Est-il donc incapable de comprendre que les Africains et singulièrement les Ivoiriens ne veulent plus de ces bases militaires françaises sur leur continent???
M. Macron, vous ne pouvez pas à la fois distiller un discours méprisant aux accents xénophobes et racistes à l’égard de l’Afrique noire et ses ressortissants en France, privant systématiquement leurs leaders d’opinions de visas d’entrée, encourageant les expulsions massives des sans-papiers à qui vous fermez les possibilités de régularisation… puis
promouvoir la présence militaire et économique de la France sur un continent qui aspire pourtant plus que jamais à prendre son destin en main.
Voilà précisément ce dont les Africains, sans nourrir une haine des Français et de la France, n’en veulent plus en 2019!
La Côte d’Ivoire de Ouatarra prépare visiblement l’arrivée de papa « Macron »…
Tout est fin prêt nous dit-on, jusqu’aux pagnes à l’effigie du jeune maître colonial….Exactement comme au bon vieux temps des colonies!
Ainsi va la Françafrique, infantilisante et paternaliste de « l’Homme Africain » par le biais des roitelets qu’elle maintient par la force à la tête de ces pays.
Pas surprenant d’entendre un prédécesseur et mentor de Macron tenir sous la « plume » de Henri Gaino le Discours controversé de Dakar :
« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ( …) Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance.
Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.
La réalité de l’Afrique, c’est celle d’un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu’il n’arrive pas à se libérer de ses mythes.»
Nous avons la faiblesse de penser parfois que le vrai drame de cette Afrique noire francophone c’est d’avoir fait la rencontre puis été colonisée par la France, qui a su formater d’éternels colonisés complexés, placés à la tête des États fantoches, qui se complaisent dans ce modèle ou schéma paternaliste et colonial, même quand le locataire de l’Élysée pourrait avoir l’âge de leur fils voire petit fils.
Nous devons en sortir définitivement pour le grand bien de tous, y compris des Français!
Joël Didier Engo, Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
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Emmanuel Macron en visite en Côte d’Ivoire, « partenaire fondamental » pour la stabilité au Sahel
Le président français partagera un dîner de Noël avec des soldats français au camp militaire de Port-Bouët, avant de se rendre à Bouaké, puis à Niamey, au Niger
Quelques jours avant l’arrivée d’Emmanuel Macron en Côte d’Ivoire, Abidjan se tenait déjà prête. Rues aux couleurs des drapeaux français et ivoirien, bitume fraîchement étalé sur quelques artères de la ville, opposants brûlant de battre le pavé malgré les entraves du pouvoir.
La venue du président de la République française, du vendredi 20 au dimanche 22 décembre, est d’autant plus attendue qu’elle a été reportée d’une dizaine de jours en raison de la mobilisation contre la réforme des retraites, en France. C’est la deuxième depuis le début du quinquennat, et elle revêt un caractère important dans une période où la région voisine du Sahel est en proie à une forte dégradation sécuritaire.
« La sécurité sera un des fils conducteurs de cette visite », souligne-t-on de source française, considérant que la Côte d’Ivoire, point d’entrée et de sortie pour les économies de ses voisins maliens et burkinabés, est « un partenaire fondamental dont la stabilité conditionne largement la situation économique au Sahel ». Emmanuel Macron et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, prévoient d’ailleurs de relancer le projet d’académie internationale de lutte contre le terrorisme, à Jacqueville, à 50 km d’Abidjan. Un chantier lancé il y a deux ans, qui patinait ces derniers mois.
Mais c’est d’abord par une visite au camp militaire de Port-Bouët, commune d’Abidjan, que le président français a prévu de commencer son déplacement, vendredi soir. Il y partagera le traditionnel dîner de Noël avec des soldats français déployés à l’étranger et avec leurs familles. L’occasion pour le chef de l’Etat de s’entretenir avec un groupe de militaires de l’opération « Barkhane » engagé dans le combat au Mali, et meurtri le 25 novembre, jour où 13 hommes ont péri dans une collision d’hélicoptères.
