Au moment ou nous écrivons ce bulletin, une mutinerie est en cours au mouroir concentrationnaire de Kondengui à Yaoundé. D’autres l’auront suivi depuis dans différentes localités du Cameroun.
Il y a pourtant quelques semaines, le CL2P prévenait que l’éviction du régime de Yaoundé pourrait s’amorcer dans ses mouroirs concentrationnaires. Il les remplit sans discontinuer depuis des mois avec des prisonniers politiques, notamment anglophones tous assimilés à des sécessionnistes, puis les militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun ((MRC) du principal opposant Maurice Kamto, victimes d’une véritable « traque au faciès pour leur origine tribale supposée, » Bamilékés ».
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M. Biya, vos prisons sont aujourd’hui des bombes à retardement qui pourraient emporter tout votre régime. Libérez tous ces Hommes de convictions qui n’ont aucune raison objective de séjourner dans ces mouroirs concentrationnaires.
En effet, le niveau de violence au Cameroun est entrain d’atteindre un sommet inquiétant, parce que la rhétorique génocidaire en cours, véhiculée à la fois par le régime puis sa une soi-disant «opposition», au sein desquels les lanceurs de flammes Patrice Nganang et Christophe Zogo, sont les figures de proue d’une masculinité toxique dans un pays où celle-ci est devenue littéralement pathologique.
Une masculinité toxique dirigée par une idéologie réactionnaire où la négociation et les compromis ne sont plus possibles. Seule doit prévaloir l’expression de masculinité toxique qui éclaire un phénomène que, tant le régime de Yaoundé que des tristes personnages comme Nganang et Zogo nourrissent et personnifient à la fois: c’est-à-dire un sentiment de puissance absolue exercée par des hommes tellement extrêmes qu’ils n’éprouvent plus aucune retenue, diffusant la haine ethnique à partir des pays étrangers dont ils ont acquis les nationalités. C’est en réalité un machisme fanfaron qui croit que les règles – notamment de vivre ensemble – s’appliquent seulement aux hommes peureux, aux femmes, et aux enfants. Quant à eux, ces partisans de la masculinité toxique, dans sa forme la plus radicale, se placent au-dessus de toute loi.
Ce phénomène s’étend aujourd’hui bien au-delà des batailles partisanes de Yaoundé.
En effet, si une femme se comportait comme Nganang et Zogo, elle serait immédiatement rejetée comme une femme hystérique et rancunière, à laquelle on n’accorderait plus aucune crédibilité. Cela montre à quel point la masculinité toxique est devenue une force, non seulement au Cameroun, mais à travers le monde. Il s’agit d’une masculinité toxique qui souligne à la fois l’exploitation des anxiétés économiques, mais également le déclassement ou la peur du déclassement social et culturel ressenti par ceux qui craignent la diversité ethnique et raciale. Ce qui est moins souvent discuté, c’est l’attrait particulier qu’elle exerce sur des hommes, fâchés qu’ils peuvent l’être que leur statut ait été ébranlé par les mutations de ces dernières décennies.
Pour que les institutions fonctionnent, nous devons croire et œuvrer à ce qu’elles soient contrôlées par des personnes assez raisonnables, notamment dans leur tempérament.
La persistance du statu quo tyrannique de 37 ans à Yaoundé pose ainsi tout le problème. Car il ne peut pas offrir la sécurité de l’emploi et du logement dont les gens ont tant besoin, notamment comme la plate-forme pouvant les aider à bâtir des vies enrichissantes pour eux-mêmes et leurs proches. D’où la tactique nuisible de la peur permanente. Les conditions matérielles du plus grand nombre ne vont pas changer, et dans le contexte actuel, il est fort à parier qu’elles ne feront que se détériorer davantage.
La classe dirigeante aura donc encore plus besoin de boucs émissaires pour diviser et gouverner le reste d’entre-nous. La vraie tâche des organisations d’opposition et de défense des droits de l’homme, telles que la CL2P, consiste à lutter contre la division par la solidarité et un message d’espoir. Nous faisons partie de l’avant-garde dans cette bataille et nous nous essayons chaque jour de nous montrer à la hauteur.
Et il n’y a pas besoin pour cela de suivre les sirènes de la violence génocidaire mimétique!
Ça suffit
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
https://www.facebook.com/joel.engo/videos/10219610751882329/
English version
Genocidal Rhetoric and Toxic Masculinity in Yaoundé
At the moment that we are learning about an ongoing mutiny going on at Kondengui concentration camp in Yaoundé, it becomes important to think about violence in Cameroonian society.
A few weeks ago, The CL2P has warned that the eviction of the Yaoundé regime could begin in its concentration camps. Indeed, that atrocious regime has filled them continuously for months with political prisoners, including Anglophones, all assimilated to secessionists, and activists and sympathizers of the Movement for the Renaissance of Cameroon ((RCM); of the main opponent Maurice Kamto victims for being a “Bamileke ».
Mr. Biya’s prisons have now turned into time bombs that could carry your entire regime.
The CL2P says Free all those men of convictions who have no objective reason to stay in these concentration camps.
Indeed, the level of violence in Cameroon has reached disturbing level because ongoing genocidal rhetoric espoused by both the regime and a so-called “opposition,” led by the flame-throwing Patrice Nganang and Christophe Zogo, sits on the reality of a toxic masculinity in a country that has now became pathological.
A toxic masculinity run by a reactionary ideology where negotiation and compromises are no longer possible. Only expression of toxic masculinity that shines a light on a phenomenon that both the regime of Yaoundé and the likes of Nganang feed and exemplifies: a sense of male entitlement so extreme it resents any restraint. It is a swaggering machismo that believes rules are for limp-wristed wimps; that in its most radical form places itself above the law.
This phenomenon stretches beyond the partisan battles of Yaoundé.
Indeed, if a woman behaves like Nganang and Zogo, she would be instantly dismissed as a hysterical, vengeful woman who could not be believed. It just shows how toxic masculinity has become a force, not only, in Cameroon but in the world. A toxic masculinity that emphasizes its appeal not only to economic anxiety, but to the sense of cultural displacement felt by those who fear ethnic and racial diversity. What’s discussed less often is the specific appeal to men, angry that their status has been shaken by the shifts of the last several decades.
For institutions to work, we need to believe that people who are reasonable enough and can control their tempers are in charge.
The status quo of 37 years in Yaoundé is very problematic.
It cannot deliver the job and housing security that people need as a platform to build fulfilling, rewarding lives for themselves and their loved ones. Hence the scare tactics. The material conditions of the many are not going to change, indeed under the present conditions, they will only deteriorate more. The ruling class need scapegoats to divide and rule the rest of us. The task of the real opposition and human right organizations, such as the CL2P, is to kick back against division through solidarity and a message of hope. We are part of the vanguard in this battle. We for one hope they prove themselves up to the task.
There is no need to follow the sirens of mimetic genocidal violence!
That’s enough
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P