“Nous avons peur parce que beaucoup sont morts” (Alice Eboka)
“Paul Biya fait la cour à la jeunesse de son pays.”
“Paul Biya s’est montré très humble hier soir.”
Ces propos, nous les avons entendus dans les rues de Douala ce mardi. Un journaliste de la radio gouvernementale a même ajouté au journal de 13 heures : “Être jeune au Cameroun, c’est répondre à l’appel du président”.
Bref, les commentaires vont bon train depuis le traditionnel discours présidentiel, prononcé ce 10 février et qui visait la jeunesse camerounaise.
Dans les deux régions anglophones en proie à la guerre civile, l’appel au cessez-le-feu de Paul Biya, lancé aux jeunes sécessionnistes, a soulevé de nouveaux espoirs de paix. Comme en témoigne Alice Eboka.
“Oui, nous plaçons toute notre confiance, notre foi en Dieu parce qu’il va rendre possible que la paix règne. Et nous ne pensons à rien de négatif, nous pensons aux choses positives qui devraient arriver à notre pays afin que chacun puisse rentrer chez lui. Surtout ceux qui sont en brousse, nous avons pitié d’eux à cause des combats. Nous avons peur parce que beaucoup sont morts. Beaucoup parmi eux ne connaissent même plus leur destination, ne savent même plus où leurs enfants se trouvent.”
Yaguel Marguerite, une autre jeune femme qui habite en zone anglophone, croit que la paix est encore possible dans le Cameroun anglophone.
“Je pense que nous devons tout faire pour que notre pays se relève parce que quand la situation sera meilleure, certains de ces gens retourneront chez eux. Je me sentirai libre avec mes propres enfants. Même maintenant, j’ai beaucoup de mal à prendre en charge mes enfants parce que je ne trouve pas de moyens.”
Le 11 février est célébré pour la 54e année consécutive la Fête de la jeunesse au Cameroun. C’est à cette occasion que le président de la République a décidé de s’adresser à la jeunesse.
Mais le 11 février rappelle aussi la perte d’une partie septentrionale du Cameroun qui s’était rattaché par référendum au Nigeria et le ralliement par référendum d’une partie méridionale, les actuelles régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, au reste du Cameroun, en 1961.