Sommes Nous Maudits?
La tribalisation à outrance du débat politique au Cameroun et au sein des diasporas
Malgré les discours officiels, la tribalisation à outrance du débat politique au Cameroun participe à la marginalisation de toutes les voix modérées en renvoyant chaque ressortissant camerounais, malgré ses positions objectives et républicaines – dont la condamnation ferme du système répressif en vigueur dans ce pays — uniquement à son origine ethnique et tribale, ramenée ici à deux grands ensembles BULU ou BAMILEKE, dans un pays qui compte au bas mot 250 tribus.
En effet pour ces ethno-fascistes et suprémacistes ethniques, quoi que vous fassiez ou disiez, vous êtes d’abord voire uniquement:
– un BULU donc un partisan de Paul Biya et complice du génocide anglophone,
– ou un BAMILEKE donc un partisan de Maurice Kamto et complice d’un prétendu complot de déstabilisation ourdi contre l’Etat du Cameroun incarné naturellement par le “président-fondateur” Paul Biya.
Une vision binaire exagérément manichéenne de la société Camerounaise et de ses problèmes, qui est une véritable aubaine pour le pouvoir en place. Car elle clive le moindre débat et contribue à isoler puis éliminer définitivement de la scène publique toute alternative crédible et pacifique.
En effet, la plupart des Camerounais savent que nous ne vivons pas en démocratie.
Nous sommes peut-être tous des peureux à ce sujet, mais la pire chose à faire est de placer le pays en dernier, puis de mettre notre tribu, notre parti avant le pays. Ce serait trahir la mémoire des patriotes qui se sont précisément sacrifiés pour notre indépendance. Il faut toujours rappeler à ce égard que dans l’histoire camerounaise, il y a existe un modèle de politiciens qui ont réellement fait ce qui était conforme aux principes de l’intérêt général et toujours placé le pays en premier. Ils l’ont payé de leur vie.
C’est pour cela que le tribalisme est la malédiction maléfique qui obscurcit notre jugement. Ceci en raison du fait qu’un mauvais sort ou une malédiction semble parfois la seule explication raisonnable pour laquelle tant d’entre nous qui devraient savoir mieux sont tombés sous l’emprise des charlatans ou des gourous. Le genre de politiciens qui nous font croire que des traîtres (forcément d’une autre ethnie et/ou venus de l’étranger) seraient parmi et nous ont trahi la nation avec des étrangers extraterrestres à bord de leurs soucoupes volantes pour prendre le contrôle de notre pays et nous asservir.
Ajoutez à cela leur peur de la base zélée et idolâtre de Biya et de Kamto, et vous avez un pays aussi réticent à protester comme les nobles qui ignorent la nudité de leur roi dans « L’Empereur ne portait pas de vêtements ». C’est ainsi que tout un pays devient une filiale à part entière du régime de Yaoundé.
Cette brume épaisse de crédulité et d’ignorance volontaire et belliqueuse nous tuera tous si nous ne nous ressaisissons pas.
Aussi, en tant qu’organisation de défense des droits de l’Homme qui a passé beaucoup de temps à lutter pour la démocratie et des élections libres, transparentes et équitables, puis à fustiger les politiciens corrompus pour leurs excès – et, par extension, à pointer leurs partis pour avoir acquiescé à ces excès – L’objectif ici devrait être de constituer une coalition de taille en faveur de la réduction du pouvoir de l’exécutif omnipotent.
Il ne doit pas s’agir de prétendre que le problème est d’ordre personnel, mais davantage systémique, et qu’il peut donc être résolu (uniquement) par une seule élection vertueuse.
Joël Didier Engo, Président du CL2P et Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
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Vidéo:
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English version
Are we cursed?
The excessive tribalization of the political debate in Cameroon and within the diasporas
Despite the official speeches, the excessive tribalization of the political debate in Cameroon participates in the marginalization of all moderate voices by dismissing each Cameroonian national, despite his objective and republican positions – including the firm condemnation of the repressive system in force in this country – -only to its ethnic and tribal origin, reduced here to two large groups BULU or BAMILEKE, in a country which counts at least 250 tribes.
Indeed, for these ethno-fascists and ethnic supremacists, whatever you do or say, you are first or only:
– a BULU therefore a supporter of Paul Biya and accomplice of the English-speaking genocide,
– or a BAMILEKE therefore a supporter of Maurice Kamto and accomplice of an alleged destabilization plot hatched against the State of Cameroon embodied naturally by the “president-founder” Paul Biya.
An overly Manichean binary vision of Cameroonian society and its problems, which is a real boon for the government in power. Because it closes the slightest debate and contributes to isolate then definitively eliminate from the public scene any credible and peaceful alternative.
Indeed, most Cameroonians are aware that we do not live in a democracy.
We might be all chickenshit about it but the worst thing to do it is to put the country last, to put our tribe, our party before country. That would be betraying the memory of the patriots who sacrificed themselves for our independence. In Cameroonian history, they were the kind of politicians who actually did the principled thing and put country first.
Thus, tribalism is the evil curse that clouds our judgment. This is because, a spell or curse sometimes seems the only reasonable explanation for why so many of us who should know better, have fallen under the thrall of snake oil politicians. The kind of politicians that make us believe that traitors among us are dealing with aliens with flying saucers to take over our country and enslave us.
Add to that their fear of both Biya and Kamtos’ zealous and idolatrous base and you have a country as reluctant to protest as the noblemen who ignore their king’s nakedness in “The Emperor’s New Clothes.” This is how a country becomes a wholly owned subsidiary of the regime of Yaoundé.
This thick haze of credulity and willful, belligerent ignorance will kill us all.
Accordingly, as a human right organization which has spent a good deal of time fighting for democracy and free and fair election, and lambasting corrupt politicians for their excesses — and, by extension, lambasting their parties for acquiescing to those excesses — The aim here should be to build a sizable coalition in favor of reducing the power of the executive. It should not be to pretend that the problem is personal, rather than systemic, and that it can therefore be undone be a single virtuous election.
Joel Didier Engo, Président of the CL2P and Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P