La chambre d’enregistrement du tyran bricole à la hâte – sous la pression de la communauté internationale – un statut dit spécial réservé aux seules deux (02) régions anglophones en guerre civile depuis trois (03) ans contre le pouvoir centralisé de Yaoundé, évitant à ce dernier d’acter le retour au fédéralisme pourtant réclamé par l’écrasante majorité des Camerounais.
Faut-il en plus rappeler que la décentralisation adoptée par la constitution de 1996 n’a jamais connu un début d’application.
De qui se moque-t-on???
Seules des sanctions ciblées et des poursuites internationales à l’encontre des principaux dignitaires sont à même de ramener progressivement à la modération une dictature comme celle de Paul Biya, aussi rompue à la répression sauvage et au double langage/visage permanent .
Tout le reste participe d’un changement purement cosmétique, au bout de 13 000 vies humaines perdues à jamais et plus de 700 000 déplacés.
JDE
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LA RÉPUBLIQUE VILLAGEOISE
Un brave jeune homme né à Yaoundé, d’une mère Ewondo de Yaoundé mais d’un père de Mbalmayo pourrait ne pas avoir le droit d’être maire de la ville de Yaoundé.
Une brave femme née à Douala, épouse de Sawa de Douala mais elle même fille de Dibombarie ne pourrait peut être pas candidater aux fonctions de maire de la ville de Douala.
L’actuel Délégué du gouvernement de Bafoussam, originaire de Batié est d’office disqualifié pour les charges de maire de cette ville.
C’est quoi cette scorie ( au quartier on aurait dit sable dans le tapioca) dans un projet de loi aussi attendu souhaité et même invoqué ? Pourquoi ne pas laisser aux partis politiques, par le jeu des investitures ou même les grands électeurs, la charge de régler cette question qui ressortit du pragmatisme ( au sens de Charles Sanders Peirce) plus que tout autre chose? Pas du droit positif en tout cas.
Le débat sur de l’autochtonie ne se posera, peut être pas, lorsque Garba, descendant de Moundang du Mayo Kani à l’Extrême Nord voudra être maire à Bertoua, ou Ayissi d’Obala voudra postuler à Limbé. Mais à coup sûr fera saigner, laissera des spasmes sur l’intégration locale, première marche de l’intégration nationale, lorsque l’un et l’autre respectivement, voudront devenir l’édile de Maroua ou de Yaoundé.
On ne peut pas préparer et monter une république aussi villageoise. Celle qui empêche à un Ewondo de Mbankomo, ou à un Foulbé de Figuil d’être maire de Yaoundé, pour l’un et Garoua pour l’autre… A un Bandjounais d’être maire à Bafoussam…
Les dispositions de l’article 246 de ce projet de loi portant “statut du code général des “collectivités territoriales décentralisées” sont un attentat à l’intégration locale, cellule biologique de la l’intégration nationale et du vivre ensemble tant claironnés par Yaoundé.
Ne prêtons pas le flanc à la république du village …
Par Rodrigue Ntongue, journaliste