Le 13 septembre 1958 , c’était il y a jour pour jour exactement 61 ans .
Le 13 septembre , cette année- là tombait un samedi . Depuis deux jours , le maquis du leader nationaliste camerounais, près du village de Libelingoï, est entrain effervescence . Des âmes charitables , ont rapporté à Um Nyobé et ses amis , que sa planque avait été grillée et indiquée aux soldats de l’armée française .
Nous apprendrons des années plus tard , que dénoncée par son ancien compagnon de lutte , Mayi Matip , une dame qui servait au nationaliste , d’agent de liaison avec l’extérieur, aurait sous la torture finit par craquer et indiquer la cachette de Um , dans les environs de son fief de Boumnyebel . Um Nyobé était accompagné de Martha , sa compagne , de leur fils Daniel Um Nyobé , de Um Ngos, le gardien du maquis , Pierre Yém Mback , le secrétaire , Yembèl Ngnébél , agent administratif et Ruth Boha, la belle maman du patron de l’UPC .
Les militaires français , et leurs auxiliaires africains , originaires pour la plupart du Niger et du Tchad , bouclèrent toute la zone attenante au maquis de Um . Ce dernier ayant , quitté les lieux depuis la veille , avait quelques pris plusieurs longueurs d’avance . Tâtonnant et connaissant très mal la forêt du pays Bassa , décision fut prise d’organiser une véritable battue , et d’y associer la population de force .
Des mois auparavant , l’administration coloniale française avait de toutes pièces , créer une contre – milice , tenue par des Bassas , histoire de tailler pièce à Um Nyobé et ses amis .
Peu avant midi , en ce jour samedi du 13 septembre 1958 , la planque de Um Nyobé est finalement découverte , mais lui et les siens n’y sont plus .
Les poursuivants , vont grâce à l’aide des pisteurs locaux , assez rapidement retrouver les traces des fuyards , notamment grâce aux empruntes distinctives des chaussures du leader nationaliste.
Dès qu’ils sont à portée de vue , les craquent de fusils fusent de toute part . Les tirailleurs et auxiliaires de l’armée coloniale française , principalement des tchadiens, dont un certain Abdoulaye Sara , qui va déborder d’excès de zèle , vont ouvrir le feu sur tout ce qui bouge de façon non discriminée .
Atteint le premier , Yém Mback s’écroule littéralement sur les pieds de Ruben Um Nyobé , qui tente dans un premier temps de le retourner , pour le placer sur le côté . Quand il se résout à prendre la fuite , le corps de son secrétaire l’empêche d’enjamber à temps , le tronc d’arbre qui le séparait du rocher derrière lequel , il comptait se dissimuler.
Il parviendra néanmoins, à prendre la fuite , et reconnut aussitôt par un pisteur qui dévoile son identité , recevra plusieurs décharges de chevrotine dans le dos , de la part du Tchadien Abdoulaye Sara . Se sachant condamné , il tentera de se défaire de la petite serviette en cuir , contenant plusieurs notes et réflexions à la rédaction future d’un ouvrage , sur la lutte de l’indépendance. Peu avant avant sa mort , il marmonnera quelques phrases incompréhensibles, visiblement destinées comme testament politique, à l’intention de ses compagnons de lutte , disséminés dans des maquis de l’Ouest et de la partie du Cameroun sous administration coloniale britannique.
Peu avant que son corps , et celui de deux ses compagnons morts en sa compagnie , ne soient coulés dans une dalle de béton , on assistera dans la salle d’attente d’un hôpital de fortune , à une scène surréaliste . Un membre de la milice artificielle, créée et entretenue par la France , et de l’ethnie Bassa , va se mettre à abreuver d’insultes , la dépouille de Um Nyobé , en collant littéralement son index au front de ce dernier … Pauvre Afrique !