Ainsi que nous l’avons rappelé à maintes reprises, Paul Biya et son groupuscule de faucons et d’extrémistes ne sont pas prêts à participer à une quelconque négociation en vue d’une paix durable dans le Cameroun anglophone. Ils n’y étaient pas prêts hier, ils ne le sont pas aujourd’hui et ne le seront pas demain. Ils comptent sur la force pour contenir la lutte armée des Anglophones pour la restauration du British Southern Cameroons, un État qui existait et dont l’indépendance en se joignant à la République du Cameroun a été proclamée le 1er octobre 1961.
Pour nous en donner la preuve, ce clan mafieux vient de faire condamner à vie Sisiku Ayuk Tabe et les 9 autres leaders indépendantistes anglophones par le Tribunal militaire de Yaoundé au moment où la communauté internationale dont les USA l’invite à libérer tous les 47 détenus anglophones kidnappés au Nigéria en janvier 2018-y compris les 10 leaders indépendantistes-en vue de favoriser une décrispation de l’atmosphère.
Par ailleurs, le 18 juillet dernier, 12 généraux de l’armée camerounaise se réunissaient à Bamenda dans l’objectif d’élaborer une stratégie consistant à intensifier les attaques en usant des armes de longue portée, des bombes aériennes et souterraines. Le 6 août dernier, Paul Biya a par décret créé le 6e Bataillon d’intervention rapide et fixé sa base de commandement à Mambanda-Kumba.
Le pouvoir voyou de Yaoundé ne cache donc pas sa détermination à aller jusqu’au bout dans sa logique guerrière. Même les autorités suisses qui ont proposé l’organisme humanitaire HD Center pour une médiation ne sont plus les bienvenues à Yaoundé. Le 26 juillet dernier, au cours d’une rencontre secrète des élites du nord-ouest anglophone au domicile de l’ex-Premier Ministre Philemon Yang, le ministre de l’Administration territoriale et repris de justice Atanga Paul Nji a déclaré qu’il va falloir intensifier les kidnapping des élèves pendant la rentrée scolaire en zone anglophone en vue de faire porter le blâme à la branche armée des indépendantistes anglophones et ainsi dresser la communauté internationale contre elle et contre la lutte dans son ensemble.
Qu’est-ce qui fait croire à ce régime qu’il peut faire exploser la détermination du peuple anglophone à se battre pour restaurer son Etat détruit par le système françafricain pour des raisons purement géostratégiques ? Qu’est ce qui le rend si sûr de penser qu’il peut mener la guerre contre tout un peuple et en sortir victorieux ?
Dans les couloirs du palais d’Etoudi et de certains ministères, certains pontes de ce régime arrogant disent compter sur les firmes de lobbying américaines à travers lesquelles ils entendent infléchir la position des autorités américaines à leur égard. Ils comptent également sur la Chine qui pourrait de son droit de véto empêcher toute intervention de l’ONU dans le Cameroun anglophone, au sein du Conseil de sécurité. Ils comptent également sur la Russie à laquelle ils comptent accorder le maximum de contrats juteux possibles en vue d’assurer un jeu équilibré avec les USA qui pourraient ainsi revoir sa position au sujet de la crise.
Le régime Biya compte donc jouer sur deux fronts et de manière simultanée : diplomatique et militaire. Mais c’est sans compter avec la détermination du peuple anglophone qui jure d’aller jusqu’au bout pour rétablir le Southern Cameroon dans son indépendance et sa souveraineté volées. Le dialogue que tout le monde appelle de ses vœux n’est donc pas pour demain. Encore moins pour après-demain. Les partenaires extérieurs du Cameroun peuvent donc aisément déterminer qui veut à tout prix la guerre en zone anglophone et qui refuse le dialogue.
Par Michel Biem Tong, web-journaliste en exil