28 ans présente les signes de violence qu’elle attribue aux forces de défense de sécurité.
Les photos d’Alvine Tchupou Leumeni continuent de susciter une vague de réactions sur les réseaux sociaux. Ces images postées depuis lundi soir montrent légèrement quelques parties intimes d’une jeune camerounaise de 28 ans. La concernée qui n’a pas été victime d’une justice populaire comme c’est souvent le cas, n’a non plus été la cible d’une violence conjugale. Ces traces d’hématomes visibles sur les photos ne sont même pas un montage. Il faut aller au quartier Ekounou à Yaoundé pour voir comment la jeune fille meurt de douleur atroce au domicile de ses parents.
Alvine accuse les enquêteurs du secrétariat d’Etat à la défense(Sed), d’être à l’origine de cette violence qu’elle a subie. C’était le 1er juin 2019, après son interpellation par les gendarmes. Elle a été arrêtée pour avoir pris part à la marche pacifique organisée le week-end dernier à Yaoundé par les militants du Mrc. « J’ai été interpellée devant Casino lors de la marche blanche. Nous étions assis et on nous a demandé d’entrer dans le camion de gendarmerie et dans les pick-up. Je suis entrée dans le camion nous avons été conduits au groupement terre. Après on nous a enlevé du groupement terre et directement amené à la gendarmerie par des hommes en civil.
Une fois arrivée au Sed, le calvaire a commencé pour nous. J’ai été soumise à faire un certain nombre d’exercices physiques comme les pompes, les flexions de jambes, la marche canard. Après cette phase, les enquêteurs nous ont demandé de marcher à genou jusqu’au bureau où notre audition était prévue. J’ai monté les escaliers à genoux, mais ils ont trouvé que ce n’était pas assez pénible pour moi », témoigne Alvine qui dit avoir été surprise de subir ce traitement inhumain. Sur la suite du traitement infligé Alvine ajoute: « devant le bureau des auditions, ils m’ont demandé de faire les pompes commandos avec les autres garçons qui étaient avec moi, avant de me fouetter à l’aide d’un câble de la haute tension. Lorsque j’ai été appelée pour l’audition, je leur ai dit que je ne pouvais pas être auditionnée sans mon avocat. Le portail des camerounais de Belgique. Et là j’étais loin d’imaginer que j’allais subir une autre bastonnade. Ils m’ont donné 50 coups de fouet au point où j’ai été obligé d’accepter l’audition sans mon avocat. Lorsque l’audition est terminée, j’ai demandé qu’on mentionne dans le procès que mon droit d’assistance par un avocat m’a été refusé. Cette fois j’ai été sortie hors de la salle pour une autre bastonnade. Chaque fois qu’on me posait une question et que ma réponse ne les arrangeait pas, ils me fouettaient. Ils m’ont par exemple demandé où se tiennent nos réunions sécrètes? Je leur ai répondu que nous tenons les réunions des militants tous les samedis. »
La jeune fille affirme que quelques heures après sa libération elle s’est rendue à l’hôpital central de Yaoundé pour faire des examens « le médecin m’a dit qu’avec le temps je vais me remettre ». Je n’ai aucune haine. Le sens de mon combat est de lutter pour un Cameroun où les droits de l’homme seront pris en compte.
Source : Le Jour