Rhétorique Vide à Yaoundé
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Le récent débat sur le «dialogue national» du Cameroun sur Africa Radio le 2 octobre 2019 est très instructif sur le «Grand Bavardage» qui s’est déroulé toute la semaine à Yaoundé. En effet, ce soi-disant dialogue national n’était rien d’autre qu’un Grand Bavardage et un exemple que la rhétorique vide dont le régime de Yaoundé est spécialisé n’est ni un ensemble d’idées, ni un plan d’actions. Nous sommes en présence d’une autocratie qui se fait passer pour une démocratie, alors que d’autres canaux de délibération publique sont fermés, en particulier les leaders de l’opposition légitime maintenus arbitrairement en prison. Ainsi, le « dialogue national » n’a été qu’un bouclier sous lequel les valeurs et les pratiques autocratiques du régime Biya voudraient continuer de prospérer sans entrave.
Joel Didier Engo, président du CL2P, a raison d’affirmer qu’en limitant d’emblée le nombre de thèmes à délibérer, cela signifie de facto que le résultat du grand «monologue national» devait aboutir à des conclusions prévisibles, avec des effets alors inévitables telle que l’implication directe de la communauté internationale dans une future médiation. Parce que 3 000 personnes décédées, et plus de 500 000 déplacées ne peuvent simplement pas être passées par pertes et profits comme si elles n’avaient jamais existé dans le concert des nations civilisées.
À cet égard Madame Lehman, chargée de la communication du RDPC à Paris apparaît comme l’incarnation même de l’incapacité de cette secte politique à se remettre en question ; elle qui a elle-même créé «l’ennemi» et les «terroristes» que le régime tue et emprisonne en toute impunité, qui ne sont pas des créatures d’une quelconque force extérieure. C’est ce qui fait que nous soyons tous coincés dans cette situation de necropolitique ensemble et qu’il n’y a plus nulle part autre aller pour se cacher, comme à l’hôtel Intercontinental cinq étoiles de Genève où le despote aimait s’installer une moitié de l’année et n’a fort heureusement plus l’occasion de le faire sous la pression de la diaspora engagée, comme l’a souligné le Dr Crépin Nyamsi.
Il n’empêche, Le parti-État le RDPC continue à jouer le jeu politique de l’autruche en prétendant avoir un avantage politique atavique sur tout le monde, puis à récompenser ses ouailles par une rhétorique vide et hystérique, au lieu de se convertir enfin à une approche réaliste et objective sur la nouvelle forme attendue de l’État, celle qui est aujourd’hui la condition sine qua none pour la résolution des crises politiques au Cameroun.
À cet égard il est important de garder à l’esprit que le dialogue national que le CL2P soutient doit être une occasion de prendre au sérieux et littéralement à bras le corps les problèmes auxquels notre pays est confronté. Il y a plus qu’une urgence en effet. Mais même dans les rangs de ceux qui sont encore enclins à lui accorder le bénéfice du doute, le régime de Yaoundé ne peut s’empêcher de semer la confusion.
En réalité, et le CL2P l’a toujours prévenu, tout porte à croire qu’il y a un prix politique à payer pour les négligences accumulées du régime de Yaoundé. Nous plaidons pour une véritable Commission Vérité et Réconciliation, afin de progresser de manière démocratique. Il n’y a pas d’autre moyen de sortie de crise au Cameroun, comme veulent nous faire croire les mauvais «génies » du régime de Yaoundé, sans Égalité et Justice sociale.
Par conséquent, le «dialogue national» aurait dû contribuer à réhabiliter la délibération publique collective et la justice réparatrice dans le pays. Malheureusement la sincérité de l’engagement du régime dans ces procédures est discutable, du moins tant qu’il n’affiche ni humilité ni repentir et continue à être le centre et l’objet de ce culte d’immortalité obscène d’un tyran de 87 ans.
L’appel de Biya au dialogue national doit donc être accueilli avec une pincée de sel. Pour quelqu’un d’aussi ambitieux et astucieux que M. Biya, s’engager dans une voie qui ne peut que lui apporter moins d’attention et pourrait même sonner sa retraite politique relèverait véritablement du miracle.
Dans le même temps, le Cameroun – lui (à ne surtout pas ou plus confondre avec la personne de Biya et son régime) – ne peut plus se permettre 37 années de perte de temps et de politique nihiliste.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
Empty rhetoric in Yaoundé
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The recent debate about Cameroon “National Dialogue” on Africa Radio on October 2, 2019 is very informative on the “Grand Bavardage” currently taking place in Yaoundé. Indeed, that so-called national dialogue is the example that empty rhetoric in which the Biya’s regime is specialized, is neither representative, a set of ideas nor a plan of action. What we have is an autocracy masquerading as a democracy when other proper channels of public deliberation are closed, especially, with the leaders of the legitimate opposition in prison. Thus, the “National dialogue” is a shield under which autocratic values and practices continue unimpeded.
First, president Biya called a conference without bothering to properly define the issues at stake making the “national dialogue” a legally and almost politically meaningless phrase public relation exercise.
Joel Didier Engo is right to claim that by limiting the issues to be deliberated means that de facto this current course of action is likely to lead to predictable consequences such as the direct involvement of the international community because 3,000 people dead and roughly 40, 000 people displaced cannot be presented as loss and profit as if they have never existed.
Thus, people like Valerie Lehman does not understand the gravity of the situation, the notion that the “enemy” is already inside the home, therefore, the civil-war-like fracture in our republic. Thus, an inability to see the “enemy” and the “terrorists” are something that the Biya’s regime have created rather than an outside force, consequently, the reality that we are all in this situation together and nowhere else to hide such as the International five-star hotel in Geneva where the president like to hide but can no longer afford to do so as Dr Crepin Nyamsi noted.
The one party-state, CPDM, however, continue to play the politics of the ostrich pretending to have an atavistic political advantage and continue to act to reward an empty, if hysterical rhetoric, rather than giving us a judgement about the body politic that we should consider and whose object is the condition sine qua none of the resolution of the country political crisis.
It is important to bear in mind that the national dialogue that the CL2P supports must be an occasion to take issues facing our country seriously and literally. There is something to that. But even among those inclined to give him the benefit of the doubt, the regime of Yaoundé cannot stop creating confusion.
For one thing, as the CL2P has always warned, there is a lot of indication that there is a political price to pay for the regime of Yaoundé’s carelessness. We advocate for a real truth and reconciliation commission in order to move forward in a democratic fashion and there are no other options to do so without equality and social justice.
Hence, the “National Dialogue” must work to help to rehabilitate collective public deliberation and reparatory justice in the country. However, the sincerity of the regime’s commitment to these procedures is debatable at least so long as the regime never displays neither humility nor repentance and continues to be the center and the object of this worship of obscene immortality. Thus, Biya’s call for national dialogue should therefore be taken with a pinch of salt. For someone as ambitious and cunning as Mr. Biya to continue down a path that is bound to bring him less attention and perhaps even political retirement really would be a miracle.
At the same time, Cameroon can no longer afford 37 years of waste of time and nihilistic politics.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P