Puisque le Boycott électoral lancé par le principal parti d’opposition, le Mouvement Pour La Renaissance du Cameroun (MRC) semble avoir largement été suivi sur toute l’étendue du territoire camerounais, il serait logique que les victimes anglophones des crimes contre l’Humanité et de génocide pour lesquels ce parti s’est précisément abstenu de participer à la mascarade électorale de dimanche 09 février 2019, soient également soutenues et accompagnées par lui (dont son président Maurice Kamto) dans les indispensables poursuites judiciaires à engager d’urgence contre le régime de Yaoundé devant les instances internationales compétentes.
Il s’agit d’une exigence de cohérence éthique, juridique, et politique largement à la portée du Pr. Maurice Kamto dont les compétences en la matière sont unanimement reconnues.
JDE
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Les Camerounais ont voté pour leurs députés, sans grand enthousiasme et sous tension
Les Camerounais ont voté dimanche pour les législatives, sans enthousiasme apparent dans un pays au pouvoir verrouillé depuis près de quatre décennies par le président Paul Biya et en proie à de sanglants conflits, dans l’Ouest anglophone et dans l’Extrême-Nord.
L’enjeu de ces élections à l’Assemblée nationale et pour les conseils municipaux réside donc essentiellement dans le niveau de participation, une partie de l’opposition ayant appelé au boycottage et les violences, depuis des années, ayant grandement dissuadé les électeurs d’aller aux urnes dans l’Ouest et le Nord.
En tout état de cause, dans ce pays d’Afrique centrale où 75% des quelque 24 millions de Camerounais ont moins de 35 ans et n’ont connu qu’un seul président – Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir -, le double scrutin, comme la campagne, n’a pas déplacé les foules.
A Buea, le chef-lieu du Sud-Ouest, l’une des deux régions où se concentre la minorité anglophone du pays, les bureaux de vote ont été quasiment déserts toute la journée. Policiers et soldats, déployés en nombre en ville, étaient presque les seuls à voter dans certains bureaux.
Dans quatre d’entre eux, après la clôture, le nombre de bulletins dans les urnes oscillait entre 10 et 50% des inscrits, selon un journaliste de l’AFP.
“Les opérations de vote se sont achevées sur l’ensemble du territoire national dans les 26.336 bureaux de vote dans le calme, l’ordre et la discipline”, a déclaré le directeur général de la commission électorale, Erik Essousse, lors d’une conférence de presse.
Les résultats des municipales devraient être connu dans les 72 heures, et ceux des législatives au plus tard dans 20 jours.
Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où militaires et groupes armés indépendantistes anglophones s’affrontent depuis trois ans, les combats, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG, ont fait plus de 3.000 morts depuis 2017 et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.
Seulement 5% et 15% des inscrits y avaient voté à la présidentielle de 2018 et des groupes armés ont appelé encore cette fois les populations à ne pas aller aux urnes. Et menacé ceux qui s’y risqueraient.
Les violences redoutées dimanche n’ont pas eu lieu ou n’ont pas été rendues publiques. Seuls des échanges de tirs entre soldats et séparatistes ont empêché le vote à Muyuka, un fief séparatiste du Sud-Ouest, sans qu’aucun bilan ne soit annoncé.
– Faible affluence –
Yaoundé avait dépêché des centaines de soldats en renforts.
Des inquiétudes planaient également sur la sécurité du vote dans l’Extrême-Nord, où les attaques du groupe jihadiste Boko Haram, originaire du Nigeria voisin, se sont intensifiées ces trois derniers mois. Mais rien n’a filtré dimanche sur d’éventuels incidents.
A Yaoundé, dans le grand bâtiment austère de l’école du quartier populaire musulman de la Briqueterie comme dans les locaux chics et hyper-sécurisés de l’établissement bilingue où le président Biya est venu voter, les électeurs sont venus au compte-gouttes, selon un journaliste de l’AFP qui a visité au total sept bureaux.
Dans les deux derniers, après la fermeture, les urnes étaient aux trois quarts vides, avec 55 bulletins sur 262 inscrits dans l’un, 71 sur 258 dans l’autre. Et une majorité écrasante pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de M. Biya dans les deux cas après un rapide dépouillement.
Dans une école franco-anglophone, un jeune se décrivant comme “un observateur du MRC” jubilait en fin d’après-midi. “On peut dire que nous sommes les vainqueurs de ce vote”, lançait-il sous le couvert de l’anonymat en montrant quelques personnes s’éloigner.
“c’est très bien, il n’y a pas de bousculade”, préfère positiver M. Nyemb, venu voter avec son épouse. “Je veux choisir ceux qui me représentent, c’est tout”.
L’un des deux principaux partis d’opposition, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, challenger malheureux de Paul Biya à la présidentielle de 2018, avait appelé au boycott. Le RDPC est quasiment assuré de rafler la mise une nouvelle fois – il jouit déjà d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale: 148 sièges sur 180.
– Qui incarnera l’opposition ? –
Outre la participation, et le possible changement de camp de quelques municipalités – dont la capitale économique, Douala -, c’est le visage de l’opposition – très divisée – dans la future chambre basse du Parlement, qui intéressera les Camerounais.
Alors que 49 partis s’opposent au pouvoir, en comptant les deux scrutins, les regards se tournent vers le premier d’entre eux représenté dans l’Assemblée sortante, le Social Democratic Front (SDF), avec ses 18 députés.
Mais le SDF, plutôt implanté dans les zones anglophones, est sous la pression des mouvements indépendantistes qui lui reprochent de préférer une solution fédéraliste avec la majorité francophone, rejetée catégoriquement par M. Biya.
Par AFP