CHER DENIS NKWEBO, SI PAUL CHOUTA EST UN ” PLOMBIER “, C’EST AUSSI QUE L’EAU DE NOS ROBINETS EST SALE!
En jouant au deux poids-deux mesures sur les principes fondamentaux, nous boirons le Calixthe de la mauvaise foi jusqu’à la lie…
Sur le macabre chemin de Kondengui, nouveau Mbimbia où l’on met en chaîne, par centaines, ceux qui refusent la servitude au service du Créateur d’Etoudi, on a donc retrouvé dans le kouta, sac de jute de ce jeune homme, de vulgaires tournevis et clés à molette, à la place d’une plume prestigieuse : autrement dit béni de la corporation de supposés plombiers de l’info’ et honni de celle des journalistes, non grata de quelconque soutien d’un syndicat du métier de Pius Njawé et Albert Londres.
Peu importe, alors, qu’il ait passé 13 jours de garde à vue – oui bien 13 comme une moitié de février – pour une affaire de diffamation. Un temps aussi long, sinon plus, que celui de la garde à vue d’un dangereux braqueur des faubourgs de Douala, d’un kidnappeur de Ngaoundéré ou d’un de ces terroristes qui écument les piémonts lunaires du Septentrion. Au pays de Stanislas Meloné et Gabriel Nlep, on est, divisés par une vieille tyrannie, devenus borgnes des principes, l’œil clignant juste sur nos nombrils, la focale réduite à nos horizons étroits et la perspective limitée à nos corporations, chapelles, églises et mosquées.
Il suffit pourtant de feuilleter – exercice basique pour un journaliste – les pages pas encore jaunies du Code de procédure civile de 2006, pour y voir souligné en encre de l’Imprimerie nationale, qu’un tel délit, pour le cas d’espèce à l’état de soupçon et d’enquête, ne donne qu’exceptionnellement lieu à une détention. A rebours des pratiques du temps de l’Inquisition de l’ancien Code d’instruction criminelle, héritage de la dictature de Napoléon. Ces lettres de cachet qui vous envoyaient au bagne sordide de Tcholliré pour un regard déplacé sur un policier, au cachot infect de Mantoum pour un éternuement où l’agent du Cener avait l’impression d’entendre Um au lieu d’Atchoooum, à Kondengui et son annexe la BMM, pour une engueulade avec un voisin au bras long.
Peu chaut que les pratiques du mitan des ordonnances liberticides de 1962, dont la détention administrative était l’un des sinistres totems, soient redevenues la règle, alors même qu’en leur temps elles étaient des lois d’exception…La solution des lâches cerbères du système, peut donc ôter sa liberté à Paul Chouta, victime du réverbère obscur et blafard de Calixthe Beyala et des histrions à tête chercheuse du régime, du moment qu’il n’est pas « journaliste » bon teint ou BCBG.
Faut-il le rappeler, à Rome comme chez les Incas autrefois, les plombiers s’occupaient des égouts. De réguler ces fluides et odeurs fétides comme les lanceurs d’alerte le font pour notre société actuelle, malade de mille dysfonctionnements. Comme Julien Asange l’a fait pour nous éveiller aux dessous, sous-textes et logiques sinueuses des pouvoirs établis et occultes, risquant sa vie, son métier, sacrifiant famille et confort, pour bousculer, faire réagir, débattre solutionner, irriguant les journalistes professionnels de « bons tuyaux ».
Oui quand ceux du journalisme sont obstrués par les conflits d’intérêt, l’omerta imposée par les nababs du système, fusent les rafales des francs-tireurs. Où sont, pour prendre un seul exemple révélateur, les enquêtes fouillées sur l’affaire Mebe Ngo’o, depuis l’interpellation de son homme de main, Ghislain-Joel Mboutou en avril 2016 à Paris ? Comment notre presse si fascinée par les médias français a-t-elle observé un silence de cimetière quand en juillet 2017, le très célèbre Journal Le Point, a repris point par point, les informations sur cette affaire, étayées peu avant par des « Camerounais » ?
Où sinon sur des pages facebook, des blogs et des chaines You Tube, quand l’ancien-futur président faisait peur et taire tout le monde à Yaoundé. Le crépuscule de l’investigation à la camerounaise, celui des enquêtes sur les affaires Mpondo et Plumey, assombri par l’asphyxie financière des publications, la précarité du métier, les journalistes à gages, a donc fatalement cédé à l’aube du Breaking News de la toile.