Ce moment de recueillement doit en précéder un autre, potentiellement plus polémique, dimanche. Pour la première fois, un chef de l’Etat français doit en effet rendre hommage aux neuf soldats français qui ont été tués à Bouaké, dans le centre du pays, le 6 novembre 2004, dans un bombardement de l’aviation ivoirienne. En représailles, l’armée française neutralisa les deux avions incriminés, ainsi que d’autres appareils, provoquant une levée en masse de partisans du président de l’époque, Laurent Gbagbo (2000-2011). Quatre mille Français durent être évacués et l’événement a constitué l’une des plus graves crises dans la relation franco-ivoirienne, qui s’est ensuite retissée sous l’impulsion du successeur de M. Gbagbo, Alassane Ouattara.
Cette commémoration est « quelque chose de sensible », reconnaît-on à l’Elysée, « que l’on prend avec beaucoup de délicatesse ». « C’est un moment important qu’il fallait faire au moment où la France et la Côte d’Ivoire veulent aller plus loin dans leur partenariat », estime-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. L’occasion, aussi, de lancer le chantier du marché de Bouaké, projet très attendu sur place, financé avec l’aide de la France.
Si les deux Etats ont enterré leurs contentieux depuis l’accession à la présidence de M. Ouattara – largement rendue possible par l’implication diplomatique et militaire de la France –, la Côte d’Ivoire, elle, n’a pas encore tourné la page de son passé. La vie politique y demeure polarisée autour des trois mêmes personnalités : Alassane Ouattara, ainsi que les ex-présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Trois hommes, respectivement âgés de 77, 85 et 74 ans, qui « confisquent l’environnement politique », selon un partisan de M. Bédié, dans un pays où 70 % de la population a moins de 35 ans.
L’hypothèse de les voir à nouveau s’affronter lors de l’élection présidentielle, prévue fin octobre 2020, est venue réveiller les craintes d’instabilité, voire de violences. En 2010, une guerre civile, dont le bilan officiel est de plus de 3 200 morts, avait déchiré le pays au moment du scrutin qui a vu s’affronter ces trois « éléphants ». « A moins d’un an de l’élection, on ne sait toujours pas qui sera candidat, et beaucoup de scénarios sont encore possibles, constate un diplomate. Nous ne sommes plus en 2010, quand deux blocs militaires se faisaient face, mais il y a un risque réel de manifestations de masse. Les politiques ont toujours dans l’idée qu’une élection ne se gagne pas mais s’arrache. »
S’incliner devant les dépouilles des soldats nigériens
Dans ce contexte, et en raison du poids que la France conserve dans ce pays où vivent 22 000 Français, nombre d’observateurs craignent que la visite d’Emmanuel Macron ne soit interprétée comme un signe d’adoubement en faveur d’un troisième mandat de M. Ouattara. Lequel avait pourtant promis un renouvellement, en envisageant, par exemple, d’instaurer une limite d’âge à 75 ans pour pouvoir se présenter, et en positionnant comme successeur désigné son premier ministre et fidèle lieutenant, Amadou Gon Coulibaly. Las, M. Ouattara laisse désormais poindre la possibilité d’un troisième mandat, mais « ne se prononcera pas tant qu’il n’aura pas la certitude que Gbagbo et Bédié n’iront pas », assure l’un de ses proches.
Pour couper court aux rumeurs d’interventionnisme, l’Elysée dit, de son côté, « prendre acte de cette ambition », tout en soulignant que « la Côte d’Ivoire ne manque pas de ressources humaines ni d’élites ». « Nous échangeons régulièrement avec l’ensemble des forces politiques de Côte d’Ivoire », assure un proche de M. Macron. Ces dernières, d’ailleurs, devaient être conviées au dîner offert, samedi, par la présidence ivoirienne.
Le président de la République, enfin, va aussi tenter d’apaiser des esprits échauffés par le ton jugé cassant de son invitation des chefs d’Etat formant le G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) à se rendre à un sommet conjoint, à Pau. Initialement prévu en décembre, ce rendez-vous a été reporté au 13 janvier 2020 à la suite de l’attaque djihadiste dont ont été victimes, le 10 décembre, des troupes nigériennes, à Inates. Avant de rejoindre Paris, dimanche, M. Macron a d’ailleurs prévu de s’arrêter à Niamey, pour s’incliner devant les dépouilles des 71 soldats morts durant ce combat.
Par Cyril Bensimon (Abidjan, envoyés spéciaux) et Olivier Faye