Expérience Carcérale en Afrique
L’universitaire française, Yasmine Bouagga, sociologue attachée au CNRS de Lyon France, travaille sur les politiques pénales et les conditions d’incarcération et sur le sens de la peine dans plusieurs pays africains. Elle le fait en coordination avec Marie Morelle et Frédéric LeMarcis au sein d’un groupe appelé ECOPAFF. Ils mènent leurs recherches en sachant que les conditions d’incarcération en Afrique sont diverses et répondent à différentes formes de pressions politiques et socio-économiques.
En addition, les conditions d’incarcération ne sont pas uniquement un problème pour les pays soumis à la tyrannie, les États-Unis étant le premier pays en termes d’incarcération pénale. Il y a cependant de grandes leçons que Bouagga et ses collègues peuvent tirer de leur travail, en particulier, en relation avec La déclaration de Kampala de 1996 sur les conditions de détention en Afrique et qui a recommandé l’utilisation de peines alternatives dans les prisons africaines, ce qui signifie un meilleur traitement des détenus, l’interdiction de la torture et la surveillance des prisons par des groupes indépendants de défense des droits de l’Homme.
Les organisations de défense des droits humains telles que le CL2P comprennent que les politiques carcérales dans les pays sous tyrannie sont motivées par les régimes qui s’appuient sur le despotisme légal pour contrôler la population et dégager du champ de bataille politique des opposants légitimes jugés dangereux contre ces régimes. Cela explique pourquoi le taux d’incarcération dans des pays comme le Cameroun s’affiche comme l’un des plus bas, car ces régimes d’exception ont également des politiques carcérales corrompues où les gens peuvent acheter leurs possibilités de sortir de la prison, sauf bien évidemment les prisonniers politiques.
Bouagga poursuit en abordant la « commercialisation » des prisons en Afrique, en particulier, en ce qui concerne les politiques de développement et les programmes de financement développés par les donateurs internationaux pour les réformes pénitentiaires en Afrique au détriment d’autres secteurs qui ont pourtant des besoins urgents tels que la santé et l’éducation.
Ainsi, des pays comme le Cameroun reçoivent des fonds de donateurs internationaux tels que l’Union européenne pour atténuer des problèmes graves, tels que la surpopulation carcérale, la malnutrition et les soins de santé.
Le CL2P peut apporter la preuve que ces fonds ont bien été volés car aucune de ces améliorations ne peut être constatée dans les prisons camerounaises. Au contraire, comme les pires cancers, le système de justice pénale, dans des endroits comme le Cameroun, a métastasé au point qu’il affecte presque tous les niveaux de la société avec de nombreuses conséquences involontaires telles que la stigmatisation sociale et les cicatrices psychologiques. Ce qui aboutit à un bilan morose non seulement pour les délinquants, mais aussi pour leurs familles et leurs quartiers. Et ce lourd prix peut aussi être intergénérationnel.
En fait, pour une politique qui était censée nous mettre en sécurité, aucun Camerounais sensé ne peut prétendre être réellement en sécurité. En fait, ces conditions pénales ont créé un environnement criminogène qui peut favoriser un comportement antisocial en endommageant les perspectives économiques des familles des détenus et en nuisant au tissu social, ajouté au coût de l’incarcération qui l’emportent définitivement sur les avantages.
Ce rendement décroissant milite clairement pour la fin du despotisme légal au Cameroun et il revient au régime de Yaoundé de commencer à balayer devant sa porte.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Carceral Experience in Africa
French scholar, Yasmine Bouagga, a sociologist attached to the CNRS of Lyon France, works on the penal policies and conditions of incarcerations and the meaning of punishment of several African countries. She does so in coordination with Marie Morelle and Frederic LeMarcis on a group called ECOPAFF. They do so with the understanding that conditions of incarcerations in Africa are diverse and responds to different forms of political and socioeconomic pressures. What is more, conditions of incarceration are not being solely a problem for countries under tyranny since the United States is the leading country in terms of penal incarceration.
There are broad lessons, however, that Bouagga can derived from her work, particularly, in relation to The Kampala declaration of 1996 on conditions of detention in Africa recommended the use of alternative sentences in African prisons which means better treatment of prisoners, ban on torture and prison supervision by independent human right groups.
Human right organizations such as the CL2P understands that carceral policies in countries under tyranny are motivated by the regimes relying on legal despotism to control the population and clear the political battlefield for legitimate opponents deemed to be dangerous against these regimes. This explains why the rate of incarceration in countries, such as Cameroon, have a lowest rate of incarceration which is because these regimes of exception have also corrupt carceral policies where people can buy their ways out of prison except political prisoners.
Bouagga goes on to address the “marketability” of prisons in Africa, specially, regarding policies of development and funding programs developed by international donors for prison reforms in Africa at the expenses of other sectors in dire needs such as health and education.
Thus, countries such as Cameroon receive fund from international donors such as the European Union to mitigate dire problems, such as prison overcrowding, malnutrition and healthcare.
The CL2P can provide evidences that these funds are indeed stolen because none of these improvements can be noted in Cameroonian prisons. To the contrary, like the worst kinds of cancer, the criminal-justice system, in places such as Cameroon, has metastasized to the point that it affects almost every level of society with many unintended consequences such as social stigma and psychological scarring. A toll not only on the offenders, but on their families and neighborhoods. And that toll can also be intergenerational
As a matter of fact, for a policy that was supposed to make us safe, no Cameroonians in his right mind can claim to be safe. In fact, it has created criminogenic conditions that can foster anti-social behavior by damaging the economic prospects of prisoners’ families and harming the social fabric and the cost of incarcerating people definitely outweighs the benefit and this diminishing return militate for an end to legal despotism and the regime of Yaoundé to begin asking itself questions about its survival.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P