La Guerre anglophone et les Connaissances Médiatiques
La dernière menace du régime de Yaoundé à l’encontre du journaliste et défenseur des droits de l’Homme, Michel Biem Tong, nécessite également une éducation aux médias sur la couverture de la crise anglophone. En particulier, les informations que les médias officiels ne sont pas autorisés à délivrer au public.
Cette connaissance va au cœur de la différence entre actualités et opinions, et comment Michel Biem Tong dans sa couverture médiatique de la rébellion Anglophone a levé une puissante ambiguïté sur ce qui est en fait une guerre de rébellion. C’est ce qui a provoqué la colère du régime de Yaoundé et qui lui vaut d’être pourchassé y compris en exil par les tontons macoutes de la dictature de Paul Biya.
En effet, la différence entre sécession et rébellion est ici de la plus haute importance. Une guerre de sécession signifie que nous sommes toujours impliqués dans un processus politique et la guerre n’est qu’un autre moyen d’atteindre des moyens politiques. Une rébellion, en revanche, signifie que le processus politique est bel et bien mort et que l’objectif principal de la guerre est de savoir quelle partie gagnera, ce qui mènera de facto à deux pays indépendants.
Une rébellion signifie, par conséquent, qu’un dialogue n’est plus possible et que les extrémistes des deux camps ont décidé de régler cette crise politique sur le champ de bataille. Dans la pratique, les outils pour résoudre ce conflit, qu’il soit politique, diplomatique et juridique, ne peuvent plus être utilisés.
C’est le résultat malheureux d’un régime fonctionnant avec la conviction qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent, quand ils veulent, comme et où ils veulent. C’est ce qui est au cœur de son idéologie politique puis de son mode opératoire.. Un ethos qui est indéniablement très présent dans cette guerre. Le régime de Yaoundé a passé quatre décennies à prétendre être un régime de parti-État fondé sur des principes voulus libéraux, basé sur le renouveau, la rigueur, la moralisation puis le respect de la constitution. Alors qu’en réalité, il ne s’est jamais soucié de tout cela. C’est essentiellement et a toujours été un mouvement autoritaire dirigé par des gens sans culture démocratique qui croient qu’ils devraient avoir le pouvoir d’imposer leur volonté à tous les autres. Les régions anglophones du Cameroun ont finalement refusé d’être les destinataires de ces pratiques autoritaires improductives.
Ainsi, ce que Michel Biem Tong expose, c’est que ce régime ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. C’est cette triste vérité qui les rend littéralement fous de rage.
Car cette illusion de pouvoir absolu et d’immoralité auto-justifiée a été brutalement brisée, ouvrant les portes de la culpabilité et de la rage. Une rage, cependant, dirigée contre la mauvaise personne: un journaliste.
C’est l’occasion de redire qu’un journaliste est comme un thermomètre, un reflet de la maladie nationale engloutissant un pays, et briser le thermomètre ne va pas guérir la maladie.
Cette guerre anglophone, enfin, est l’expression réelle que personne n’est au-dessus de la loi, surtout lorsque les autorités elles-mêmes sont impliquées dans des crimes de guerre et de génocide.
Placé devant la triste réalité d’un régime si fortement compromis, toute menace contre un journaliste fait et fera davantage ressortir le visage hideux d’un régime compromis, effronté et nu entrain d’être relégué aux poubelles de l’Histoire.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
English version
Media Literacy and the Anglophone War
The latest threat from the regime of Yaoundé facing journalist and human right activist, Michel Biem Tong, requires the necessity of a media literacy regarding the coverage of the Anglophone’s crisis as well, particularly, news the official media do not cover. It goes at the heart of the difference between news and opinions and how Michel Biem Tong in his coverage has removed a powerful ambiguity regarding what is in fact a war of rebellion and which invited the wrath of the regime of Yaoundé.
The difference between secession and rebellion here is of utmost importance. A war of secession means that we are still involved in a political process and war is just another means to achieve political means. A rebellion, on the other hand, means that the political process is indeed dead and the war’s primary objective is which side will win which de facto leads to two independent countries.
A rebellion means, consequently, that a dialogue is no longer possible and the extremist of both camps have decided to settle this political crisis on the battlefield. In practice the tools to resolve that conflict be it political, diplomatic and legal can no longer be used.
This is the unfortunate outcome of a regime running on the fuel that they can do whatever they want which is at the core of that regime. An ethos which is very much on display in this war. The regime of Yaoundé has spent four decades pretending to be a principled party regime based on renewal and rigor and respect for the constitution, when in reality, they never cared about any of that stuff. It is and has always been an authoritarian movement led by people who believe they should have the power to impose their will on everyone else. The Anglophone’s regions of Cameroon finally refused to be on the receiving end of these unproductive authoritarian practices.
Thus, what Michel Biem Tong is exposing is that this regime cannot have its cake and eat it as well. That is the sad truth that is driving them mad.
That illusion of absolute power and self-justifying immorality have brutally been shattered opening up the gates of guilt and rage. A rage, however, directed at the wrong person. A journalist is like a thermometer, a reflection of the national disease engulfing a country and breaking the thermometer is not going to cure the disease.
This Anglophone war, finally, is the real expression that no one is above the law, especially, when authorities themselves are implicated in war crimes and the regime so heavily compromised and the threat against a journalist just the normal expression of a compromised, brazen and naked power being relegated to the dustbin of history.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P