“CHER AMI…
Après la publication du texte d’Achille Mbembe, puissant de ses mots justes et cristallin sur la comédie de l’Élysée et la tragédie du Panthéon, tu t’es fendu d’un post pour fustiger ” le syndicat des jaloux ” dont ” Mbembe et Moundé ” font partie.
Merci tout d’abord de me classer au rang de l’illustre Achille Mbembe, un des Kilimandjaro de la pensée, de la vie intellectuelle et du monde universitaire en Afrique, pour l’Afrique, dans le monde et pour le monde.
Je t’avoue, qu’en lecteur de Jean-Marc Ela et de Fabien Eboussi Boulaga, autres sommets de notre intelligentsia, j’ai toujours voulu emprunter le chemin de la pensée critique, de la traduction de la complexité de notre monde, du décryptage de cette Afrique – Monde et du devoir découvert et assumé au sens de Frantz Fanon, comme le fait notre cher Mbembe. Ton propos me conforte donc : la voie est bonne !
Merci aussi, très franchement de comprendre qu’il est plus facile d’être accommodant avec les systèmes, obséquieux avec les puissants, rusé et taiseux de ses opinions et se faire adouber plutôt que d’avoir le courage de ses idées, la capacité à dire non aux travers du militarisme, du mercantilisme et du paternalisme français, et donc de ne pas faire partie des petits carnets de l’Élysée. Devenir un Africain ” présentable ” en France est, crois-moi, l’une des choses les plus faciles…
Quand on est un Africain et un Noir digne, libre et fier, la première chose à faire quand on découvre les ors de l’Élysée, c’est de demander au minimum une minute de silence pour tous les morts, déportés de la Traite Négrière, héros et martyrs de la lutte contre la colonisation et combattants de l’Indépendance de l’Afrique causes précisément par les décisions prises directement par les chefs d’État français depuis Louis 14 et dont le paroxysme a ete enregistré sous de Gaulle. Au minimum !
Il y’a des choses justes à réparer, des tiroirs à vider et des placards à récurer pour que tout cela soit encore aussi sincère que vrai. On peut très bien comme nous le faisons bâtir des ponts dans divers domaines entre les terres de France et d’Afrique et appeler le chat des hypocrisies, crimes et arrogances, chat.
Par conséquent, étant de ceux qui pensent qu’on ne se réconcilie et n’avance pas en ravalant les façades avec de lénifiants discours sur les start-up et la gastronomie africaine et les rictus sur les nominations de figures noires en France, je souhaite que les intentions louables commencent par l’essentiel. Sinon comme au temps de la Force Noire, il y’aura toujours des Africains cornaques pour traiter leurs frères de ” pleurnichards “. Hier, supplétifs des forces coloniales, aujourd’hui ” ambassadeurs…
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