Droit d’oubli ou Vérité et Réconciliation?
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Lors d’un débat sur Africa Radio le 9 octobre 2019, Véronique Lehman, porte-parole du parti-État RDPC en France, a loué la magnanimité du « Roi Soleil » et Nnom Guii Paul Biya, qui a décidé dans sa grande et incomparable sagesse d’accorder un sursis puis concéder la liberté et le droit à l’oubli qui aurait permis au Pr. Maurice Kamto, entre autres, de sortir de prison.
Le CL2P doit noter que la libération de certains prisonniers politiques reconnus par notre organisation n’était pas le produit d’une « faveur présidentielle ». Le problème est que nous ne vivons pas dans un monde de conte de fées et cette hypocrisie du RDPC est maintenant trop flagrante pour être ignorée. Pour être clair, ces prisonniers politiques ont été libérés en raison de l’activisme et de la pression exercée sur le régime de Yaoundé, y compris par des organisations non-gouvernementales comme le CL2P. Pour le régime, il ne s’agissait pas vraiment d’une « faveur », mais d’une forme d’opportunisme stratégique qui, en fait, ne protège en rien la république puisque, malheureusement, la guerre civile se poursuit dans le pays.
Justice nécessaire.
Aussi, le CL2P poursuivra son militantisme contre le mythe du Nnom Guii et de l’idée qu’il est un acteur magnanime et innocent dans la politique camerounaise. Il est important de mettre un terme à son règne de 37 ans et au culte de l’immortalité obscène qui a mal tourné pour rajeunir, réformer en profondeur et préserver notre république.
Par conséquent, NON à un régime qui ne valorise que sa capacité à s’accrocher au pouvoir, même si cela inclut une guerre civile persistante et l’emprisonnement de personnes légitimes ou perçues comme des menaces politiques.
Cette culture politique immature démontre le danger de tenir trop longtemps sur le culte du Nnom guii et sur un État construit et maintenu par la violence puis une culture d’impunité permettant à cette violence de se reproduire indéfiniment. C’est là que Joël Didier Engo, président de la CL2P, rappelle que le Cameroun lui-même est une créature des Nations Unies qui ne peut plus être ignoré. C’est l’idée que, si notre situation politique continue à se dégrader, la communauté internationale ne sera pas ou plus un spectateur oisif.
En réalité ce dont nous avons besoin n’est pas le droit à l’oubli, mais un véritable forum de vérité et de réconciliation pour tenter de guérir des traumatismes du passé et continuer à être productif à l’avenir sans nos institutions traumatogènes mais démocratiques.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
Right to be Forgotten or truth and Reconciliation?
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P
In a debate on Africa Radio on October 9, 2019, Veronique Lehman, the spokesperson of the party-State in Yaoundé, praised the magnanimity of the “Sun King” and Nnom Guii Paul Biya, who in his great and unmatched wisdom, has granted a reprieve and decided to provide freedom and the right to be forgotten which sees Pr. Maurice Kamto, among others, released from prison.
The CL2P needs to note that the release of some political prisoners recognized by our organization were not the product of “presidential favor.” The problem is that we do not live in a world of fairy tale and this hypocrisy is now too glaring to be ignored. To be clear, these political prisoners were released due to the activism and pressure exercised on the regime of Yaoundé including the CL2P. For the regime, this was not really a “favor” but a form of strategic opportunism that, in fact, does nothing to preserve the republic since the civil war is ongoing in the country
Necessary Justice.
Thus, the CL2P will continue its activism to the Nnom guii’s mythos and the idea that he is a magnanimous and innocent actor in Cameroonian politics. It is important to stop his 37 years reign and cult of obscene immortality gone wrong to rejuvenate and preserve our republics.
Therefore, NO to a regime that only values its ability to cling into power even if that includes continuous civil war and imprisonment of legitimate or people perceived to be threats to the regime. That immature political culture demonstrates the danger of holding on too long on the religion of the Nnom guii and a state built and sustain by violence and a culture of impunity that allows that violence to thrive.
This is where Joel Didier Engo, president of the CL2P, reminder that Cameroon itself is a creature of the United Nations can no longer be ignored which is the idea that as our politics continue to be degraded, the International Community will not be an idle bystander.
Thus, what we need is not the right to be forgotten but a real truth and reconciliation forum to try to heal from past trauma and move on in productive fashion in the future without traumatogenetic institutions but democratic one.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P