Le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a rendu visite hier aux membres du Réseau Dynamique citoyenne en garde à vue administrative au Gmi n°1 de Yaoundé. Il était 17h hier lorsque Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, est entré dans la cellule de Jean Marc Bikoko.
Ce dernier était étalé sur son petit lit aménagé dans une chambre d’environ 3m2. Quelques palettes d’eau minérale étaient entreposées autour de cette chambre.
De l’autre côté de la grille, on pouvait apercevoir Jessie Bikoko, la fille du point focal de Dynamiques citoyenne. Cette dernière revenait de la douche où elle a été escortée par un gardien de la paix pour prendre sa douche.
« Je suis venu m’enquérir d’abord des circonstances de votre interpellation. Je constate que vos conditions de détention ne sont pas mauvaises et je suis venu vous apporter tout le soutien nécessaire au cours de cette épreuve ».
Ces membres de Dynamiques citoyenne ont été interpellés mardi dernier au Palais des sports de Yaoundé. Ils étaient en train de tenir un atelier sur l’alternance au pouvoir et l’organisation des élections libres et transparentes au Cameroun.
Cet atelier interdit par le sous-préfet de Yaoundé 2ème était organisé dans le cadre de la journée internationale de la dé- mocratie, célébrée le 15 septembre dernier. Jean Marc Bikoko, l’organisateur de l’atelier ainsi que deux de ses enfants et trois autres personnes ont été interpellés par les forces de l’ordre.
24 heures après leur arrestation, ils ont été placés en garde à vue administrative au Gmi N° 1 de Yaoundé.
Maurice Kamto: « On leur a appliqué la loi sur le terrorisme »
Maurice Kamto. Le président du MRC a expliqué les raisons de sa présence au GMI.
Notre visite de ce jour a deux objectifs: le premier objectif est celui de nous informer à la source. Il s’agit de nous enquérir auprès des intéressés eux-mêmes du déroulement des événements comment ça s’est passé, quel était l’objet de leur réunion, dans quelles circonstances ils tenaient cette réunion et comment on en est arrivé là où on est aujourd’hui ?
Parfois je dois avouer ma surprise. Si les faits sont ceux qu’il nous a relatés, il n’y a pas raison d’en douter. On peut s’inquiéter de ce que le seul fait de parler d’alternance au Cameroun soit perçu comme un chiffon rouge que l’on agite devant un taureau, parce que l’alternance est inscrit dans l’Adn de la démocratie. On doit toujours considérer cela comme une possibilité, ce n’est pas qu’elle soit automatique mais c’est une possibilité, c’est une probabilité dans certains cas, celui qui en décide certainement c’est le peuple camerounais. Il ne me semble pas que ce soit un crime de l’envisager et de discuter. La deuxième chose c’est la confusion dans l’utilisation des textes qui existent dans notre pays.Il vous souviendra que lorsque l’on a adopté la loi sur le terrorisme, nous avons exprimé nos inquiétudes dus aux risques d’amalgame et surtout, de l’utilisation politicienne à laquelle elle pouvait donner lieu.Nous voici devant un exemple patent, puisque les intéressés sont en détention administrative depuis plusieurs jours. Il n’y a que dans l’hypothèse du grand banditisme et du terrorisme que les gens peuvent être détenus 15 jours renouvelables.Or, nous sommes dans ce scénario.
Donc, avant que l’année soit consommée, c’est-à-dire entre le moment où la loi a été adoptée et actuellement, ça ne fait pas un an et on est face à un cas et nous ne pouvons pas ne pas interpeller le peuple camerounais là-dessus,parce que nous l’avons fait et nous avons été critiqués. Maintenant il faut que nous, en tant que peuple camerounais, nous soyons conscients que ce risque n’était pas une vue de l’esprit, mais qu’il est réel. C’est au peuple camerounais de faire en sorte que les lois de la République ne soient pas dévoyées et que l’on applique pour les réunions publiques les lois relatives aux réunions publiques et pour le terrorisme celles qui relèvent du terrorisme.
Si on ne peut pas s’exprimer au Cameroun, si un parti politique ou des associations des membres de la société civile ne peuvent pas s’exprimer sur la marche de leur pays, sur les questions démocratiques qui interpellent tous les citoyens, qu’est- ce qu’on fait ? Qu’est – ce qui reste aux citoyens ? Quand on se rend compte que les femmes ont été déshabillées, ont marché nues simplement parce qu’elles arboraient un tricot sur lequel il était marqué « Tournons la page » dans notre pays, je me demande qui ternit l’image de marque de notre pays. Je l’ai dit depuis à plusieurs reprises, il faut faire attention parce que ceux qui apparaissent comme les défenseurs de l’image de notre pays sont ceux qui ternissent, avec les marques indélébiles, l’image de notre pays.
© Le Jour : Prince Nguimbous