Conseil juridique et Despotisme Legal à Yaoundé
Maître Basile Ader a été empêché par le régime de Yaoundé de rendre visite à ses clients le Pr. Maurice Kamto et Maître Michelle Ndoki incarcérés arbitrairement à la prison centrale de Yaoundé.
L’empêchement de toute visite opposé à des avocats de renommée internationale n’est pas une nouveauté pour le régime de Yaoundé. En fait, c’est son modus operandi et l’histoire politique du Cameroun est ainsi marquée par le blocage de grands ténors du barreau parisien dont l’ancien président François Mitterrand, empêché de défendre le chef des Upecistes, Ernest Ouandie, et plus récemment, Maîtres Paul Lombard et Olivier Baratelli pour leur client Pierre Désiré Engo.
Pris ensemble, nous avons là des exemples patents, opportunistes, et cyniques d’un despotisme juridique qui augurent souvent des peines punitives infligées en toute opacité et de manière expéditive, exposant la vie de ces accusés à la merci du régime en place, dont de Paul Biya.
Plus fondamentalement, en bloquant ces avocats, le régime de Yaoundé redéfinit explicitement comme bon lui semble les paramètres juridiques des droits de l’Homme, de manière à ce qu’ils ne s’appliquent pas aux prisonniers politiques reconnus par des organisations telles que la CL2P. Il est important à ce sujet de reconnaître que le gouvernement camerounais ne reconnaît pas ces accusés comme des prisonniers politiques et tient à les cantonner au statut de détenus dits de « droit commun ». Pourtant, pour un gouvernement qui prétend défendre et renforcer la base juridique de la séparation des pouvoirs, il ne devrait pas avoir la possibilité de faire des incantations politiques interprétant et réinterprétant la loi au gré des humeurs du Chef de l’Exécutif.
Car définir et interpréter les lois est du ressort des tribunaux, du parlement camerounais et peut-être du ministre de la justice sur des cas bien déterminés. Il est en ce sens tout à fait illégal d’usurper le rôle des entités formellement engagées dans la définition et les interprétations de la loi. Ainsi, le fait que le gouvernement déclare les limites des droits humains et des paramètres juridiques constitue de mauvais précédents et se révèle très inquiétant. Cela montre simplement qu’avec le despotisme légal, l’État n’existe pas, il se limite à une illusion collective manipulée par des réseaux d’intérêts particuliers et clientélistes.
Néanmoins le CL2P doit à l’expérience préciser que le blocage récurrent des avocats étrangers n’a pas uniquement trait aux personnalités comme le Pr. Kamto, Maître Ndoki, Pierre Désiré Engo ou Ernest Ouandie, mais interpelle en profondeur sur la question de savoir si les prisonniers politiques peuvent ou non bénéficier d’un procès équitable à Yaoundé, sous un régime mondialement connu pour faire de la propagande au-delà des frontières en achetant pour cela régulièrement des publi-reportages dans la presse étrangère ; afin de se présenter comme une « démocratie apaisée ». En réalité, nous savons que nous sommes en présence ici un gouvernement qui ment souvent à propos du respect des procédures judiciaires, et ne veut guère offrir des procès équitables à ses victimes.
De plus, pour mettre fin à la confusion entretenue à Yaoundé, Maître Ader, Lombard et Baratelli ne sont pas ceux qui enfreignent la loi. C’est le gouvernement camerounais qui enfreint la loi. Ces avocats ne sont pas la force motrice derrière ce qui se passe, c’est le gouvernement camerounais.
Aussi force est de reconnaître que la dictature camerounaise et toutes celles qui obéissent à son modèle ne sont absolument pas intéressés à l’idée d’améliorer les libertés civiles ou de renforcer la liberté individuelle. Ils parlent du respect des libertés civiles du bout des lèvres, d’abord pour occulter puis se protéger de leurs propres abus de la justice. Au fond ils ne croient pas aux libertés civiles. Il s’agit dans l’ensemble d’un ramassis de narcissiques qui n’ont jamais rien créé ni proposé de constructif en matière de libertés et de droits.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
Vidéo, JMTV PLUS : ON NOUS A EMPÊCHE de RENCONTRER MICHELE NDOKI & MAURICE KAMTO
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English version
Legal Counsel and Legal Despotism in Yaoundé
Lawyer Basile Ader was blocked by the regime of Yaoundé to see his clients Pr. Maurice Kamto and Maître Michelle Ndoki. Blocking prominent lawyers is not new for the Yaoundé’s regime.
As a matter of fact, it is the modus operandi of the regime of Yaoundé with a history of blocking counsel with the notorious case of former president Francois Mitterrand being blocked from defending the Upeciste Leader, Ernest Ouandie, and most recently, maître Paul Lombard and Olivier Baratelli being subjected to the same fate against their client Pierre Desire Engo. Taken together, clearing the way for effective legal despotism, punitive sentencing and putting the lives of these defendants at stake and at the mercy of the Biya’s regime.
By blocking these lawyers, the regime of Yaoundé is explicitly redefining the legal parameters of human rights in such a manner that human rights would not apply to political prisoners recognized by organizations such as the CL2P.
It is important to recognize that the Cameroonian government does not recognize these defendants as political prisoners. Thus, for a government which claim to advocate and to enforce the legal base of the separation of powers, they should not get to make proclamations on interpretation of the law. That’s a responsibility for the courts, it’s a responsibility for the Cameroonian parliament, and perhaps it’s a responsibility for the attorney general. It’s way out of line to usurp the roles of those entities that are formally engaged in defining the interpretations of the law. Thus, for the government to pronounce what the boundaries of human rights and due process of the law is a very disturbing precedent. It just shows that with legal despotism, the state does not actually exist, just of collective illusion manipulated by special interests and clientelist patronage networks.
Thus, the CL2P needs to make clear that blocking lawyers has nothing to do whether or not ordinary people like Pr. Kamto, Maître Ndoki, Pierre Desire Engo or Ernest Ouandie but whether or not political prisoners can get a fair trial in Yaoundé under a regime known to propagandize and buy the foreign presses to present itself as an “Appeased Democracy.” Thus, this is more than Kamto, Ndoki, Engo etc.…but a government that lies repeatedly about respecting due processes of the law cannot, in fact, guarantee a fair trial.
More, Maître Ader, Lombard and Baratelli are not the one breaking the law. The Cameroonian government is the one breaking the law. These lawyers are not the driving force behind what is going on, the Cameroonian’s government is.
Thus, the Cameroonian dictatorship and its kind are not the slightest bit interested in improving civil liberties or enhancing personal freedom. They are paying lip service to civil liberties to shield themselves from justice. They do not believe in civil liberties. They are just a bunch of narcissists who has created nothing of value in terms of liberty and freedom.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P