Désapprendre les Pratiques d’Élucubration à Yaoundé
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
La réponse du Prof. Jacques Fame Ndongo à ce qu’il considère comme des «élucubrations» du ministre d’État, Marafa Hamidou Yaya, a en réalité continué de nourrir les propres élucubrations du professeur et ministre d’État de l’enseignement supérieur du Cameroun, qui prend le lecteur en otage dans une querelle permanente d’élucubrations à Yaoundé.
En effet il y a tellement de mépris railleur et condescendant du Pr. Fame Ndongo dans son pamphlet indigeste servi au ministre Marafa, que j’ai eu l’impression de lire non pas une critique légitime, mais une satire politique particulièrement cynique avec une odeur désagréable voire nauséabonde d’intimidation. Le sous-texte de sa critique est cependant très clair: profitez de passer le reste de votre vie en prison et fermez votre gueule, donc, en fait, un texte de propagande totalitaire qui veut se faire passer pour une critique politique sérieuse et de haut vol.
N’oublions pas à ce sujet que c’est ce ministre d’État secrétaire à la communication du parti-État RDPC qui a inventé le mantra que les Camerounais ordinaires sont tous des «créatures de Biya» et ce n’est particulièrement pas ce qu’il aura fait de mieux, y compris cette fois-ci en infectant le discours politique quotidien avec un jargon vide et un embellissement injustifié du bilan désastreux du régime dictatorial de 38 ans et plus. Cette infection ressemble au nouveau coronavirus idéologique qui n’est absolument pas bon pour les humains.
À Yaoundé, les conneries ont ainsi l’habitude de dérouter même les cerveaux les plus sains.
Pas si drôle en effet quand on pense à tous les démagogues de pacotille qui dominent le discours politique dans le pays. Le grand défi ici est que le point de vue du ministre d’État Fame Ndongo est enraciné dans une culture politique du mensonge, dite « exemplaire» comme il le revendique, mais une culture politique dans laquelle chaque membre de haut niveau du parti unique, le RDPC, est un griot chantant les louanges imméritées du « Nnom guii » (le Chef des chefs) et, par conséquent, incapable de suivre un processus formel de critique responsable; une culture politique défaillante et abrutissante dans laquelle ils sont impliqués et enfermés depuis au moins quatre décennies.
Cela explique également pourquoi le mensonge sur le bilan du régime de Biya persiste. Car cela reflète une profonde insécurité et un malaise face à leurs positions extrêmement précaires. Donc, ils essayent de se faire comprendre aussi scientifiquement que possible, alors qu’en fait ils sont foncièrement non scientifiques, ce qui rend les “succès” qu’ils veulent revendiquer à n’être rien que du “bullshit”. Il n’y a vraiment pas besoin de le faire ni de s’en vanter à moins de considérer les “créatures” de Biya comme des imbéciles absolus qui ne pourront ou sauront jamais reconnaître les mensonges du régime quand ceux-ci les frappent pratiquement à la figure.
Cela devient encore plus obsédant et effrayant lorsque le ministre d’État Fame Ndongo, attribue à son gouvernement une liste de réalisations chimériques et fantasmagoriques, puis en arrive à qualifier le ministre d’État et prisonnier politique emblématique du régime de Yaoundé Marafa Hamidou Yaya « d’hypocrite », pour ne pas avoir quitté le gouvernement comme l’ont fait 3 de ses collègues dissidents (dont certains ont d’ailleurs également séjourné dans les geôles du dictateur). C’est juste une astuce reptilienne pour jouer sur notre instinct de survie claustrophobe avec l’injonction impérative de continuer à persévérer dans le bullshit malgré la déchirure de notre tissu social et la violence inouie éclatante qui est ainsi cyniquement minimisée.
Au final, un monde où une véritable intégrité n’est pas possible, et où le choix se réduit aujourd’hui entre un menteur et un bullshiter.
Un menteur sait qu’il raconte des bobards et il a donc l’intention et des motifs antérieurs. Il / elle dit un mensonge dans un but; généralement comme une arnaque ou pour sortir d’une situation épineuse. Le menteur a un but spécifique à son acte.
Un bullshitter s’enfout de la différence entre mensonge et vérité. Ce genre de personnes est généralement affecté par une forme de diarrhée verbale et intellectuelle. Ces gens ne s’intéressent pas aux mensonges ou à la vérité en tant que tels, ils inventent au fur et à mesure, généralement pour se mousser et sembler plus importants qu’ils ne le sont réellement.
Dans les deux cas de figures, seuls les idiots et les gens mal informés peuvent encore croire à ces gens qui sont purement machiavéliques et inhumains. Pas du tout des personnes comme nous.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
English version
Unlearning Practices of Elucubration in Yaoundé
The answer to Senior minister, Marafa Hamidou Yaya’s “elucubration” by another, State Minister, Jacques Fame Ndongo, added his own “elucubration” that take the reader hostage inside a war of elucubration in Yaoundé.
There is so much sneering and patronizing contempt in Pr. Fame Ndongo review of Marafa’s elucubration that I took the whole thing not as a legitimate critique but a cynical political satire with an unpleasant whiff of bullying. The subtext of his critic, however, is very clear: enjoy spending the rest of your life in prison and shut the fuck up, therefore, propaganda passing itself off as serious political critique.
The senior minister who coined the words that ordinary Cameroonians are all “Biya’s creatures,” did what he does best which is to infect everyday political discourse with empty jargon and unjustified credit for the regime’s disastrous record of 38 years and counting. This infection is like the new coronavirus in which is -not good for people.
In Yaoundé, bullshit baffles brains. Not so funny when you think about all the shysters who dominate the political discourse in the country. The great challenge here is that Senior minister’s Fame Ndongo’s perspective is rooted in an “exemplary” political culture in which every senior member of the one party-state, CPDM, is a griot singing the “Nnom guii’s” undeserved praises and, consequently, incapable to follow the formal process of critiquing the failed political culture they are involved in.
This also explain lying about the Biya’s regime record. This is because it reflects profound insecurity and unease about their shaky positions. So, they make themselves sound as scientific as possible, when in fact they are quite unscientific, making the subject-matter at hand fit whatever “success” they want to claim. There’s really no need to do that unless you consider Biya’s “creatures” to be total imbeciles that they won’t be able to recognize lies when they see them.
It becomes even more haunting and chilling when senior minister, Fame Ndongo, gets to credit his government of laundry list of achievements they do not deserve and labelled senior minister Marafa as a hypocrite for not quitting the government as 3 of his dissenting colleagues have done. This is just a reptilian trick to play on our claustrophobic survival instinct with the imperative injunction to carry on as he does despite the tear in our social fabric and the erupting violence that he is so minimizes.
In the end, a world where a real integrity is not possible and the only choice is between bullshiters and liars.
A liar knows he is telling tales and so he has the intention and prior motives. He / she tells a lie for a purpose; usually like a scam or to get out of a thorny situation. The liar has a specific purpose for his act. A bullshitter doesn’t care about the difference between lies and truth. These kinds of people are usually affected with some form of verbal diarrhea. These people are not interested in lies or the truth as such, they invent as they go along, usually to lather and seem more important than they really are.
In both cases, only idiots and misinformed folks get to believe in these people who are purely Machiavellian and transactional and not people like us.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P