Quand la mécanique de la violence, des bavures et de la « sauvagerie légale » invisible sur la Crtv et Cameroon Tribune, étend son empire, les vannes des « plombiers » charrient des trombes d’images de tirs à balle réelle de policiers sur des manifestants aux mains nues, de femmes et d’enfants exécutés de façon sommaire, de mères séquestrées dans des hôpitaux, faute d’argent pour payer un accouchement par césarienne, de filles et fillettes violées impunément, de nourrissons volés dans les maternités…
Aux trains qui arrivent à l’heure des séminaires et réunions de ministres au journal d’Adèle Mballa, au tam-tam du président où l’on tient des propos lénifiants sur les rails rouillés d’Eseka, répondent donc désormais des TGV tropicaux de l’info’, plus rapides que la pick-up du service public en attente de perdiem. Où est le follow-up du service public sur l’affaire Ibrahim Bello qui en d’autres lieux aurait entrainé un vrai débat de société sur la justice populaire, les conditions de garde à vue dans les commissariats, le tabou de la torture policière ? Où est le point sur le milliard d’indemnisation des victimes, le rapport remis au chef de l’Etat sur la concession octroyée à Bolloré, les suites judiciaires ? Où est le point sur les milliards dépensés pour loger un seul ambassadeur du Cameroun en France ? La liste est aussi longue que les fonds non recouvrés d’Epervier…
Que l’on ne défende donc pas le journaliste qu’il n’était pas pour le SNJC. Qu’on lui reproche à juste titre ses erreurs de jeunesse, sa fougue et ses excès. Mais, de grâce, qu’on fasse droit aux questions fondamentales : combien de temps va durer ce glissement vers les abimes de l’arbitraire, du retour des pratiques d’exception ? Combien de temps encore va-t-on accepter de telles conditions et délais de garde à vue pour des affaires de diffamation ? Combien encore va-t-on laisser la détention administrative régner en maitre dans notre politique pénale ? Quels moyens accorder aux journalistes d’investigation ? Quel statut et quelle protection accorder aux lanceurs d’alerte ? Quel encadrement des dérives ?
Et puis, quand cessera-t-on de dresser des crucifix à la tête du client ? Calixthe Beyala, maitresse es injures et ses trombes de posts ouvertement tribalistes, n’est certainement pas celle qui fera croire que l’eau de nos robinets est redevenue inodore, incolore et sans saveur…
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LE JOURNALISTE SOCIOLOGUE Serge Aimé Bikoi REVIENT SUR QUELQUES DESSOUS DE L’AFFAIRE PAUL CHOUTA.
LISONS LE:
Affaire Paul Chouta contre Calixthe Beyala: ce qu’ils ne vous ont pas dit hier!!!
Paul Chouta vient de passer sa première nuit à la prison centrale de Yaoundé. Après treize jours de garde-à-vue dans les geôles de la police de la judiciaire suite à la plainte pour diffamation déposée par Beyala, c’est à 10 heures hier (lundi, 10 juin 2019) que des officiers de police judiciaire ont déféré, pour la 2ème fois, le lanceur d’alertes au parquet du tribunal de première instance de Yaoundé Centre administratif. En ce moment, Stella, l’épouse et votre humble serviteur vont rencontrer Nga Kounda, ancien député Rdpc, dans ses bureaux situés au quartier Nlongkak. Question de lui remettre la lettre d’excuses dûment rédigée par l’accusé, et dont la destinataire est l’écrivaine franco-camerounaise. Depuis l’arrestation de Chouta, le 28 mai 2019, deux médiateurs ont décidé de discuter avec C. Beyala dans le dessein d’inciter la romancière à désister. Nga Kounda est, en effet, la première personnalité publique à annoncer cette procédure de négociation la semaine dernière dans un forum Whatsaap dénommé “Libérez Paul Chouta”. Toute chose qui est, de surcroît, normale. Raison pour laquelle ce médiateur a proposé, dans ce groupe, l’idée de la la présentation des excuses par Chouta à Beyala, l’enjeu étant d’incliner cette dernière à désister. Cette initiative a été battue en brèche par plus d’un. L’on se souvient que bien de membres de ce forum, fort irrités par ce contentieux, ont refuté cette approche de la résolution dudit conflit.
