Ses avocats jurent qu’il jouit encore du droit d’être candidat aux élections tant qu’il est non définitivement condamné, mais ils redoutent une consigne donnée, afin d’éviter d’enrôler l’affaire en appel jusqu’à l’expiration de la date de dépôt des candidatures.
Les avocats de Mamadou Mota, premier vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ont déchanté hier. Leur espoir de voir enfin enrôler l’affaire de leur client devant la cour d’Appel du Centre s’est envolé. “Tous les 05 jugements sont montés en appel depuis la semaine dernière. Mais nous éprouvons des difficultés à faire enrôler ces affaires alors même que le greffe nous avait promis que le dossier Mota et un autre passeraient ce matin [Ndlr hier lundi]. On continue de lutter…”, confie un avocat du vice-président du parti de Maurice Kamto.
L’espoir des avocats se fondait sur une promesse dont ils n’avaient aucune raison d’en douter. “Malgré nos démarches incessantes et les promesses obtenues depuis la semaine dernière, les dossiers Mota et autres ne sont toujours pas programmés à la cour d’appel”, s’inquiète un avocat qui ne cache plus son trouble devant cette situation : “Nous avons payé près de 550.000 FCFA pour la multiplication des dossiers des 05 jugements…depuis plus de 15 jours.” “Un mot semble avoir été donné, on ne sait par qui, d’éviter d’enroler les 05 jugements. Peut être jusqu’à l’expiration de la date de dépôt des candidatures aux élections municipales et législatives. On ne comprend pas ce blocage…”, s’exaspère un autre avocat. Avec 14 autres personnes incarcérées dans le cadre des manifestations organisées en janvier et juin derniers par le MRC, Mamadou Mota reste en prison malgré la décision d’arrêt des poursuites prise par le président de la République le 5 octobre 2019 qui a permis la libération de Maurice Kamto, celle de ses alliés et partisans.
Tokombere
Mamadou Mota n’a pas bénéficié de la mesure présidentielle, déjà condamné à deux ans de prison pour ” rébellion en groupe “. Et pourtant à l’occasion de la mutinerie à la prison centrale de Yaoundé le 22 juillet dernier qui lui vaut cette condamnation, le numéro deux du MRC a sauvagement été battu par les forces de l’ordre et transporté pour une destination inconnue. La photo de l’horreur a fait le tour des réseaux sociaux, Mamadou Mota s’en tirera avec, entre autres blessures, une fracture au bras. Ceci pouvant expliquer cela, l’un de ses premiers faits d’armes comme militant du Mrc fut une mobilisation populaire au cours de la fête de la jeunesse dans son arrondissement en 2015. Une bien belle gifle assénée alors à Cavaye Yeguie Djibril. Le portail des camerounais de Belgique. A Tokombere, le fief du président de l’Assemblée nationale, le défilé du MRC a en effet connu le 11 février 2015 une forte participation des jeunes. Ce jour-là, à la surprise générale, les rangs du Mrc étaient largement plus garnis que ceux du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Paye-t-il aujourd’hui le prix de cette capacité de mobilisation à la veille d’importantes échéances électorales ?
En tout cas, le collectif des avocats constitué par le MRC fait des pieds et des mains pour obtenir la libération des 15 personnes encore en détention dont Mamadou Mota, ingénieur agronome et dit avoir bon espoir que ses clients bénéficieront de la liberté provisoire comme leurs autres clients ayant relevé appel. Malgré d’évidentes pressions, le collectif dit faire confiance à la justice pour entretenir le climat d’apaisement consécutif à la décision d’arrêt des poursuites ordonnée par le chef de l’État le 05 octobre 2019.
Les 15 personnes encore en prison
1- Mamadou Yacouba
2- Nana Nana Branco Serge
3- Siewe Wilfried
4- Kouam Alexis
5- Mutagha Tifuh Silvanus
6- Siewe Éric
7- Tchinda Mathieu Elvis
8- Tchatchoua Christophe
9- Nyayo Michael
10- Megaptche Ghislain
11- Domgmo Idris
12- Sitchou Sadio Sidoine
13- Wafo Jasmin
14- Yemga Thomas Serge
15- Tamonang Guy Martial