Remettre le Puzzle en Place à Yaoundé
Une sagesse chinoise soutient que la crise est un autre mot qui signifie opportunité. En effet, l’épidémie de grippe de 1918 ainsi que la Seconde Guerre mondiale sont devenues l’occasion de construire l’État providence en Europe et ont conduit à l’indépendance des anciennes colonies dont le Cameroun.
D’un autre côté, la trêve précaire et l’illusion de stabilité de notre «démocratie apaisée» ont toujours reposé sur un brassage de magma mouvant et dangereux, alimentés par le programme d’ajustement structurel des années 80. La crise économique permanente qui en a résulté a conduit à l’ éviscération des services sociaux et des établissements de santé dont nous avons maintenant le plus grand besoin.
De plus, la guerre mondiale contre le terrorisme a conduit des régimes tyranniques, comme le régime de Yaoundé, à enfermer des opposants politiques légitimes ou des personnes perçues comme telles au nom de la lutte contre la corruption puis le terrorisme.
Cette crise comme opportunité s’accompagne également de la culture d’un ensemble particulier d’émotions partagées. En effet pour le régime de Yaoundé, les émotions partagées dominantes sont Après moi le Déluge. Le Nom Gui est ressuscité mais reste très silencieux. Son régime et lui ne semblent pas trop troublés par le COVID-19 et la grande pétrification en cours dans notre pays. Par contre, ils n’apprécient pas les appels insistants des Camerounais pour qu’ils prennent leur responsabilité au sérieux ; donc des appels qui sonnent pour eux comme des crimes de lèse-majesté à l’encontre du Nom Gui. Le but, en conséquence, est de s’accrocher au pouvoir, quoi qu’il arrive, un acte d’égoïsme stupide qui n’a aucun sens dans un pays entrain de s’écraser sur une falaise.
Dans le même temps l’opposition légitime croit par contre en une volonté populaire de sauver le pays, et fait appel aux meilleurs anges du peuple camerounais en termes de solidarité , de compassion et des mutualisations des ressources.
Voilà deux routes diamétralement opposées que notre pays peut emprunter, courir sur la falaise et s’écraser, ou s’arrêter à temps, retrousser nos manches et sauver notre pays du néant.
Le CL2P a compris dès le départ qu’il ne s’agit pas d’une question (de clivage) politique, mais force est de constater que le manque d’unité et de consensus politique aggrave la situation.
En tant que nation issue de la colonisation, nous n’avons jamais eu d’autre choix que de lutter pour l’égalité et la justice sociale. Pour certaines personnes, prétendre qu’elles ont un droit naturel au pouvoir a vie est simplement une folie, et une folie devenue hérétique quand on sait notamment que des personnes qui se sont battues pour une véritable indépendance sont mortes il y a longtemps.
Vu sous cet angle, ce n’est vraiment pas le moment pour les collaborateurs coloniaux et les fidèles serviteurs de la Françafrique de nous expliquer pourquoi ils ont droit au pouvoir aux dépens de nos vies, précipitant de la sorte le pays aux portes de l’enfer simplement pour des raisons égoïstes.
Aussi, le COVID 19 a clairement indiqué qu’il était temps pour nous de reprendre les morceaux éclatées de notre histoire et de reconstituer notre pays. Nos vies en dépendent et se laisser martyriser pour une clique de corrompus sans âmes est un péché encore plus impardonnable.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
English version
Putting the Puzzle Back Together
Chinese wisdom maintains that crisis is another word that means opportunity. Indeed, the 1918 flu epidemic and the Second World War became an opportunity to build the welfare state in Europe and led to the independence of former colonies, including Cameroon.
On the other hand, the precarious truce and the illusion of stability of our “peaceful democracy” have always rested on a mix of moving and dangerous magma fueled by the structural adjustment program of the 1980s, the permanent economic crisis which has resulted in the evisceration of social services and health facilities which we now badly need.
In addition, the world war on terrorism led tyrannical regimes, like the regime of Yaoundé, to lock up legitimate political opponents or people perceived as such in the name of the fight against terrorism.
This crisis as an opportunity is also accompanied by the culture of a particular set of shared emotions. For the Yaoundé regime, the dominant shared emotions are Après moi le Déluge.
Indeed, the Nom Gui is resurrected but remains very silent. He and his regime do not seem too disturbed by COVID 19 and the great petrification racing in our country.
On the other hand, they do not appreciate the shouting calls of Cameroonians to take their responsibility seriously therefore calls which sound like crimes of lese majesty against the Nom Gui. The goal, therefore, is to cling to power no matter what, an act of stupid selfishness that makes no sense in a country being crushed by a cliff.
Coming from the legitimate opposition, on the other hand, a desire to save the country, calling on the best angels of the Cameroonian people in terms of solidarity, compassion and pooling of resources.
These are two diametrically opposed roads that our country can take, run on the cliff and crash or stop in time, roll up our sleeves and save our country from nothing.The CL2P understood from the start that it was not a political question, but the lack of unity and political consensus worsened the situation.
As a colonized nation, we have never had any choice but to fight for equality and social justice. For some people, to claim that they have a natural right to power for life is simply foolish and heretical to know that people who fought for true independence died long ago.
Admittedly, this is not the time for colonial collaborators and loyal servants of Francafrique to explain to us why they are entitled to power at the expense of our lives by taking the country to the gates of hell simply for selfish reasons.
Thus, COVID 19 clearly indicated that it was time for us to take back the fragmented pieces of our history and to reconstitute our country. Our lives depend on it and martyring for a clique of corrupt without souls is an even more unforgivable sin.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P