Le point avant le procès
Au total, ils sont neuf à se présenter ce jeudi matin à la Cour d’appel du Centre avec pour objectif de faire annuler la peine d’emprisonnement à vie décidée contre eux. Arrêtés le 19 janvier 2018 au Nigeria puis extradés au Cameroun, Sissiku Ayuk Tabe, président de la république fantôme d’Ambazonie, et ses compagnons, sont accusés d’être les cerveaux des rebelles qui ont pris les armes pour réclamer l’indépendance du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, les deux régions en crise depuis trois ans.
3000 morts
Selon les ONG, la guerre civile dans ces deux régions aurait causé la mort de plus de 3.000 personnes et fait des milliers de déplacés. Les accusés qui se retrouvent aujourd’hui devant la Cour d’appel avaient été condamnés à la prison à vie ainsi qu’au versement d’une amende de plus de 260 milliards de francs CFA. Le jugement avait été prononcé par le tribunal militaire de Yaoundé, le 20 août 2019, à l’issue d’un procès durant lequel la défense n’avait pu procéder à aucun contre-interrogatoire. C’est pourquoi certains jugent très difficile d’espérer la libération en appel d’Ayuk Tabe et ses compagnons.
“Ce sera impossible, sauf un miracle, qu’à travers les tribunaux Ayuk Tabe puisse retrouver la liberté”, estime aujourd’hui Success Nkongho, un ex-combattant d’Ambazonie. “Je crois beaucoup à la grâce présidentielle. Mais si on attend que le tribunal agisse, c’est pratiquement impossible.” Il estime également que le conflit du Nord-Ouest et du Sud-Ouest connaîtra une accalmie si les leaders ambazoniens sont libérés. “90% des Ambazoniens croient en Ayuk Tabe. Etant un des anciens généraux, je crois à 100% que la liberté d’Ayuk Tabe va résoudre le problème anglophone. L’armée ambazonienne sait qu’elle n’aura pas l’indépendance.”
Difficulté juridique
Maître Christopher Ndong, avocat de Sissiku Ayuk, dit compter sur la détermination des accusés pour que justice soit faite. Cependant, une difficulté juridique pourrait résider dans la question de la compétence du tribunal puisque les leaders se présentent comme ayant la nationalité ambazonienne et comme s’étant réfugié au Nigeria avant leur arrestation. Le procès en appel qui s’ouvre ce jeudi risque de connaître encore de nombreux rebondissements.
Source : DW