Apatridie, Racisme et Ethnofascisme
Par Pr. Olivier J. Tchouaffe, Porte-parole du CL2P
Les images du meurtre Georges Floyd criant au secours alors qu’un policier blanc l’étouffait en maintenant son genou sur son cou ont envoyé un message brutal et effrayant des États-unis d’Amérique à travers le monde, illustrant de façon criarde que les noirs ont une forte probabilité d’être tués par la police que les autres Américains. Un de mes amis qui est afro-américain m’a dit qu’au moins j’ai eu de la chance parce que j’ai un pays d’origine où je peux retourner. Ce qu’il ne savait pas c’est que la condition d’apatride est réelle et universelle.
Le CL2P a reconnu trois formes d’apatridie.
1) insertion ou exclusion forcée
De nombreuses populations se retrouvent intégrées de force dans des pays où elles vivent mais n’ont ni appartenance politique ni pouvoir d’autodétermination. Cela peut s’appliquer aux Africains Américains aux États-Unis, aux Aborigènes en Australie ou aux Kanaks en Calédonie française. Ces personnes n’ont pas demandé à rejoindre ces pays mais ont été forcées. Cela inclut également les Ambazoniens au Cameroun qui estiment que leur intégration dans l’État camerounais était frauduleuse.
1b) Exclusion
De nombreux pays ne reconnaissent pas la nationalité octroyée par le droit du sol et passent du jus solis où la nationalité est acquise par la naissance dans un pays donné au jus sanguinis qui est une nationalité acquise par le droit du sang et de la généalogie basé sur l’ethnicité – donc les personnes qui ne sont pas issues de l’ethnie appropriée sont de facto des citoyens de seconde zone- Ce qui signifie que des populations comme les Rohingya en Birmanie ne sont pas reconnues comme citoyens de Birmanie parce que la Birmanie ne reconnaît pas le droit du sol. Ce genre d’apatridie s’applique aussi dans les territoires occupés de Palestine, au Sahara occidental et en Chypre du Nord.
Il y a aussi des pays où les femmes ne peuvent pas conférer la citoyenneté à leurs enfants.
De plus, un pays comme le Cameroun ne reconnaît pas la double nationalité. Ce qui signifie par déduction que si un Camerounais acquiert une autre nationalité, il devient de facto apatride dans son propre pays d’origine parce que l’État camerounais ne le reconnaît plus comme national. Cette dichotomie entre initiés et étrangers, nationaux et diaspora structure les modes de création de la citoyenneté et d’intervention en politique dans des pays comme le Cameroun.
2) Camps de concentration et incarcérations de masse
Le système pénitentiaire est un moyen pour de nombreux pays de priver de leurs droits un large segment de leur population et de les déchoir de leurs droits civiques, et parfois de leur nationalité. Le CL2P est très conscient de ces pratiques cyniques et de la violence du despotisme juridique généré ainsi par l’interprétation restrictive du droit comme outil d’exclusion. Aussi, le CL2P milite activement pour la liberté des prisonniers politiques parce que nous comprenons le lien entre la citoyenneté et l’apatridie, puis le pouvoir du despotisme légal de faire disparaître des personnalités redoutées par les tyrans à travers l’arme de l’apatridie couplée à la mauvaise foi et à l’ethnofascisme.
3) L’esclavage contemporain
Ce sont des gens qui n’ont pas de documents appropriés et sont donc vulnérables à l’exploitation pour leur travail ; le cas de nombreux migrants clandestins.
Dans l’agrégat, être apatride affecte la jouissance de tous les droits que la plupart d’entre nous tiennent pour acquis, par exemple le droit au travail, le droit de vote, le droit aux prestations sociales ou simplement au bien-être ouvrant notamment la possibilité aux enfants d’être scolarisés. Il empêche les gens de se déplacer et augmente leurs chances d’arrestation ou de détention arbitraire sans recours adéquats. Bref, cela marginalise et fait que les gens se sentent sans valeur, sans perspective d’amélioration de leur condition, sans espoir d’un avenir meilleur pour eux-mêmes ou leurs enfants.
Toutes ces formes d’apatridie démontrent à suffisance que les gens ordinaires doivent tenir leurs États responsables. Les États doivent fonctionner en veillant à la représentativité de toute leur diversité sociologique, en assurant la protection des minorités, en ouvrant suffisamment de zones ou espaces de délibérations citoyennes et en promouvant des conditions sociales idéales pour les populations.
Pr. Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
Statelessness, Racism and Ethofascism
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, CL2P spokesman
The images of Georges Floyd’s Death crying for help as a policeman pressed his knee to his neck sent an brutal and frightening message around the world.
A friend of mine who is African American told me that at least I was lucky because I have a country of origin to return to. What he did not know was that the condition of stateless person is real and universal.
The CL2P has recognized three modes of statelessness.
1) forced insertion or exclusion
Many populations find themselves forcibly integrated into countries where they live but have no political affiliation or power of self-determination. This can apply to Native Americans in the United States, Aborigines in Australia or Kanaks in French Caledonia. These people did not ask to join these countries but were forced to do so.
It also includes Ambazonia in Cameroon who claims that their integration into the Cameroonian state was fraudulent.
1b) Exclusion
Many countries do not recognize citizenship of the right of the soil and move from jus solis (right of birth) to jus sanguinis (right of blood based on ethnicity-which means that people who do not have the right ethnicity are de facto stateless), which means that populations like the Rohingya in Burma are not recognized as citizens of Burma. That kind of statelessness is also in effect in occupied territories of Palestine, Western Sahara and Northern Cypurs.
There are also countries where women cannot confer citizenship to their children
In addition, a country like Cameroon does not recognize dual nationality, which means that if a Cameroonian acquires another nationality, he becomes de facto stateless in his own country of origin because the Cameroonian state no longer recognizes him as national.
This dichotomy between initiates and foreigners, nationals and the diaspora structures the modes of creation of citizenship and politics in countries like Cameroon.
2) Concentration camps and mass incarceration
The prison system is a means for many countries to deprive a large segment of their population of their rights and to strip them of their nationality. The CL2P is very aware of these cynical practices and of the violence of legal despotism and their language of law as a tool for exclusion. Thus, the CL2P actively campaigns for the freedom of political prisoners because we understand the link between citizenship and statelessness and the power of legal despotism to remove personalities feared by tyrants by the bad faith of the ethnofascist.
3) Contemporary slavery
These are people who do not have proper documents and are vulnerable to exploitation for their work.
In the aggregate, statelessness affects the enjoyment of all the rights that most of us take for granted, for example the right to work, the right to vote, the right to social benefits or well-being and the children’s right to education.
It prevents people from moving and increases their chances of arbitrary arrest or detention without adequate recourse.
In short, it marginalizes and makes people feel worthless, without the prospect of improving their situation, without hope of a better future for themselves or their children.
All of these forms of statelessness therefore demonstrate that ordinary people must hold their states accountable. States must function to represent the diversity of the State, open areas of deliberation and ensure social conditions of life.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, CL2P spokesman