CAMEROUN, PRISON CENTRALE DE KONDENGUI
31 décembre 2019
MAMADOU MOTA
QUARTIER 3
LOCAL 43
MDP : 05/08/2019
MOTIF : rébellion en groupe
Chers compatriotes,
C’est avec un plaisir profond que je vous écris en cette fin d’année pour vous souhaiter mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année qui commence.
Chers compatriotes l’année qui s’achève aujourd’hui a été longue tant la souffrance a été languissante pour chacun de ceux qu’on ne voit pas que par le manque de solutions définitives aux racines de nos souffrances ; notre pays en 2019 a été le laboratoire de toutes les monstruosités allant de la décapitation de soldats à la mise en flamme de maisons d’habitation habitées de jeunes enfants, peut être là, c’est la face visible de l’iceberg ;
L’utilisation de plus en plus accrue de la faim comme arme d’assujettissement de la population anglophone et les morts de la malnutrition infantile sans nécessité qui pour moi reste inacceptable et constitue des graves atteintes a notre humanité.
Difficilement, ils penseront à ces tous petits à la mamelle qui souffrent dans le fond broussaille où ils espèrent avec leurs mères fatiguées trouver refuge alors de la malnutrition, du paludisme et de la diarrhée sombrant davantage leurs nuits infestées de moustiques, souffrances honteuses, maladies évitables que nous nous voyons.
À eux, je renouvelle les vœux que 2020 soit une année de bien-être, de paix, de retour à la maison, de santé , de croissance normale à l’abri de la haine et de grande compassion nationale.
À ceux comme moi qui affrontent les serres impitoyables d’un système gouvernant inadapté à la démocratie et à l’évolution du temps, je dis il y a de l’espoir quand nous restons debout alors ne chancelons pas.
Alors que cette année s’achève, l’espoir du retraité, du jeune étudiant sorti de l’université cherchant du travail demeure flou, je vous souhaite de vivre pleinement votre retraite et que grâce à notre combat pour la démocratisation, vous, jeunes à la recherche d’emploi, puissiez trouver un travail décent qui ne soit pas lié à un réseau mais à votre performance.
La misère de l’an dernier doit être ce point noir qui n’obstrue pas le chemin de l’avenir dans le rétroviseur de l’an 2020. Avançons avec optimisme pour que la génération qui vient trouve un autre défi et non celui que nous avons refusé de relever pire encore celui que nous avons laissé prospérer par égoïsme, et indigénat.
Aux jeunes femmes, vous êtes l’espoir du Cameroun, vous serez le Cameroun. Je crois en ce rêve de voir une femme, une jeune femme d’aujourd’hui présidente de la république du Cameroun parce que, alors que je suis en fin 2019, je pose les jalons d’une démocratisation du pays, de l’équilibre entre les humains et de la promotion politique et effective de la femme. Vous êtes les plus courageuses, les plus fortes, les plus dignes, mais toutes les souffrances évitables vous sont infligées parce que nous n’avons pas su suffisamment vous protéger des intempéries que constituent certains prédateurs. Je vous souhaite d’être vous-mêmes, ces lionnes et je défendrais ma fille, ma femme, ma mère, tel est le sens de mon combat.
A mes amis politiques, votre combat est noble et je n’abandonnerai jamais, si les serres pincent plus fort, je vais serrer les dents plus fort pour continuer, résister et défaire les serres. En 2019 vous avez été présents, ce combat chacun l’a porté et en 2020, solidifions nos épaules, KAMTO notre président l’a si bien dit : «rien n’est fini tant que ce n’est pas fini ». A lui et à vous ses lieutenants, 2020 est notre année de gloire car la sensation de la prison est la même que celle d’un meeting dans le corps d’un combattant. LES 15 autres ne vous trahiront jamais et d’ailleurs, nous entrons dans la nouvelle année avec le sentiment des enfants gâtés par une famille MRC paternelle.
Mes chers compatriotes réfugiés, je ressens la même douleur que vous, la même faim, je n’ai aucune idée par contre de ce qu’on ressent de vivre loin de chez soi, tout ce que je sais est qu’il est difficile et inadapté à la conscience humaine d’être heureux ailleurs que chez soi, je vous souhaite de retrouver notre patrie le plus tôt possible. Vos souffrances ne seront pas vaines.
Aux PDI (Personnes Déplacées Internes), nous nous retrouverons chez vous en 2020, résistez et que le peuple qui vous accueille redouble de compassion et d’humanisme.
Ma famille et moi-même vous souhaitons les meilleurs pour 2020, paix, prospérité et bonheur.
JE VOUS AIME !!!