Malgré tout, après plusieurs réflexions, discussions et conciliabules, il était question de remettre cette lettre d’excuses de deux pages au “gate keeper”, chargé de jouer le rôle d’interface dans le processus de l’apaisement entre les deux protagonistes. Arrivé donc au bureau du promoteur de la radio “Nb1”, cette lettre d’excuses lui a été remise vers 10h et 30mn. Après l’avoir lue, relue et appréciée, il a joint l’un des procureurs en charge de cette affaire au téléphone. Ce magistrat de la république a fait savoir, séance tenante, qu’il n’a aucune intention de déférer P. Chouta à la prison centrale de Yaoundé. Ce qui a rassuré plus d’un au point de sourire. Toute tentative pour entrer en contact avec Beyala s’est avérée vaine et ce depuis la journée de dimanche, 9 juin 2019.
Au moment de quitter le bureau de l’homme politique, il était question de remettre la copie de la lettre d’excuses au conseil de Chouta au parquet du Tpi. Toute chose qui a été faite vers 11h et 30mn au moment de l’arrivée à ce lieu. C’est Me Temate, avocat au barreau du Cameroun, qui reçoit, d’ailleurs, cette lettre et se dirige vers le bureau de la permanencière du parquet, Mme Halimatou, pour la lui remettre sur le champ. Affable, cette dernière donne rendez-vous à l’homme en robe noire à 17h, heure à laquelle le juge doit statuer sur le contentieux opposant Beyala à Chouta. Entre 14 et 17h, la réflexion achope, sur ces entrefaites, sur la désignation des deux garants au cas où le juge d’instruction décide d’acter le procédé de la libération provisoire de l’accusé sous caution. C’est n’est qu’une conjecture scolastique envisagée. Chacun(e) est, momentanément, allé(e) vaquer à ses occupations professionnelles, le temps d’attendre la sentence du juge en soirée.
Revenu au parquet du Tpi vers 19h, l’affaire Paul Chouta n’a pas encore connu son verdict. C’est vers 19h et 45mn au moment de l’attente de la décision du juge que David Eboutou informe les internautes sur Facebook que P. Chouta est déféré à la prison centrale de Kodengui. L’auteur du post y mentionne, en première ligne, que la nuit est gâchée à cause de cette décision malencontreuse et malheureuse. Illico presto, Stella, la tante et le frère cadet de Paul sont interpellés afin de venir s’enquérir du post de Eboutou, dont les commentaires des uns et des autres émeuvent plus d’un dans des fora Whatsaap et facebook. Tous sont prostrés à la découverte de ce post, ce qui contraste avec l’assurance de la mise en liberté qu’a faite Nyassa Soleil à Stella au téléphone quelques minutes avant.
20h et 10mn:bien d’accusés massés dans la cellule du parquet du sous-sol du Tpi sont appelés par un agent de la police dans la sale d’attente pour écouter, chacun, la sentence décidée par le juge. Alors que certains sont au courant des charges retenues contre leur litige, ce fonctionnaire de la police fait, curieusement, savoir aux autres accusés qu’ils doivent attendre la seconde lecture dans les prochaines minutes. Toute chose qui n’a plus eu lieu. Il est alors 21h et 30mn. L’épouse de Chouta, la tante et le frère du blogueur descendent au sous-sol du parquet. Histoire d’échanger avec lui. Bien qu’abattu, Chouta écoute attentivement les conseils que lui prodigue sa tante, qui est ancien greffier au parquet des Tgi et Tpi. D’un ton maternel et affectif, cette mère l’encourage à rester fort. Elle ne manque pas de lui faire savoir qu’elle va chercher des voies et moyens pour dénouer ce contentieux, dont la décision du juge l’importune.
21h et 50: le car de la police se gare dans la cour du parquet. Un agent de la police somme tous les visiteurs de libérer les lieux. Le moment de déférer les condamnés a sonné! Chacun remonte au hall du Tpi et s’y positionne. 22h et 01mn: Chouta Njiwouang Pierre Paul, plus connu sous le nom de Paul Chouta, et cie, assis, dans ce car, sont mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé pour une durée de six mois. injure, calomnie, diffamation et incitation à la haine tribale sont des charges retenues contre le web journaliste qui officie à “Cameroonweb”. C’est ce mardi, 11 juin 2019, en matinée, que le conseil et la famille vont, dûment, recevoir la copie du mandat de dépôt élaboré par le juge. Joint au téléphone, il y a peu, Me Fidèle Djoumbissie, avocat au barreau du Cameroun, annonce qu’il va se constituer pour défendre P. Chouta et solliciter la libération provisoire du condamné. Un procès en habeas corpus va donc se dérouler dans les prochains jours. Affaire à suivre!!!!!
Le Don King
Mot à wou à wou!!!
PAR Serge Aimé Bikoi