C’est une Alice Nkom amère qui a commenté les 37 ans de Paul Biya au pouvoir ce 6 novembre 2019 sur l’antenne ABK Radio émettant de Douala. La célèbre avocate a déclaré que comme d’autres Camerounais elle commence à être gagnée par le désespoir. « Nous n’avons plus d’avenir dans ce système qui nous ignore, nous méprise, nous exploite », s’est-elle indignée.
Lorsque son intervieweur lui demande si elle n’a pas déjà oublié les images du 6 novembre 1982 lorsqu’elle portait Paul Biya en triomphe, elle répond : « Je n’ai pas oublié les images du 6 novembre 1982. Je dois les avoir en mémoire pour mieux lui rappeler une sorte d’ingratitude qu’on ne peut pas expliquer. Il faut qu’il regarde lui-même et qu’il voie ce qu’on était ensemble le 6 novembre et qu’il se demande qu’est-ce qu’on est ensemble aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on a encore de commun ? Qu’est-ce qu’il a fait pour nous ? Qu’est-ce que le peuple camerounais lui a fait pour qu’il le mette comme ça dans la souffrance ? Qu’est-ce qu’on ne lui a pas donné en 37 ans ? On lui a donné en tout cas une chose sure, ce qu’il aime le plus au monde : le pouvoir absolu. Qu’est-ce qu’il nous a renvoyé ? »
Me Alice Nkom souhaite que le président de la République « soit sincère avec le peuple camerounais ». Elle aimerait qu’il « respecte la séparation des pouvoirs », qu’il parle avec franchise et qu’il agisse en conséquence, « qu’il ne nous mette pas tout le temps sous l’éteignoir comme si on n’existait pas et qu’il libère le Cameroun, les énergies des Camerounais, le génie du Camerounais ».
L’avocate émérite appelle à mettre en place les conditions d’une alternance telle que proposées par le Sultan des Bamoun Ibrahim Mbombo Njoya lors du Grand dialogue national. Elle pense que la rigueur et la moralisation annoncés à son accession au pouvoir par Paul Biya n’a jamais été effective. Pour elle, ces principes ont été enterrés par la justice camerounais.
Pierre Arnaud NTCHAPDA