DANS LE CADRE DE LA SEMAINE DU PRISONNIER POLITIQUE, DE CONCERT AVEC LE SITE D’INFORMATION SUR L’ACTUALITÉ DES DROITS DE L’HOMME AU CAMEROUN ET EN AFRIQUE: HURINEWS.COM
Jean Marie Atangana Mebara, coïncé dans l’Albatros
Dans l’imagerie de l’homme camerounais, l’ancien secrétaire général de la présidence est celui dont les malversations financières ont privé le chef de l’État d’un aéronef pour ses déplacements. Mais en réalité, ses ennuis judiciaires procèdent des ambitions présidentielles que certains membres de l’entourage présidentiel lui ont prêtées.
La vie de Jean Marie Atangana Mebara a basculé un 1er août 2008.
Convoqué par les fins limiers de la police judiciaire pour répondre des accusations de malversations financières relatives à l’achat de l’avion présidentiel, l’ancien secrétaire général sera retenu dans les locaux de la Pj d’où il partira pour la prison centrale de Yaoundé-Kondengui 5 jours plus tard. Il y séjourne encore jusqu’à ce jour subissant une avalanche de procès.
Brutale a été la chute de ce Maître de recherche de formation âgé de 61 ans sorti en 1983 de l’Université de Paris avec en poche un doctorat 3e cycle en Économie de l’éducation. Puis suivra une carrière bien remplie dans la haute administration: Directeur de l’Institut Supérieur de Management Public, Ministre de l’enseignement supérieur, Ministre d’État Secrétaire Général à la Présidence de la République, et Ministre d’état chargé des Relations Extérieures.
Alors survient la fameuse affaire de l’avion présidentiel baptisée « Albatros ». Le chef d’Etat a besoin d’un avion pour ses déplacements. À la place d’un avion neuf, le Cameroun choisi de jeter son dévolu sur un coucou en location. Nous sommes en avril 2004. Jean Marie Atangana Mebara occupe alors les fonctions de secrétaire général à la présidence, dont chargé de piloter le dossier.
Un vrai traquenard judiciaire
Lors du voyage inaugural pour Paris, l’avion ayant à son bord la famille présidentielle connaît quelques problèmes pendant le vol. Des incidents qui seront très vite réparés par les pilotes. Mais n’empêche. Le président semble avoir humé un coup fumant et promet de couper des têtes, dont celle de Mebara. C’est d’ailleurs par la sienne qu’elles commenceront à tomber.
Le public camerounais s’attend alors à ce que la justice camerounaise déniche quelques virements suspects ou investissements personnels à partir de l’argent de cet avion. Que non. Il se voit servir un traquenard judiciaire contre Mebara: des procès à la pelle (il en est à son 3e encore pendant devant le tribunal criminel spécial de Yaoundé), un acquittement bloqué à la Cour suprême depuis janvier dernier, une double condamnation à 15 ans de prison ferme en octobre 2012, puis à 20 ans de prison pour de supposés «détournements de deniers publics », etc.
Le 12 mai 2014, la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine s’en est émue et a sommé l’Etat camerounais de le mettre en liberté ou à défaut de le juger sur la base des faits précis. Ella également exigé du Cameroun qu’une indemnisation de 800 millions de F Cfa lui soit versée pour détention arbitraire. Des recommandations restées sans suite jusqu’à ce jour.
Un mois plus tard, Jean Marie Atangana Mebara est reconnu comme prisonnier politique par le Comité de libération des prisonniers politiques au Cameroun (Cl2p), mouvement lancé à Paris le 3 mai 2014. Par ailleurs, certaines sources attribuent les ennuis judiciaires d’Atangana Mebara à son appartenance à un dénommé “G11”, une entité constituée à la demande insistante du chef de l’État Paul BIYA auprès de certains de ses proches collaborateurs; et visant à explorer les voies d’une alternance/transition pacifique au Cameroun.
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