Eric Siewe a été arrêté en même temps que Maurice KAMTO le 28 janvier chez Albert Dzongang. Il n’a toujours pas été libéré alors que les poursuites ont été abandonnées contre toutes les personnes arrêtées ce jour-là.
Après un passage à la police judiciaire à Douala il est déporté à Yaoundé en même temps que ses camarades d’infortune et mis en détention provisoire à la Prison Centrale de Kondengui.
Quelques mois plus tard, il est enlevé une première fois et emmené au GSO (une unité de police spécialisée dans les opérations « coup de poing », commando, anti commando contre les individus dangereux ou les bandes organisées de malfaiteurs) pour avoir porté un tee-shirt à l’effigie de l’équipe nationale de football, avec au dos l’inscription «le jour dit».
Concernant le groupe de mots «Le Jour dit», Il s’agit d’une référence ironique à la promesse du Président de la République de faire organiser la Coupe d’Afrique des Nations le jour dit. Il sera sévèrement battu pendant des heures. Après quelques jours et une alerte lancée par ses conseils il est ramené à la prison centrale.
Le 22 juillet il observe comme tous les prisonniers présents dans la cour centrale de la prison les codétenus qui manifestent par des chants et des danses contre leurs conditions de détention et la durée de celle-ci dans l’attente d’un procès. Il retourne dans ses quartiers dans l’après-midi. C’est là qu’il apprend l’arrestation de Mamadou Mota et Serge Branco Nana. C’est là aussi, qu’en pleine nuit alors qu’il revient des toilettes, on l’arrête en l’accusant d’être un émeutier. Pour aller monter dans la voiture qui les emmène au Secrétariat d’État à la Défense (connu pour son centre de tortures) il traverse une haie de policiers et de gardes qui le frappent des poings et des pieds, avec des matraques.
Au SED, les tortures continuent. Il est déshabillé, forcé à s’assoir sous un jet d’eau froide, reçoit des coups de matraques et de bottes avec ses camarades pendant des heures. Il dira “j’ai eu de la chance, ils étaient fatigués d’avoir battu les autres en arrivant sur moi”. Il sont enfermés dans un sous-sol sans lumière et sans contact avec l’extérieur jusqu’au 6 août.
Cette fois on l’envoie à Mbalmayo. Alors que son mandat de mise en détention provisoire dit qu’il est placé à la prison centrale de Yaoundé. Quelques semaines à peine plus tard, à l’issue d’un simulacre de procès, il est condamné à deux ans de prison pour mutinerie.
Le mandat d’incarcération aussi prévoit qu’il effectue sa peine à Kondengui. On le maintient à Mbalmayo. Il fait appel. Pendant des mois rien n’avance. Le Président de la république a ordonné l’arrêt des poursuites et de libérer tout le monde. Il a été “jugé” trop vite !”
Après quelques temps d’accalmie le harcèlement, la torture et les intimidations ont repris. Son parti a décidé de boycotter et d’appeler au boycott des élections…
L’affaire passe enfin devant la Cour d’appel du Centre. Mais le personnel de la prison demande à Eric SIEWE de payer pour être extrait et présenté au juge !
La prochaine audience a lieu le 27 janvier 2020. Toute la semaine Eric a souffert entre les mains de ses geôliers : on a tenté en vain de monter ses codétenus contre lui. Puis l’infirmier a prétendu qu’il s’était soulagé à un endroit interdit : le même qu’il utilise depuis des mois, que tous les détenus utilisent. 6 hommes cagoulés sont quand même venus le chercher dans sa cellule pour le jeter en isolement. On l’a battu, des coups de matraque lui ont fracturé les os de la paume gauche. Voilà plusieurs jours qu’il attend les soins.
Après l’isolement, on l’a transféré dans le pire secteur de la prison. Le régisseur de la prison n’a toujours pas réagi après deux demandes d’audience déposées par Eric.
En violation de la loi, Eric n’a pas le droit de communiquer avec l’extérieur. Il faut venir sur place pour pouvoir lui parler. A plus d’une heure de route de Yaoundé, de l’endroit où il doit être jugé, à des centaines de kilomètres de sa famille et ses amis.
Eric est puni parce qu’il est militant du MRC. Ce gouvernement prétend qu’il accepte la compétition, la contradiction. Qu’il le prouve. Qu’il respecte ses propres lois, s’il l’ose. Ramenez Eric là où il devrait être. Ramenez le à Kondengui. Faites mieux : libérez-le.”
Par Jean Bonheur Résistant