Cette publication s’adresse à mes amis d’ici qui ont avec moi suivi de près «l’affaire» Paul Eric Kinguè et qui, de loin en loin, me demandent encore parfois de ses nouvelles. J’ai cessé de vous informer quand PEK a été acquitté et libéré, bien que cette affaire ne soit toujours pas terminée puisque jusqu’à présent l’État ne l’a pas encore indemnisé comme il s’y était formellement engagé sous l’œil sévère de l’ONU.
Comme promis à l’époque, sitôt libéré il a repris son combat interrompu, pour tenter d’améliorer les conditions d’existence des siens, et cette fois ne se limitant plus à «ses» gens de Njombé-Penja, mais plus largement pour «ses» gens du Cameroun tout entier. Pour moi qui l’ai connu, ce ne fut pas une surprise de le voir très vite revenir en politique et y tenir un rôle de premier plan dans l’opposition la plus radicale.
Devenu simple observateur étranger, je ne me permets pas de juger s’il s’y prend bien ou mal dans son combat ; ça c’est l’Histoire qui nous le dira et on fera les comptes au paradis. Mais ce dont je suis sûr c’est qu’il y met tout son cœur. «Je ne m’appartiens plus», nous avait-il dit, et c’est ainsi qu’il est prêt à se sacrifier si ça peut aider ses compagnons de lutte pour un Cameroun meilleur.
Évidemment, comme il était le premier à s’en douter puisqu’il connaissait parfaitement les méthodes de ses adversaires, il a été emprisonné avec ses amis politiques et plus d’une centaine de sympathisants. Ils croupissent actuellement dans les prisons-mouroirs de la république depuis février, soumis pour certains à de graves tortures.
Ce 6 septembre, les principaux leaders entendront probablement le verdict d’un procès qui n’a de procès que le nom puisque d’un bout à l’autre les lois du Cameroun ont été bafouées par ceux-là même qui devraient en être les garants. C’est la règle camerounaise pour les procès politiques. (Si d’aventure j’étais un jour arrêté au Cameroun pour des raisons politiques, je demanderais à être directement condamné sans passer par la case instruction avec ses interrogatoires douloureux, bastonnades, bras cassés et crâne fendu, et sans passer par un long et fastidieux procès inutile. Direct au verdict final, puisqu’il est écrit d’avance.)
J’attends donc avec inquiétude de savoir à quelle sauce ils seront mangés, et, connaissant maintenant bien le système, je m’attends à tout, y compris à l’inimaginable.
Ils risquent la peine de mort. Ou la prison à vie, ce qui est peut-être pire encore, car ça signifierait une longue et lente agonie dans l’effroyable univers carcéral. Heureusement, en Absurdie tous les espoirs sont aussi permis, et PEK nous l’a prouvé jadis en passant de la terrible sentence de prison à perpétuité à l’acquittement total, grâce à l’intervention de l’International.
Rendez-vous donc vendredi. Le couperet tombera sans doute pendant notre sommeil puisque maintenant les juges lisent les verdicts de nuit, comme des malfrats tellement bien conscients de leurs forfaitures qu’ils n’osent plus agir au grand jour.
À mon ami, je ne trouve rien d’autre à dire que : courage. Courage à toi, PEK, et à tes compagnons d’infortune. Courage.
Par Hubert Ducarme